Hô Chi Minh-Ville
Revitalisation et développement durable de la mangrove de Cân Gio

Située au sud de Hô Chi Minh-Ville, la mangrove de Cân Gio, façonnée par les alluvions des rivières Sài Gon et Dông Nai, constitue un écosystème unique. Classée première Réserve de biosphère du Vietnam par l’UNESCO en 2000, elle joue un rôle écologique essentiel. Restaurée, elle figure parmi les plus vastes et les mieux préservées d’Asie du Sud-Est, contribuant à la lutte contre le changement climatique et au développement local.

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La forêt de mangrove de Cân Gio est devenue la première réserve de biosphère du Vietnam reconnue par l'UNESCO en 2000.
Photo : VNA/CVN

Autrefois luxuriante, la mangrove de Cân Gio a été dévastée pendant la guerre, transformée en un paysage stérile sous l’effet de millions de litres de produits chimiques toxiques et d’intenses bombardements. L’écosystème, autrefois riche en faune et en flore, avait pratiquement disparu.

Conscientes de son importance environnementale, les autorités ont lancé un ambitieux programme de reboisement en 1978. Grâce aux efforts conjoints des autorités, des scientifiques et des habitants, la mangrove a été progressivement restaurée. Aujourd’hui, elle s’étend sur plus de 34.800 hectares et abrite environ 1.800 espèces, dont 320 végétales spécifiques aux forêts de mangrove, ainsi qu’une grande diversité de mammifères, de reptiles, d’amphibiens et d’organismes aquatiques.

Patrouille fluviale de surveillance de la forêt.
Photo : VNA/CVN

Le docteur Huỳnh Duc Hoàn, directeur adjoint de la Réserve de biosphère, souligne l’importance de cet écosystème en tant que "puits de carbone vert", essentiel à la régulation climatique et à la lutte contre les effets du changement climatique.

Au fil des années, la forêt a été sauvée grâce aux efforts conjugués des autorités, des scientifiques et des habitants, les "trois piliers" de cette résurrection écologique. Parmi eux, des familles entières consacrent leur vie à la préservation de cet écosystème unique.

Nguyên Thị Loan et Nguyên Van Loi, issus de la deuxième génération de gardiens de la mangrove, illustrent cette dévotion. Ils surveillent quotidiennement 80 hectares de forêt, signalant toute activité suspecte ou tout signe de détérioration de la végétation.

"Nous sommes les gardiens du poumon vert de la ville. Nous jouons un rôle essentiel dans la protection de l’environnement ", confie Nguyên Thi Loan avec fierté.

Phan Thi Oanh, originaire de la province de Thanh Hoa (Centre) a elle aussi trouvé sa vocation dans la préservation de la forêt. Après avoir suivi son mari à Cân Gio, elle s’est adaptée à la vie au milieu des mangroves et gère aujourd’hui 79 hectares de forêt avec sa famille. "C’est un travail difficile, mais j’aime la forêt et je suis fière de contribuer à sa protection", explique-t-elle.

Outre sa biodiversité exceptionnelle, la forêt joue un rôle clé, elle protège les côtes contre l’érosion, absorbe d’importantes quantités de dioxyde de carbone, contribue à la régulation thermique et limite la montée des eaux marines.

Un engagement pour l’avenir

Face aux défis posés par le réchauffement climatique et l’urbanisation croissante, la protection de la mangrove de Cân Gio est une priorité absolue. Le comité de gestion travaille en étroite collaboration avec les chercheurs pour développer des solutions innovantes, telles que la diversification des espèces végétales et la promotion de la biodiversité multi-strates.

Par ailleurs, des études approfondies sont en cours pour évaluer les services écosystémiques de la forêt, notamment son rôle dans la régulation du climat, la séquestration du carbone et la préservation des ressources halieutiques.

