Hanoï, carrefour mondial de la coopération numérique

Le Vietnam s’affirme comme un acteur clé de la gouvernance numérique mondiale en organisant la cérémonie de signature de la Convention de Hanoï sur la prévention et la lutte contre la cybercriminalité.

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La cybercriminalité évolue de manière complexe.
Photo : CTV/CVN

Les 25 et 26 octobre, la capitale vietnamienne accueillera la cérémonie de signature de la Convention des Nations unies sur la prévention et la lutte contre la cybercriminalité, plus connue sous le nom de “Convention de Hanoï”. Il s’agit du premier traité mondial des Nations unies consacré à ce domaine depuis plus de vingt ans, après la Convention de Budapest de 2001.

Rôle de pont de confiance du Vietnam

Le Dr. Vu Viêt Anh. Photo : VNA/CVN

Selon le Dr. Vu Viêt Anh, chercheur au Centre de recherche sur la cybercriminalité de l’Université de Cambridge (Royaume-Uni), le choix de Hanoï traduit “la confiance et la reconnaissance de la communauté internationale envers le Vietnam”, un acteur constructif de la gouvernance mondiale du cyberespace.

Depuis l’entrée en vigueur de la Loi sur la cybersécurité en 2019, le Vietnam a bâti un cadre juridique complet sur la sécurité numérique, la protection des données personnelles et la coopération transfrontalière. Cette dynamique lui a valu d’être désigné pour accueillir un événement historique, illustrant son rôle de “pont de confiance” entre pays développés et émergents.

Le Vietnam ne se contente plus de participer, il contribue désormais à façonner les normes internationales”, souligne le chercheur, estimant que la convention marque un jalon majeur, aligné sur la Résolution N°57 du Politburo du Parti communiste du Vietnam, datée du 22 décembre 2024, relative à la promotion de la science, de la technologie, de l’innovation et de la transformation numérique.

Le Dr. Vu Viêt Anh observe que la cybercriminalité évolue plus vite que les capacités de réaction des États. Le ransomware - logiciel de rançon - est devenu une menace majeure. L’attaque de juin 2024 contre le National Health Service (NHS - système de la santé publique du Royaume-Uni) a paralysé plus de 10.000 consultations médicales et causé la mort d’un patient.

Face à ces menaces, le Royaume-Uni mise sur une Stratégie nationale de cybersécurité 2022-2030, fondée sur la coopération internationale et le partenariat public-privé. L’Agence nationale contre la criminalité (NCA) collabore étroitement avec le FBI, Interpol et plusieurs universités pour démanteler les réseaux de cyberattaques. “La cybersécurité n’est plus un enjeu technique mais une question de sécurité nationale et de confiance sociale”, insiste le chercheur.

Pour le Royaume-Uni comme pour le Vietnam, l’enjeu central reste l’équilibre entre sécurité et protection de la vie privée. Toute mesure de surveillance doit s’accompagner de garanties solides, sans compromettre la liberté individuelle.

Création d’un mécanisme de coordination

Le Pr. Pham Duc Son. Photo : VNA/CVN

En Australie, le Pr. Pham Duc Son, président de l’IEEE Western Australia et membre de l’Association des scientifiques Vietnam - Australie (VASEA), souligne la portée mondiale de cette convention. Selon lui, “le cyberespace n’a pas de frontières”. Ainsi, seule “une coopération globale” peut répondre aux menaces en constante mutation.

Les pertes économiques liées aux attaques numériques ont dépassé 1.000 milliards de dollars l’année dernière. L’essor de l’intelligence artificielle a accéléré la “professionnalisation” des cybercriminels, qui opèrent désormais comme de véritables entreprises.

La Convention de Hanoï va créer un mécanisme de coordination 24h/24 et 7j/7 entre États, indispensable pour répondre aux menaces émergentes”, souligne M. Son. Il considère le choix du Vietnam comme une reconnaissance internationale : “C’est un pays fiable, neutre et toujours attaché à la voie de la paix, du dialogue et de la coopération”.

Coopération judiciaire entre États

L’expert indien Sudhanshu Mittal. Photo : VNA/CVN

En Inde, Sudhanshu Mittal, directeur des solutions techniques de la Nasscom, salue le Vietnam comme “un point lumineux” dans la gouvernance mondiale du cyberespace. Selon lui, la Convention de Hanoï favorisera l’harmonisation des législations nationales et renforcera la coopération judiciaire entre États.

L’Inde, pionnière en matière de résilience numérique, s’appuie sur des institutions telles que le CERT-In, le Centre de protection des infrastructures critiques (NCIIPC) et la Loi sur la protection des données numériques (DPDP 2023).

M. Mittal souligne que le choix du Vietnam comme pays hôte reflète sa contribution active à l’élaboration du texte et son cadre juridique solide. Classé parmi les 20 premières nations mondiales en cybersécurité selon l’indice GCI 2024, le Vietnam illustre la convergence entre confiance, compétence et responsabilité dans l’espace numérique.

Convention de Hanoï, un jalon historique

Article publié dans Crésus - hebdomadaire économique algérien en langue française - le 19 octobre 2025.
Photo : Capture d'écran

À des milliers de kilomètres, la presse algérienne partage le même constat, estimant que Hanoï devient le centre diplomatique mondial en accueillant une centaine de pays signataires. Dès 2022, l’Algérie et le Vietnam avaient défendu les principes de souveraineté nationale et d’équilibre entre sécurité et liberté, intégrés dans la version finale de la convention.

En Afrique, où la cybercriminalité représente déjà 30% des affaires pénales déclarées, l’Algérie - qui considère la cybersécurité comme un pilier de sa souveraineté numérique - a activement contribué à l’élaboration du texte, notamment sur la protection des infrastructures critiques et la coopération judiciaire, affirmant ainsi sa volonté de devenir un partenaire responsable de la gouvernance du cyberespace sur le continent.

L’Algérie voit dans la désignation de Hanoï un signal fort : le Vietnam devient un centre de dialogue international promouvant la confiance et la transparence dans la gouvernance numérique.

Selon la directrice exécutive de l’ONU contre la drogue et le crime, Ghada Waly, “cette convention est un jalon historique ouvrant la voie à une coopération sans précédent”.

Synthèse de Diêu Thuy/CVN

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