>> Hanoï, carrefour mondial de la coopération numérique
>> L’ONU agit pour sécuriser le cyberespace des enfants
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| La délégation vietnamienne à la 34e session de la Commission pour la prévention du crime et la justice pénale (CCPCJ 34), en Autriche, en avril 2025. |
| Photo : BNG/CVN |
Alors que le monde entre dans une ère numérique, les menaces issues du cyberespace ne sont plus la seule préoccupation d’un pays. Le fait que le Vietnam accueille la cérémonie d’ouverture à la signature de la Convention des Nations unies contre la cybercriminalité (Convention de Hanoï) constitue une démarche concrète visant à “affirmer sa position, démontrer sa responsabilité” et à promouvoir les initiatives du gouvernement vietnamien en matière de cybersécurité. Cet événement ouvre également la voie à de nouvelles opportunités pour attirer les investissements internationaux dans ce secteur stratégique - pilier de l’industrie de la sécurité et élément vital du processus de transformation numérique nationale.
Menaces croissantes et pertes économiques
Selon le Département de la cybersécurité, de la prévention et de la lutte contre la criminalité de haute technologie relevant du ministère de la Police, plus de 100.000 affaires liées à la cybercriminalité ont été recensées au Vietnam en 2024. Ces attaques ont visé des organismes publics, des entreprises et des individus. Les formes d’attaques les plus courantes incluent la diffusion de logiciels malveillants, les attaques par déni de service (DDoS), les intrusions dans les systèmes d’entreprise, l’escroquerie en ligne et le chantage aux données.
Rien qu’en matière de rançongiciels (ransomware), quelque 29.000 cas ont été enregistrés, causant de lourdes pertes à de nombreux organes, entreprises et organisations financières. Les experts estiment que le Vietnam figure parmi les dix pays d’Asie les plus gravement touchés par la cybercriminalité.
La Convention de Hanoï n’est pas seulement un accord international, elle constitue aussi un rappel de la responsabilité de chaque nation dans la protection d’un environnement numérique sûr, transparent et digne de confiance.
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| Exercice de cybersécurité dans le secteur financier et bancaire, organisé par le Département de la sécurité de l’information en octobre 2024 à Hanoï. |
| Photo : VNA/CVN |
Fort de sa volonté politique, de l’engagement de ses organes compétents et de l’accompagnement de la communauté, le Vietnam dispose des conditions nécessaires non seulement pour signer, mais aussi pour mettre en œuvre efficacement cette convention, contribuant ainsi à bâtir un cyberespace plus sûr pour les habitants et les entreprises à l’ère numérique.
La cybercriminalité au Vietnam illustre la diversité croissante des méthodes et des cibles d’attaque. Si, autrefois, les cas se limitaient à des escroqueries sur les réseaux sociaux ou à la prise de contrôle de comptes personnels, on observe aujourd’hui des campagnes coordonnées, à dimension transnationale et utilisant des technologies sophistiquées.
Plus de 1.100 cyberattaques par mois
Le rapport du Centre national de supervision de la cybersécurité (NCSC) indique qu’en 2023, les organisations vietnamiennes ont subi environ 13.900 cyberattaques - soit en moyenne plus de 1.100 attaques par mois -, ce qui représente une hausse de 9,5% par rapport à l’année précédente.
En fait, la situation de la cybercriminalité au Vietnam évolue de manière extrêmement complexe, causant des dommages considérables. Les conséquences des cyberattaques ne se limitent pas aux pertes économiques, mais affectent directement la confiance des citoyens dans l’espace numérique.
Selon le ministère de la Police, rien qu’en 2023, environ 1.500 affaires d’escroquerie en ligne ont été poursuivies, avec des pertes estimées entre 8.000 et 10.000 milliards de dôngs.
En 2024, le ministère de la Police a continué d’alerter sur la tendance à la forte augmentation des pertes dues aux escroqueries en ligne. De nombreuses affaires ne se sont pas déroulées uniquement sur le territoire national, mais ont également impliqué des groupes criminels étrangers, qui utilisent des technologies d’anonymisation, des crypto-monnaies et un réseau de comptes bancaires intermédiaires pour le blanchiment d’argent. Plusieurs cas ont été démantelés, comme le réseau d’escroquerie se faisant passer pour des banques, la police et des organismes publics, impliquant des centaines de milliards de dôngs à Hanoï, Hô Chi Minh-Ville et Dà Nang ; ou encore l’attaque du système de données d’une grande plateforme de commerce électronique, entraînant la fuite de millions d’informations d’utilisateurs.
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| Au Centre opérationnel de cybersécurité (SOC) de la province de Hung Yên (Nord). |
| Photo : VNA/CVN |
Selon le dernier rapport de l’Association nationale de la cybersécurité (Rapport d’enquête sur la cybersécurité 2024), sur environ 220 utilisateurs de smartphones, une personne est victime d’escroquerie en ligne. Les dommages estimés pour l’année 2024 se sont élevés à 18.900 milliards de dôngs (soit l’équivalent de 740 millions de dollars). Par exemple, rien qu’à Hô Chi Minh-Ville, au cours des neuf premiers mois de 2024, la Police de la ville a traité 461 affaires d’escroquerie sur le cyberespace, avec des pertes financières totales d’environ 982 milliards de dôngs.
