Un projet novateur pour renforcer la prise en charge de la santé mentale au Vietnam

Le pays s'engage activement en faveur de la santé mentale, en particulier celle des enfants et adolescents. Depuis neuf ans, un projet de supervision en psychologie est mené avec succès grâce à une collaboration étroite entre le ministère vietnamien de la Santé et Wallonie-Bruxelles.

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Deux psychologues belges Sophie Brasseur et Déborah Vierendeels (1er plan, au centre) participant au projet de supervision en santé mentale au Vietnam. 
Photo : NVCC/CVN

Le projet “Pratiques de la supervision clinique et pédagogique pour psychologues et profes-sionnels de la santé mentale au Vietnam” vise à renforcer leurs compétences tout en développant un réseau de soins de meilleure qualité et plus accessible.

Contexte et objectifs

Malgré les efforts consentis, le Vietnam reste confronté à des défis importants en matière de santé mentale.

Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), entre 15% et 30% de la population souffrirait de troubles tels que dépression, anxiété ou syndrome de stress post-traumatique. Les enfants et les adolescents constituent une tranche particulièrement vulnérable.

D’après une enquête nationale sur la santé mentale des adolescents, un sur cinq est confronté à ce problème, mais seuls 8,4% d’entre eux ont accès aux services de soutien ou de conseil nécessaires pour faire face à leurs troubles émotionnels et comportementaux. Le nombre de psychiatres exerçant au Vietnam est insuffisant, représentant l’un des pourcentages les plus faibles de la région d’Asie du Sud-Est.

Face à cette situation, le gouvernement vietnamien a reconnu la nécessité d’améliorer les services de santé mentale et a entrepris des actions pour les intégrer aux soins de santé de première ligne.

C’est dans ce cadre qu’il y a neuf ans, le projet de partenariat entre Wallonie-Bruxelles et le ministère vietnamien de la Santé a vu le jour. Il vise un double objectif : améliorer la qualité des soins en renforçant les compétences des psychologues grâce aux pratiques innovantes de la supervision clinique et pédagogique, tout en instaurant un cadre de travail durable et efficace pour les professionnels de la santé mentale au Vietnam.

Concrètement, les partenaires belges s’y rendent deux fois par an pour soutenir les équipes locales en proposant différentes interventions. Ils réalisent, par exemple, des suivis d’équipe pour tous les acteurs de terrain de l’Hôpital national de pédiatrie à Hanoï, notamment au Département de pédopsychiatrie et de psychiatrie des adolescents.

Le projet vise à améliorer la qualité des soins en renforçant les compétences des psychologues.
Photo : NVCC/CVN

Lors de ces séances d’accompagnement, les psychologues vietnamiens présentent des cas cliniques complexes, qui sont ensuite analysés en concertation. Ces rencontres sont également accessibles aux futurs professionnels dans le cadre de leur formation au sein des facultés de psychologie des Universités des sciences sociales et humaines de Hanoï et de Hô Chi Minh-Ville, ainsi qu’à l’Académie nationale de gestion de l’éducation (NAEM) à Hanoï.

Des outils nouveaux sont aussi introduits à travers des conférences, permettant d’équiper les participants de bilans affectifs, cognitifs et psychomoteurs. Une sensibilisation aux approches psychocorporelles pour les enfants ou des ateliers d’art-thérapie, en tant que moyen d’expression, sont également proposés aux adolescents hospitalisés. Les thématiques de ces réunions sont toujours discutées en amont avec les équipes locales afin de répondre au mieux aux besoins du terrain.

Des expertes belges intervenantes

La psychologue Sophie Brasseur, enseignante à la Haute École Léonard de Vinci (HE Vinci) de Bruxelles, raconte qu’elle a pu, lors de ses dernières missions, partager son expérience sur plusieurs sujets, choisis au préalable avec les équipes vietnamiennes. Elle a notamment présenté une conférence sur les compétences émotionnelles, thématique sur laquelle elle a beaucoup travaillé en Belgique.

Développer les compétences émo-tionnelles, concept issu de l’approche cognitivo-comportementale, constitue un atout majeur, car cela permet d’exploiter ses expériences et émotions vécues pour avoir confiance en soi et mieux gérer le stress”, indique-t-elle.

L’experte belge insiste aussi sur l’importance de la supervision : “Cette démarche est toujours intéressante pour essayer d’estimer si ce que l’on met en place fonctionne ou non”. Elle se réjouit de l’évolution des échanges autour de ces pratiques : “Les professionnels vietnamiens semblent trouver de plus en plus de sens aux supervisions. Ils sont désireux de partager les situations cliniques problématiques et mieux outillés pour les discussions de cas”.

Les rencontres sont également accessibles aux futurs professionnels dans le cadre de leur formation au sein de facultés de psychologie. 
Photo : NVCC/CVN

De son côté, Déborah Vierendeels, assistante en psychologie, superviseuse et formatrice au sein du Service de formation continue de la HE Vinci, apporte son éclairage sur la création au Vietnam d’un programme de supervision adapté.

Selon elle, celui-ci constitue un espace de réflexion et de construction collective, où les professionnels peuvent développer pleinement leur potentiel. “La supervision, c’est un moment où l’on peut réfléchir et élaborer ensemble sans prise de décision immédiate... C’est vraiment un programme qui soutient l’équipe en valorisant toutes ses compétences et connaissances à travers des questionnements et des discussions”, explique-t-elle.

Elle apprécie l’attention particulière portée par le Vietnam à la santé mentale des jeunes : “Ce que j’ai particulièrement appris, et constate encore aujourd’hui, c’est que votre pays est très soucieuxde la santé mentale des adolescents”.

Déborah Vierendeels a été, entre 2003 et 2020, coordinatrice au sein d’une maison d’accueil pour les enfants de 0 à 6 ans issus de familles en difficulté. Forte de son expérience, elle a pu mesurer l’immense besoin d’accompagnement psychologi-que et plaide pour une approche préventive ainsi qu’un soutien accru aux familles, en insistant sur l’importance de sensibiliser à la prise en charge des tout-petits.

Une vision d'avenir

Le projet de supervision en psychologie incarne une vision d’avenir pour la santé mentale. Axé sur la formation, l’échange de savoir-faire et la collaboration, il promet de transformer durablement l’approche de la psychologie dans le pays. L’espoir est grand de voir les professionnels vietnamiens s’approprier pleinement ces prati-ques et en faire un véritable succès.

Après neuf ans de mise en œuvre, le projet a permis à l’Hôpital national de pédiatrie de former des psychologues selon les normes internationales et d’établir une unité de psychologie clinique répondant aux standards, intégrée au réseau de soins de santé mentale au service des enfants.

À l’occasion de sa visite au Vietnam, le ministre-président de la Fédération Wallonie-Bruxelles, Pierre-Yves Jeholet, s’est rendu le 17 octobre 2022 à l’Hôpital national de pédiatrie à Hanoï. Ce déplacement, inscrit dans le cadre des célébrations des 25 ans de présence de la Délégation générale Wallonie-Bruxelles au Vietnam (1996-2021) et des 50 ans de relations diplomatiques entre le Vietnam et la Belgique (1973-2023), témoigne de l’importance accordée à la coopération bilatérale dans le domaine de la santé.

Mai Quynh/CVN

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