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Aline Rebeaud raconte son histoire à la célébration du 30e anniversaire de son ONG humanitaire Maison Chance, à la résidence de l’ambassadeur suisse au Vietnam, Thomas Gass (droite). |
Photo : Hông Anh/CVN |
La cérémonie a rassemblé des représentants d’organisations, d’associations, d’entreprises et de corps diplomatiques, venus célébrer et retracer les trois décennies de parcours de Maison Chance. Aline Rebeaud a profité de l’occasion pour évoquer les débuts de cette aventure humaine extraordinaire. Elle a raconté comment, jeune peintre suisse, elle avait initialement prévu un court séjour au Vietnam, qui s’est transformé en une décision de rester définitivement pour aider les personnes défavorisées de la mégapole du Sud.
"Je suis née en Suisse. À 21 ans, j’ai voyagé un peu à travers le monde. J’ai posé le pied dans plusieurs pays avant de m’arrêter au Vietnam, qui n’était alors qu’une destination parmi d’autres dans ma liste de voyages", a-t-elle confié. Elle a ensuite décrit "la chance" qui l’a conduite dans ce pays en forme de lettre S. Une rencontre bouleversante avec un garçon gravement malade, croisé par hasard dans un hôpital psychiatrique, a changé le cours de sa vie. "À cette époque-là, j’ai tout fait pour soigner cet enfant jusqu’à ce qu’il guérisse", a-t-elle poursuivi.
Cette expérience l’a menée à prendre une décision audacieuse : rester au Vietnam pour soutenir Thanh, l’enfant qu’elle avait sauvé, et étendre son aide à d’autres enfants des rues. Ainsi a commencé une aventure riche en émotions, marquée par un engagement profond aux côtés des personnes les plus vulnérables.
Photo : Maison Chance/CVN |
Aujourd’hui, Maison Chance continue de croître, s’imposant comme un véritable havre de paix pour les enfants défavorisés, les personnes en situation de handicap et ceux abandonnés par leurs proches. L’association se compose de trois unités à Hô Chi Minh-Ville : le Foyer (hébergement), le Centre Envol (formation professionnelle), et le Village Chance (école primaire et appartements adaptés aux personnes handicapées). Elle s’est également étendue avec un nouveau Centre social dans la province de Dak Nông, située sur les hauts plateaux du Centre.
Les participants à la cérémonie ont témoigné d’un profond respect pour la fondatrice de Maison Chance. L’ambassadeur suisse au Vietnam, Thomas Gass, a exprimé son admiration et sa fierté pour les contributions inestimables d’Aline Rebeaud au cours des 30 dernières années. "Aline Rebeaud est extraordinaire. Elle dépasse les frontières, elle est Suisse, et nous en sommes fiers. Mais elle est aussi Vietnamienne, une citoyenne du monde qui s’investit pour les autres", a déclaré le diplomate, ému. Il a conclu en soulignant qu’Aline Rebeaud reste "un personnage vraiment spécial et une source d’inspiration pour nous tous".
En effet, Aline Rebeaud est l’une des rares étrangères à avoir obtenu la nationalité vietnamienne, un honneur qui récompense ses innombrables sacrifices et son dévouement sans relâche durant ces trois décennies.
Dô Xuân Nguyên, un handicapé ayant reçu le soutien de Maison Chance dès les premiers jours de sa fondation. Photo : Hông Anh/CVN |
"C’est dieu qui m’a offert cette rencontre avec Aline"
Lors de ce rendez-vous, les invités ont eu l’opportunité de rencontrer des personnes dont la vie "a été sauvée par cette femme au cœur d’or". Dô Xuân Nguyên, l’un d’entre eux, se souvient avec émotion du jour où il a appris qu’il ne pourrait plus marcher, à la suite d’un accident de travail survenu alors qu’il n’avait que 19 ans. "À ce moment-là, j’ai eu du mal à accepter que j’étais paralysé. C’était extrêmement difficile de faire face à cette réalité. J’ai traversé la période la plus sombre de ma vie", a-t-il confié, en ajoutant que "dans les années 1990, les personnes handicapées avaient beaucoup de mal à s’intégrer dans la société, surtout celles issues de familles pauvres comme la mienne".