Grâce à ces efforts, la mangrove de Cân Gio demeure un exemple remarquable de résilience écologique, un modèle de reforestation et un rempart naturel face aux changements environnementaux. Plus qu’un patrimoine naturel, elle incarne l’engagement du Vietnam dans la préservation de ses richesses écologiques pour les générations futures.

Un tourisme écologique en plein essor

Cân Gio se positionne comme une destination phare de l’écotourisme au Vietnam. Son développement repose sur une approche durable alliant conservation de l’environnement et valorisation du patrimoine culturel local.

Une vue de l'îlot de Thiêng Liêng.
Photo : VNA/CVN

Le district regorge de sites écotouristiques attrayants, des forêts de mangroves aux plages préservées, en passant par des vestiges historiques et culturels riches. Parmi les initiatives récentes illustrant cette dynamique, le tourisme communautaire à Thiêng Liêng, dans la commune insulaire de Thanh An, incarne un modèle de développement durable.

Ce petit hameau insulaire séduit les visiteurs par son atmosphère paisible et son paysage verdoyant, où la simplicité rustique se mêle à la beauté brute de la nature. Les touristes sont émerveillés par les étendues de marais salants s’étirant à perte de vue, les sentiers bordés de maisons fleuries et les vastes prairies rosées qui s’illuminent au coucher du soleil.

Dans ce cadre authentique, 24 points d’arrêt jalonnent le circuit touristique, chacun offrant une expérience ancrée dans le quotidien des habitants : le point de vue pittoresque "Nông Nàn Thiêng Liêng", la "Maison du sel", le sommet de Giông Chùa, le sanctuaire Miêu Bà Ngu Hành dédié aux vœux, ainsi que plusieurs haltes gastronomiques et artisanales. Parmi elles, la maison de Tu Huỳnh, où résonne la musique traditionnelle, celle de Hai Loan, spécialisée dans les gâteaux locaux, ou encore celle de Muoi Gia, proposant boissons fraîches et hébergement en homestay.

Développement du tourisme communautaire

Selon Nguyên Van Yên, chef du hameau Thiêng Liêng, cette commune insulaire abrite 243 foyers et 904 habitants, vivant principalement de l’exploitation des ressources maritimes et forestières : production de sel, pêche, aquaculture, notamment l’élevage des huîtres. Grâce au soutien des autorités locales, un projet pilote de tourisme communautaire a vu le jour il y a deux ans. Les résidents, d’abord hésitants, ont progressivement pris conscience qu’un tourisme responsable, intégré à leur mode de vie, pouvait générer des revenus tout en préservant l’écosystème fragile des mangroves et de l’embouchure fluviale.


Le principal défi pour Thiêng Liêng reste son isolement géographique, l’accès n’étant possible que par voie maritime. Pourtant, cette contrainte est devenue un atout, attirant les visiteurs en quête d’évasion et de découverte d’un mode de vie insulaire authentique. L’objectif est désormais de mettre en avant les singularités culturelles et naturelles de l’île en développant des circuits immersifs et en promouvant les spécialités locales, afin d’affirmer davantage l’identité touristique de Thiêng Liêng.

Cette orientation s’inscrit dans la vision globale du district de Cân Gio, où l’essor du tourisme écologique repose sur la richesse des mangroves restaurées et la diversité des activités proposées : visite de la Réserve de biosphère de la mangrove, excursion dans la forêt de Dân Xây, observation des oiseaux et des chauves-souris à Vàm Sat, ou encore découverte de l’île aux singes et du quotidien des gardiens de la forêt.

D’après Vo Huu Thang, vice-président du Comité populaire du district de Cân Gio, l’essor du tourisme a considérablement contribué à l’économie locale. En 2024, le district a accueilli près de 4,4 millions de visiteurs, générant un chiffre d’affaires d’environ 3.500 milliards de dôngs, soit une hausse de plus de 23% par rapport à 2023.