En particulier, la cybercriminalité ne cesse de “changer de forme” avec des scénarios d’escroquerie de plus en plus sophistiqués. Les experts estiment que les enfants et les adolescents sont le groupe le plus vulnérable aux formes de séduction, d’escroquerie, de manipulation et d’”enlèvement” via le cyberespace.
Dans ce contexte, l’adoption et la préparation de la mise en œuvre de la Convention de Hanoï revêtent une signification particulièrement importante. Il s’agit du premier instrument juridique mondial des Nations unies visant à renforcer la coopération internationale dans l’enquête, la poursuite et la prévention de la cybercriminalité. Pour le Vietnam, la Convention de Hanoï n’offre pas seulement une opportunité de partager des données, des preuves électroniques et des expériences d’enquête avec d’autres pays, elle crée également les conditions pour harmoniser le système juridique national selon les normes internationales.
Défis à relever pour une mise en œuvre efficace
Cependant, pour mettre en œuvre efficacement la convention, le Vietnam doit relever de nombreux défis. Premièrement, c’est la question de l’incorporation, c’est-à-dire l’intégration des règlements de la Convention dans le droit national. Bien que le Vietnam ait promulgué la Loi sur la cybersécurité de 2018, le Décret N°53, la Loi sur les transactions électroniques (modifiée) de 2023 et les règlementations concernant du Code pénal, certaines clauses ne sont pas encore suffisamment détaillées pour répondre aux exigences de la coopération internationale. Par exemple, la collecte, la conservation et la reconnaissance de la preuve électronique dans les enquêtes sur la criminalité transfrontalière manquent de procédures standard. Les organes compétents rencontrent toujours des difficultés lorsqu’elles demandent une assistance juridique aux plateformes et aux fournisseurs de services étrangers.
Deuxièmement, il s’agit du problème de la capacité technique et humaine. La cybercriminalité utilise de plus en plus la haute technologie tandis que les forces d’enquête et d’expertise numérique du Vietnam sont encore en cours de perfectionnement. De nombreuses localités ne disposent pas d’équipements spécialisés suffisants pour analyser, récupérer des données ou identifier la source des attaques. De plus, la vitesse de développement de l’intelligence artificielle (IA), de l’Internet des objets (IoT) et du cloud computing ouvre de nouveaux espaces d’attaque, demandant une compétence de surveillance et de réaction rapide qui dépasse les capacités traditionnelles.
Hormis le cadre juridique, la question de la coordination public-privé est également un facteur clé. Les entreprises technologiques, les banques et les fournisseurs de services réseau sont des “passerelles” importantes pour la détection et la prévention de la cybercriminalité. Actuellement, le mécanisme de coopération entre les secteurs public et privé reste fragmenté, manquant de réglementations spécifiques sur le partage d’informations, la réponse aux incidents et la sécurité des données. De nombreuses affaires ne sont traitées qu’une fois les conséquences survenues, au lieu d’une prévention précoce.
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| De nombreux sites web usurpent les services publics et trompent les utilisateurs. |
| Photo : VGP/CVN |
D’un point de vue international, la mise en œuvre de la Convention de Hanoï aidera le Vietnam à être plus proactif dans la coopération en matière d’enquête et de traçage des crimes transfrontaliers, tout en rehaussant le prestige et la position du pays dans l’effort mondial de lutte contre la cybercriminalité. C’est également une opportunité pour le Vietnam d’accéder à l’assistance technique, à la formation spécialisée et au transfert de technologie des organisations internationales. Toutefois, cette opportunité n’aura un sens réel que si elle est traduite en actions concrètes dans le système juridique, dans les mécanismes d’enquête et de poursuite, ainsi que dans la conscience communautaire.
Perfectionner le système juridique
Dans les temps à venir, les experts estiment que le Vietnam doit donner la priorité à l’achèvement de son système juridique en vue d’une harmonisation avec les normes internationales, au renforcement des capacités des agences spécialisées, et à l’élaboration d’une stratégie de communication et d’éducation communautaire sur la cybersécurité. Chaque citoyen et entreprise doit devenir le “premier bouclier” dans le cyberespace, sachant se protéger contre les escroqueries, les intrusions et les vols de données de plus en plus sophistiqués.
Selon le général de brigade Lê Xuân Minh, directeur du Département de la cybersécurité et de la prévention et du contrôle de la criminalité de haute technologie relevant du ministère de la Police, après la signature de la Convention de Hanoï, le Vietnam révisera ses systèmes juridiques concernés afin de se préparer à la ratifier dans les meilleurs délais.
| Le Courrier du Vietnam N°44 : Cérémonie d'ouverture à la signature de la Convention de Hanoï. |
Les mesures clés comprennent la modification de la Loi sur la cybersécurité (fusion avec la Loi sur la sécurité de l’information en réseau) ; le perfectionnement du système juridique relatif à la procédure pénale pour mettre en œuvre des aspects tels que l’échange d’informations criminelles, le transfert de données, l’extradition des criminels et le recouvrement des avoirs criminels. En particulier, le Vietnam établira un mécanisme de coordination 24/7 conformément aux exigences de la convention.
Nguyên Thành/CVN





