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Voyons comment cette prise de conscience a engendré un projet humanitaire, détaillant son élaboration, ses actions et son impact pour une inclusion authentique.
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Les membres du projet lors du don solidaire de vêtements "Gieo Xuân Hồng" aux personnes en difficulté. |
Photo : Vũ Linh Nguyễn |
Rencontre silencieuse : de la prise de conscience individuelle à l’idée d’un projet humanitaire
L’histoire commence lors d’un rendez-vous à une supérette entre deux amis, Dang Minh Quan et Trân Ngoc Minh, anciens élèves du lycée d’excellence Trân Phu à Hai Phong, et aussi futurs fondateurs du projet. Dans l’espace bondé, ils ont demandé à une jeune fille de lui emprunter les deux seules chaises qui étaient inoccupées à côté d’elle. Différemment à une réponse verbale habituelle, ils ont reçu une suite de gestes exprimés en langue des signes.
Un lourd silence, accompagné d’embarras et de surprise s’installe dans tout l’espace. Ce moment a duré quelques secondes avant que des chuchotements ne commencent à s’élever. “Là, j’ai compris à quel point les regards curieux et les commentaires liés aux préjugés sous-jacents, même involontairement, pouvaient devenir si graves” a confié Dang Minh Quan. “Ces personnes ainsi défavorisées se sentent exclues et se replient sur elles-mêmes.”
Que deviendrait la vie si elle n’était qu’obscurité, si l’on ne pouvait entendre de la musique, si l’on vivait sans capacité d’exprimer tous les sentiments profonds du cœur ? Portés par ces questions depuis ce jour, ces deux amis ont été stimulés à nourrir le désir de transformer leur empathie en actions concrètes.
Cette rencontre inattendue est devenue la motivation derrière la création du projet caritatif “La Silhouette du Son”. Au-delà d’un projet périscolaire, l’initiative entend s’adresser à une communauté plus large en poursuivant un objectif : favoriser l’autonomie et la pleine inclusion des handicapés.
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Les membres du projet "La Silhouette du Son". |
Photo : Vũ Linh Nguyễn |
Recherche, compréhension, réalisation
L’idée clairement définie, les dirigeants du projet ont amorcé leurs premiers pas. C’est toutefois pendant cette étape qu’ils se sont heurtés à un obstacle majeur : l’étrangeté du sujet. La majorité des programmes éducatifs généraux abordent rarement les enjeux sociétaux comme le handicap. La recherche préliminaire se révèle donc déterminante, vu que les connaissances sur le sujet permettent une vision plus claire et un plan d’action plus concret. Ce processus consiste à écouter des personnes concernées et à rechercher de l’information via les sources spécialisées.
Pour les campagnes de communication, la priorité est accordée aux ressources médiatiques, alors que pour les actions exigeant une exactitude scientifique, les fondateurs ont eu recours aux études de référence et à la formation. Mentionnons surtout un cours dédié à l’ophtalmologie, suivi par plusieurs membres de l’équipe, qui a permis de perfectionner les choix pédagogiques pour leurs activités futures, telles que l’exposition photographique qui recrée la perception des daltoniens, les ateliers de peinture où les participants sont en état simulant la déficience visuelle, etc.
De cette manière, le projet ne fournira pas de simulations superficielles, mais plutôt des initiatives véritables de valorisation et de transmission, fondées sur l’authenticité des expériences et la précision des sources. Tel est le résultat d’un processus efficace d’auto-apprentissage, d’expérience pratique et de travail d’équipe entre les membres.
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Le projet "La Silhouette du Son". |
Photo : Vũ Linh Nguyễn |
Projet en action
Grâce à un plan structuré, les activités commencent à se concrétiser et mettent donc en œuvre les visions envisagées. En Septembre 2022, “La Silhouette du Son” a officiellement démarré sa mission, porté par une devise concise mais profonde : “Les handicaps sont des capacités pour faire des merveilles - Disabilities are abilities to make wonders.”
À travers les publications partagées sur les réseaux sociaux (particulièrement Facebook), les fondateurs sont parvenus à mettre en avant des messages de sensibilisation clairs et accessibles. De cette façon, le projet a pu atteindre un large public, notamment les jeunes.
Une fois le gain d’audience réussi, l’équipe met en place des activités à caractère expérientiel. “Kaleidoscope: Kính vạn hoa”, “Lắng : Hear The Souls” et “Niềm Hạ Mơ” - des événements majeurs organisés sous forme de workshops, de programme d’échanges et de liveshow ont permis aux participants de mieux appréhender les réalités du handicap. Ces moments favorisent non seulement la compréhension mais aussi l’implication directe de centaines de participants.
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Les partages de Trần Phúc Đạt, athlète handisport médaillé d’or, lors de l’événement Niềm Hạ Mơ. |
Photo : Vũ Linh Nguyễn |
À l’aide des patronages et des revenus des workshops, les organisateurs n’ont souffert aucune perte par rapport au coût. La totalité de ces bénéfices sont donc consacrés à plusieurs actions solidaires, pour ne citer que les visites dans des centres d’accueil pour handicapés ou personnes en difficultés. Ces rencontres directes avec eux ont renforcé l’idée que la sensibilisation ne se limite pas au discours, mais se manifeste aussi dans des actions tangibles et porteuses de sens.
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L’École pour les sourds de Hai Phong reçoivent avec joie des présents. |
Photo : Vũ Linh Nguyễn |
Éducation et transmission des valeurs : un cycle sans fin
Bien plus qu’un projet caritatif, “La Silhouette du Son” s’impose comme un cycle vertueux d’apprentissage mutuel : De l’un à l’autre, en partageant leur temps et leur effort, les jeunes conçoivent en retour une empathie profonde envers autrui ainsi qu’une responsabilité sociale qui marqueront durablement leurs vies. À travers chaque activité, non seulement ils ont l'occasion de maîtriser la langue des signes, mais développent également leurs qualités personnelles, la patience, une écoute authentique et une vision résolument inclusive de la société.
Le succès de tels projets ouvre la voie à une reconsidération des approches éducatives, valorisant un modèle d’apprentissage bidirectionnel. L’éducation, par la prise de conscience, motive l’action, et ces actions précises deviennent à leur tour des pédagogies bien éloquentes. En se confrontant aux réalités du terrain, les jeunes font du projet un véritable “laboratoire social”, où les connaissances sont mises en pratique et où se construisent les qualités humaines.
Vu Linh - Duc Anh/CVN