"Mais le destin m’a conduit à rencontrer Aline, encore très jeune à cette époque. Elle m’a emmené à Maison Chance, qui n’était alors qu’un modeste hébergement. Là-bas, Aline nous a offert un foyer chaleureux. Nous avons suivi des formations professionnelles et avons appris un métier qui nous a permis de gagner notre vie", a-t-il poursuivi. Le quinquagénaire n’a pas caché sa profonde reconnaissance envers Aline, qui l’a aidé à surmonter les moments les plus sombres de son existence. "C’est ici, à Maison Chance, que j’ai trouvé un nouveau départ. J’y ai rencontré ma femme, et nous avons eu deux enfants", a-t-il raconté, les larmes aux yeux, en désignant sa fille, Thu Ngân, également présente à la cérémonie.
Dô Xuân Nguyên et sa fille, interprète une chanson en honneur de Tim Aline Rebeaud. |
Photo : Hông Anh/CVN |
Le père et la fille ont offert aux invités une performance simple mais chargée d’émotion. Accompagné de sa guitare, tandis que Thu Ngân jouait du mélodica, Dô Xuân Nguyên a interprété Tim - la fille vietnamienne, une chanson rendant hommage à Aline Rebeaud.
"Je sais gré à Maman Tim"
Lors de la cérémonie, un jeune homme restait constamment aux côtés d’Aline. Il prenait des photos, présentait les projets de Maison Chance et effectuait parfois des traductions en français. Il s’agit de Trân Tât Cuong, 37 ans, un ancien garçon des rues qu’Aline a recueilli et adopté il y a plus de vingt ans. "Issu d’une famille très pauvre de la province de Thanh Hoa, j’ai quitté ma terre natale pour chercher à gagner ma vie à Saïgon. Mais là-bas, j’ai dû subir des violences incessantes de mes employeurs. J’ai fini par fuir et par vivre dans les rues de Saïgon", a-t-il raconté en se remémorant son enfance difficile. "Un jour, par hasard, alors que je parcourais les rues pour mendier auprès de touristes étrangers, j’ai croisé une dame étrange. Elle m’a demandé si je souhaitais un toit, de la nourriture et aller à l’école. Ce fut ma première rencontre avec Aline. Une rencontre qui a transformé ma vie", s’est-il exclamé avec enthousiasme.
À Maison Chance, il a trouvé un foyer, des amis, des frères et des sœurs, mais surtout, il a découvert un avenir prometteur. "J’ai suivi des cours de marketing et d’informatique. J’ai également appris le français. Une fois diplômé, j’ai travaillé dans diverses entreprises en marketing. Mais ces dernières années, j’ai voulu revenir à Maison Chance pour soutenir Maman Tim", a-t-il confié. "Je suis éternellement reconnaissant envers Maman Tim. Maison Chance s’est développée au fil des années, tandis que Maman a vieilli. Il est temps pour moi de rendre la pareille à la personne et au foyer qui m’ont offert cette vie merveilleuse".
Une invitée admire la peinture intitulée "Vivre en paix" de Nguyên Hông Phong venu de Maison Chance. |
Photo : Hông Anh/CVN |
Tât Cuong, Xuân Nguyên, et bien d’autres encore, ont pu retrouver un chemin plus heureux grâce à la générosité et au charisme d’Aline Rebeaud, surnommée affectueusement "Maman Tim". En reconnaissance de son dévouement et de ses contributions exceptionnelles en faveur des personnes défavorisées du Vietnam, elle a été décorée de l’Ordre du Travail de 3e classe par le président du pays en 2011.
Hông Anh/CVN