>> Règles d'origine : le Vietnam réaffirme son engagement envers l'OMC
>> Le Vietnam muscle sa lutte contre la fraude sur l’origine des exportations
>> Renforcement du contrôle de l’origine pour préserver la crédibilité des exportations
>> Les entreprises exhortées à prouver leur conformité aux exigences américaines
![]() |
Les douaniers renforcent les contrôles pour lutter contre la fraude à l’origine des marchandises. |
Photo : DT/CVN |
Le projet de décret détaillant la mise en œuvre de la Loi sur le commerce extérieur en matière d'origine des marchandises introduit des définitions et critères inédits tels que "marchandises sans changement d’origine", "documents d’origine adossés", ou encore "matériaux interchangeables".
Selon Nguyên Anh Son, directeur du Département des importations et exportations, ces mesures visent à renforcer la transparence et la cohérence dans la détermination de l’origine, tout en prévenant les risques de sanctions commerciales ou d’enquêtes pour fraude de la part des pays importateurs.
Le ministère exhorte les associations professionnelles et les entreprises exportatrices à contrôler rigoureusement l’origine des matières premières, et à respecter les règles d’origine des accords de libre-échange (ALE), sous peine de nuire aux intérêts commerciaux vietnamiens.
Ce futur décret répond non seulement à un besoin de gestion étatique, mais constitue aussi un levier pour protéger les consommateurs, rehausser la compétitivité des produits vietnamiens, et lutter contre la contrefaçon d’origine.
Un enjeu d’image nationale
Les Douanes ont signalé de nombreux cas de marchandises fabriquées à l’étranger, mais faussement étiquetées "Made in Vietnam" dès leur entrée dans le pays : emballages, garanties, marquages ou informations commerciales sont ainsi manipulés pour tromper le consommateur ou contourner les droits de douane.
![]() |
Dans le port de Cat Lai, à Hô Chi Minh-Ville. |
Photo : VNA/CVN |
Historiquement, les pratiques de transit frauduleux vers l’Union européenne sont récurrentes depuis les années 2000 (vélos, oxyde de zinc, briquets, chaussures en cuir...).
Avec un volume d’échanges proche de 800 milliards de dollars en 2024, le Vietnam figure parmi les 20 premières puissances commerciales mondiales. Mais cette expansion s’accompagne de risques accrus en matière d’origine frauduleuse. Déjà, fin juin 2025, pour des mesures de défense commerciale visaient les exportations vietnamiennes, notamment vers les États-Unis (76 cas).
C’est pourquoi le gouvernement multiplie les efforts pour freiner les abus et éviter que le Vietnam ne soit utilisé comme plaque tournante de réexportation illicite.
Le Département des importations et exportations est chargé de coordonner les vérifications d’origine, de coopérer avec les douanes, et de veiller au respect des critères d’hygiène, de qualité et de traçabilité exigés par les pays importateurs.
Une réponse multisectorielle
Lors du récent forum de promotion commerciale vers les États-Unis, Dô Ngoc Hung, conseiller commercial à Washington, a souligné que l’origine des marchandises est un point particulièrement sensible pour les autorités américaines. Il recommande aux entreprises de renforcer la tenue et la conservation de leurs dossiers techniques.
Du côté des entreprises, Dinh Hông Ky, Pdg de Secoin, insiste sur l’urgence de mettre en place des systèmes de traçabilité pour prouver l’origine réelle des produits et éviter toute confusion avec des flux de transit.
Face à l’accroissement des mesures protectionnistes, le Vietnam doit agir vigoureusement. Les Douanes intensifient les contrôles : inspection des lignes de production, matières premières, rendement, équipements, main-d’œuvre, consommation d’énergie, et infrastructures.
Thao Nguyên/CVN