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Vu Thành An ambitionne de développer au mieux la pratique de l’escrime sportive au Vietnam. |
Photo : CTV/CVN |
Situé au dernier étage d’un immeuble rue Câu Dât, le club Vietnam Royal Fencing est devenu un véritable foyer pour nourrir la passion de tous ceux qui souhaitent s’initier à ce sport encore peu répandu dans le pays, à l’image de son fondateur Vu Thành An, né en 1992.
Les médailles glanées au cours de sa carrière d’athlète de haut niveau sont soigneusement exposées sur des étagères. Masques, vestes électriques et fleurets alignés avec rigueur confèrent à l’espace une atmosphère unique, plongeant instantanément les visiteurs dans l’univers de l’escrime.
Des vocations naissantes
“Je voulais créer un espace où quiconque, même sans être athlète professionnel, puisse s’entraîner et progresser dans ce sport. Comme en Europe, où il est possible de concilier travail, loisir sportif et performance. Je souhaite découvrir ces talents cachés, en dehors du circuit traditionnel”, confie Vu Thành An.
Depuis son ouverture en 2024, le club attire un public varié, de tous âges. Enfants comme adultes s’essaient à cette discipline souvent jugée “lointaine”. Le club a même eu le plaisir d’accueillir des membres de l’équipe nationale d’escrime de Malaisie pour des échanges et des stages.
Aujourd’hui, la majorité des adhérents sont de jeunes enfants. Les méthodes d’entraînement ont donc été adaptées : l’accent est mis sur les fondamentaux - condition physique, réflexes, patience et esprit de compétition - plutôt que sur la technique avancée.
“Les enfants ne peuvent pas assimiler immédiatement les compétences avancées. J’insiste donc d’abord sur la persévérance, la détermination et le plaisir de pratiquer l’escrime. Ils grandiront étape par étape”, explique An.
Pour Nguyên Thanh Vân, entraîneur et compagnon de route de Thành An au sein du club, “dans un environnement professionnel, les entraîneurs sont rares, mais pour développer l’escrime amateur, il faut des passionnés, des personnes expérimentées prêtes à transmettre leur amour du sport. J’ai eu la chance de rencontrer Thành An, quelqu’un qui veut vraiment bâtir une communauté d’escrimeurs”.
Thu Trang, une jeune élève, raconte : “J’ai découvert l’escrime grâce à une série coréenne. J’ai eu envie d’essayer et maintenant j’adore, car cela me permet de travailler à la fois mon corps et mon esprit”.
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Vu Thành An donne des instructions à San Anh lors d’une compétition internationale du club. |
Photo : CTV/CVN |
San Anh, l’un des plus grands espoirs du club, déclare avec enthousiasme : “À l’école, peu d’élèves pratiquent l’escrime. J’ai voulu tenter l’expérience. Mon rêve : devenir une grande escrimeuse”.
Déjà, les premiers membres du club participent à des compétitions. Beaucoup d’enfants sont venus par curiosité, mais s’investissent désormais avec une passion grandissante.
Hà Huy Giang, parent d’un jeune adhérent, témoigne : “Depuis qu’il pratique l’escrime, mon enfant a de meilleurs réflexes, une meilleure condition physique et il est aussi plus discipliné grâce à l’apprentissage des techniques et de la rigueur à l’entraînement”.
Détecter et former les champions de demain
Le rêve de Vu Thành An ne se limite pas à l’ouverture d’un club amateur. Il espère que, grâce à ce terrain d’entraînement, des talents émergeront pour être accompagnés vers le haut niveau, voire pour dépasser son propre parcours.
“J’aimerais que naissent ici des athlètes capables d’égaler ou même de surpasser mes propres résultats. C’est le but ultime de la création de ce club”, confie-t-il.
Après la finale des Championnats nationaux 2025 de fleuret, organisés récemment à Hai Phong, l’escrimeur Vu Thành An a confié : “J’ai toujours une immense passion pour l’escrime. Ce sport est ma carrière, il m’est donc très difficile de m’en éloigner”.
Longtemps invaincu dans l’épreuve individuelle masculine de sabre au Vietnam, Vu Thành An avait toutefois perdu son statut de numéro un lors des éditions 2023 et 2024.
Cette année, le tireur explique avoir travaillé avec rigueur sur la préparation technique et nourri une volonté de fer de retrouver son meilleur niveau : “En finale individuelle, j’ai abordé le match avec calme, sans me permettre la moindre erreur. Chaque touche décisive m’a conduit vers la victoire et ce titre. Je pense que c’est sans doute l’une des médailles d’or les plus émouvantes de ma carrière”, a-t-il partagé.
Sportif souvent mis en lumière par les médias vietnamiens pour son parcours et ses performances, Vu Thành An insiste pourtant : il se considère avant tout comme un athlète animé par le désir de voir l’escrime se développer et gagner en visibilité dans son pays. C’est dans cet esprit qu’il s’efforce d’apprendre tout ce qui touche à cette discipline : de l’organisation d’un tournoi à la formation technique, en passant par la promotion auprès des communautés sportives.
“L’escrime est un sport très particulier”, observe-t-il. “On l’appelle souvent le sport des aristocrates, mais je constate que dans plusieurs pays d’Asie du Sud-Est comme la Thaïlande, la Malaisie, Singapour ou encore les Philippines, la discipline se développe bien. Cela m’enthousiasme et me motive à œuvrer pour que l’escrime ait sa place et se diffuse davantage au Vietnam”.
Quiconque aborde avec lui le sujet de l’escrime se retrouve rapidement plongé dans des détails techniques précis : de la construction d’une arme jusqu’à la composition de l’équipement de protection.
Pour lui, cette curiosité et cette passion inépuisable sont un moteur essentiel : “Pour moi, l’escrime ne se réduit pas à la seule technique du combat. Il y a tout un univers autour. C’est pourquoi j’accumule sans cesse de nouvelles connaissances, que ce soit dans les livres ou à travers l’expérience concrète”, souligne-t-il.
La popularisation de l’escrime reste un long chemin jalonné d’obstacles, mais grâce à la détermination de Vu Thành An, un nouvel horizon s’ouvre. Qui sait, parmi les jeunes qui s’entraînent aujourd’hui au Vietnam Royal Fencing, naîtra peut-être le prochain grand nom de l’escrime vietnamienne.
Phuong Nga/CVN