Ce développement profite directement aux populations locales en créant des emplois et en renforçant l’économie régionale à travers la gestion forestière, la pêche et les services touristiques.

Investissements stratégiques

La mise en œuvre de ces ambitions repose sur des actions concrètes. Le Comité du Parti de Hô Chi Minh-Ville a adopté une résolution visant à orienter le développement de Cân Gio vers une ville côtière intelligente et écologique d’ici 2030.

La route Rung Sac enjambe la rivière Dân Xây et traversant la forêt de mangrove de Cân Gio.
Photo : VNA/CVN

La stratégie repose sur un développement durable, favorisant l’écotourisme en lien avec la réserve de biosphère de la mangrove, le tourisme expérientiel et ainsi que le tourisme communautaire, notamment sur l’île de Thiêng Liêng.

Par ailleurs, le port de transbordement international de Cân Gio, approuvé par le gouvernement en janvier 2025, constitue un projet majeur. Situé sur l’îlot de Gò Công Chò, il s’étendra sur plus de 7km et pourra accueillir des porte-conteneurs géants de 250.000 DWT (24.000 EVP). D’un coût total de 5,45 milliards de dollars, il sera construit en sept phases, avec une première mise en service prévue en 2027 et une finalisation complète en 2045. Une fois pleinement opérationnel, il devrait générer entre 34.000 et 40.000 milliards de dôngs de revenus annuels et offrir de 6.000 à 8.000 emplois directs, sans compter les milliers d’emplois dans la logistique et les services connexes.

Vers la neutralité carbone d’ici 2035

Hô Chi Minh-Ville ambitionne de faire de Cân Gio la première localité vietnamienne à atteindre l’objectif de "zéro émission nette" (Net Zero) d’ici 2035.

Une vue panoramique de la commune de Cân Thanh dans le district de Cân Gio.

La forêt Cân Gio est également un candidat idéal pour être reconnu comme une zone humide d'importance internationale (site Ramsar), renforçant ainsi son rôle dans la préservation des écosystèmes marins et côtiers. L’application des nouvelles technologies dans la lutte contre l’érosion côtière, la montée des eaux et l’intrusion saline constituera un levier clé pour faire face aux défis du changement climatique.

En parallèle, les autorités locales mettent en place des incitations fiscales et des politiques attractives afin d’encourager les scientifiques, les entreprises et la communauté locale à s’impliquer activement dans la gestion et la conservation de la mangrove.

Cân Gio est en passe de devenir un modèle de développement équilibré, conciliant préservation de la biodiversité et croissance économique.
Photo : VNA/CVN

Le projet du port international a suscité des préoccupations environnementales, notamment concernant l’impact sur une partie de la forêt de mangrove. Toutefois, une étude d’impact environnemental a conclu que ces effets pouvaient être compensés par des mesures de reforestation et des compensations écologiques. De plus, plus de 10% de la superficie du projet sera consacrée aux espaces verts afin de préserver l’écosystème.

En adoptant une stratégie de croissance verte et durable, Cân Gio est en passe de devenir un modèle de développement équilibré, conciliant préservation de la biodiversité et croissance économique. Avec une approche bien pensée et des investissements appropriés, cette localité pourrait non seulement contribuer à la prospérité de Hô Chi Minh-Ville et du Vietnam, mais aussi servir d’exemple en matière de ville intelligente et résiliente face aux défis climatiques.

Une stratégie de développement durable de Cân Gio pour 2050

* Établir un centre économique maritime moderne et innovant à l’échelle nationale et régionale.

* Transformer Cân Gio en une destination touristique côtière dynamique et unique, en développant des attractions locales durables et en renforçant les connexions avec d’autres sites touristiques.

* Exploiter ses atouts naturels pour en faire une oasis urbaine verte, où la qualité de vie et la protection de l’environnement sont prioritaires.

* Construire un modèle de ville durable et exemplaire pour l’avenir.

Thao Nguyên/CVN

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