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| La représentante en chef de l’UNICEF au Vietnam, Silvia Danailov. |
| Photo : UNICEF/CVN |
À l’occasion de la cérémonie d’ouverture de la signature de la Convention des Nations unies sur la cybercriminalité, tenue les 25 et 26 octobre à Hanoï, Silvia Danailov, représentante en chef du Fonds des Nations unies pour l’enfance (UNICEF) au Vietnam, s’est exprimée sur les dispositions majeures de ce texte, qui visent à renforcer la protection des enfants dans l’espace numérique.
Un accord historique
Mme Danailov, s’exprimant en tant que représentante de l’UNICEF et en tant que mère, a fait part de sa vive inquiétude face aux défis et aux risques inhérents à l’univers numérique pour les enfants, tout en reconnaissant les opportunités qu’il génère.
Elle a qualifié cet instrument international d’accord mondial décisif. Il s’agit du tout premier traité universel parvenant à mobiliser les nations dans une action concertée contre la cybercriminalité. Il se distingue notamment par l’intégration de clauses substantielles en faveur de la sécurité des mineurs.
Abordant les infractions ciblant les enfants, Mme Danailov a souligné que la convention criminalise des actes particulièrement graves, tels que l’exploitation et les agressions sexuelles, le racolage en ligne à des fins sexuelles (“online grooming”), ou la diffusion d’images intimes sans consentement.
Le texte innove en incriminant spécifiquement la production, la diffusion et la détention de “matériel pédosexuel” (Child Sexual Abuse Material), remplaçant l’expression obsolète de “contenu pédopornographique” - une avancée terminologique significative reflétant mieux la nature de l’abus.
La convention attaque égale-ment à la sollicitation et à la manipulation en ligne (“grooming”), incriminant ces agissements même en l’absence de toute interaction physique. De même, la diffusion de clichés sensibles sans l’accord de la personne mineure constitue désormais une infraction grave, reconnue comme une forme de violence sexuelle par l’image.
La représentante de l’UNICEF a insisté sur le fait que cet accord ne fait pas qu’énoncer des normes ; il encourage activement la coopération multilatérale, l’échange d’informations et l’amélioration de la reddition de comptes au-delà des frontières. Elle a souligné la fierté légitime du Vietnam d’accueillir la cérémonie d’ouverture à la signature, un geste qui témoigne de son engagement.
Par ailleurs, les entreprises technologiques sont appelées à démontrer un niveau d’engagement comparable pour endiguer l’exploitation et les abus dont les enfants sont victimes sur leurs plateformes. Protéger les enfants est une obligation collective. La Convention de Hanoï consolide ces efforts de sauvegarde, représentant une progression majeure vers un environnement numérique plus sécurisé.
Signification et optimisation
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| Des élèves de l’École maternelle Hoa Ban à Lào Cai participant à un cours numérique grâce au soutien de l’UNICEF. |
| Photo : UNICEF/CVN |
Mme Danailov a relevé que le numérique est désormais omniprésent, ouvrant une kyrielle de possibilités tout en recelant des menaces graves comme les violations de la vie privée, le harcèlement en ligne et l’exploitation sexuelle.
La Convention de Hanoï arrive donc à un moment stratégique. Elle fournit un fondement juridique partagé, permettant aux États de réformer leurs lois et d’intensifier la coopération internationale.
Le but est triple : prévenir les dommages, sanctionner les auteurs et sauvegarder les droits des enfants. Cet accord parachève et renforce les instruments existants, à l’image de la Convention relative aux droits de l’enfant (CIDE), et adresse un message sans équivoque : “Les enfants doivent être protégés, en ligne comme hors ligne”.
La cérémonie d’ouverture à la signature à Hanoï illustre le rôle moteur et la volonté affirmée du Vietnam de bâtir un environnement numérique sécurisé. Cependant, des efforts substantiels demeurent nécessaires en matière de perfectionnement législatif, de consolidation institutionnelle et de renforcement des mécanismes de coopération mondiale.
Afin d’optimiser la protection de l’enfance, Mme Danailov a identifié trois mesures fondamentales : l’éducation et l’autonomisation des mineurs constituent le premier pilier. Les enfants sont au centre de la solution ; il est indispensable qu’ils acquièrent les connaissances et les compétences numériques nécessaires pour se protéger. Les adultes ont un rôle d’orientation et d’accompagnement. En cas de comportement préjudiciable de l’enfant, la réaction doit privilégier le conseil, le soutien et la modification du comportement, plutôt que se limiter à la sanction.
Le deuxième axe est l’implication accrue du secteur privé. Il incombe aux entreprises technologiques de prendre l’initiative de classifier, détecter, filtrer et retirer activement les documents pédosexuels, tout en s’engageant à concevoir des environnements virtuels sécurisés dès la conception.
Enfin, le troisième pilier porte sur le renforcement des systèmes nationaux de protection de l’enfance. Une coordination fluide est requise au plan national, impliquant les institutions étatiques, le secteur privé et les organismes de la société civile. Le système éducatif doit être le fer de lance de l’intégration des contenus de cybersécurité, former les enseignants et collaborer étroitement avec les réseaux de protection sociale et judiciaire pour fournir aux victimes l’assistance nécessaire et adaptée à leur âge.
Mme Danailov se dit persuadée qu’une mise en œuvre de la Convention de Hanoï qui soit coordonnée, sensible aux questions de genre et résolument axée sur l’enfant permettra de bâtir un espace numérique où chaque enfant est protégé, écouté et habilité à s’épanouir pleinement.
Huong Linh/CVN




