>> Vun Art : donner la vie aux chutes de soie
>> Maison Chance : 30 ans au service des personnes vulnérables
>> Le Vietnam accorde toujours une attention particulière aux personnes handicapées
>> Consultation médicale et distribution gratuite de médicaments pour plus de 3.500 personnes
![]() |
Numéro artistique au club. |
Photo : TT/CVN |
Un dimanche matin, à 08h30. Une bruine persistante n’a pas découragé les membres du club “Littérature et art pour les enfants handicapés de Hanoï”. L’atmosphère était chargée d’affection. Dès leur arrivée, les enfants se sont précipités pour embrasser “maman” Phúc, surnom affectueux, et les autres enseignants.
Dans la maison communautaire du quartier X1, nichée au fond d’une ruelle de la rue Hoàng Ngoc Phach, arrondissement de Dông Da, à Hanoï, les chants et les instruments de musique ont résonné, ouvrant peu à peu le cœur des participants.
Un groupe s’est levé pour danser, tandis qu’un autre se tenait par la main, se balançant au rythme de la musique. Une matinée emplie de joie s’est ainsi écoulée.
À la fin des années 1980, alors qu’elle travaillait au Théâtre de la Jeunesse, Mme Phuc a été bouleversée par le spectacle d’enfants handicapés vendant journaux et pains, chantant pour gagner leur vie. Profondément touchée par leurs regards innocents, captivés par le théâtre, et leur joie à l’annonce de spectacles gratuits, elle a ressenti le besoin impérieux de leur apporter un peu de réconfort face à la dureté de leur quotidien.
Nombreux sont les enfants qui rêvent d’art, mais que la lutte quotidienne pour la vie prive des joies de leur âge et de la possibilité de s’épanouir à travers des activités artistiques.
Plus tard, en travaillant auprès des enfants, Mme Phuc a eu une idée lumineuse : créer des ateliers artistiques pour apporter réconfort et encouragement à ceux qui en ont le plus besoin.
Compassion et dévouement
“J’ai réuni huit jeunes artistes et comédiens, ainsi que des bénévoles retraités, pour animer le club. Ils enseignent la musique et la danse. Voir les enfants rire, plaisanter, danser et chanter avec enthousiasme me remplit d’une joie immense. J’ai une envie folle de les serrer dans mes bras”, confie l’octogénaire.
“Chaque semaine, environ 35 membres, âgés de 10 à 30 ans et souffrant de handicaps ou de troubles psychologiques, se retrouvent au club. Certains y participent depuis une décennie, avec toujours la même passion”, ajoute-t-elle.
Lors des ateliers artistiques, la fondatrice du club et les autres animateurs conçoivent méticuleusement les plans de cours et sélectionnent des chansons et des danses sur les thèmes de l’amour de la Patrie, des parents et de la piété filiale.
Enseigner l’art à des personnes valides peut s’avérer complexe, mais l’enseigner à des personnes en situation de handicap exige une patience, un dévouement et un amour considérables.
Après de nombreuses années passées à enseigner le chant et la danse aux enfants du club, Nguyên Thi Thanh Hông, 66 ans, résidente de l’arrondissement de Thanh Xuân, à Hanoï considère ses élèves comme ses propres enfants.
“Il y a des danses et des chansons que je leur enseigne des dizaines de fois, mais ils oublient vite. C’est pourquoi je prends le temps de leur inculquer patiemment chaque chanson, chaque mouvement, et de les réviser avec eux chaque semaine, chaque mois”, raconte Mme Hông. “Je suis fière lorsqu’ils participent à des concours artistiques et qu’ils remportent des prix. Les voir s’intégrer avec joie et spontanéité dans la classe, attendre avec impatience les dimanches et embrasser leurs professeurs avec une affection débordante, me réchauffe le cœur et me donne l’élan nécessaire pour poursuivre ce chemin avec eux”, partage-t-elle.
Après 20 ans d’enseignement passionné du chant et des instruments de musique au club, les sentiments de Vu Thi Ta pour les enfants restent inchangés.
“Je suis profondément heureuse de les accompagner et de leur transmettre mon savoir. Au début, ils étaient timides, mais après une période de familiarisation et d’échanges, je les ai aidés à s’ouvrir et ils progressent désormais très bien, exprime l’enseignante Ta. La musique est une clé qui ouvre les âmes. Elle nous permet de nous connecter et de nous rapprocher les uns des autres. J’ai la chance de pouvoir utiliser mon piano et ma voix pour aider ces enfants à compenser, dans une certaine mesure, leurs handicaps”.
Après 30 ans, Phan Thi Phuc et les autres animateurs du club leur ont également transmis des compétences professionnelles telles que le tricot et la couture, la photographie, le dessin, la fabrication d’encens, la confection de fleurs en papier et la réparation d’appareils électriques.
Les formations professionnelles ont connu un réel succès, offrant à de nombreux jeunes en situation de handicap la possibilité de trouver un emploi et de générer un revenu complémentaire.
Formation professionnelle
![]() |
Membres du club posant pour une photo de groupe. |
Photo : TT/CVN |
Mme Phuc est fière de parler de ces élèves qui, après avoir suivi les formations professionnelles, ont obtenu des emplois stables dans des ateliers. Nombreux sont ceux qui ont poursuivi leur apprentissage et perfectionné leurs compétences, ou qui sont retournés dans leur ville natale pour ouvrir de petits ateliers de couture ou de réparation d’appareils électriques. Ils peuvent désormais subvenir à leurs besoins et à ceux de leur famille. “J’aime ces enfants. Je veux simplement soulager leurs souffrances, leur donner la force de mener une vie heureuse et normale”, déclare Mme Phuc.
Trân Tu Thanh, une participante du club, témoigne : “Dès que je franchis la porte du club, je ressens l’amour, l’attention et la bienveillance de chacun. C’est un environnement merveilleux qui permet aux personnes en situation de handicap de s’épanouir et de se préparer à une vie ordinaire”.
Trente ans se sont écoulés depuis la création du club, mais l’ardeur de Phan Thi Phuc et des enseignantes demeure intacte. Elles continuent avec passion à écrire ce chapitre de leur vie, à cultiver l’âme de ces êtres “moins chanceux”.
Hông Phuong - Huong Linh/CVN