Éducation numérique et IA - apprendre pour ne pas être dirigé

L’intelligence artificielle ouvre de nouvelles perspectives pour l’éducation, mais elle comporte aussi un risque : celui de remplacer la réflexion autonome. Ce texte rappelle que le véritable défi de l’ère numérique n’est pas d’accumuler du savoir, mais d’apprendre à garder sa liberté de penser - apprendre pour ne pas être dirigé.

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Photo : RKY careers 

Au cours des dernières années, l’intelligence artificielle (IA) a pénétré la vie scolaire à une vitesse fulgurante. Des applications d’apprentissage des langues, des outils d’écriture automatique, jusqu’aux plateformes d’enseignement en ligne personnalisées, l’apprenant d’aujourd’hui peut accéder à un immense réservoir de connaissances avec un simple smartphone. Cependant, cette commodité s’accompagne d’un risque : l’être humain peut se laisser guider, devenir dépendant des machines, et perdre sa capacité de pensée autonome – ce qui constitue pourtant l’essence même de l’éducation. La question n’est donc pas de savoir "faut-il utiliser l’IA dans l’apprentissage", mais plutôt "comment apprendre avec l’IA sans se laisser contrôler par elle".

Dans les faits, de nombreux élèves et étudiants se sont habitués à "demander à ChatGPT au lieu de réfléchir par eux-mêmes". En un clic, un devoir rédigé apparaît ; en quelques secondes, une page entière est traduite. Mais ces productions reflètent-elles réellement la connaissance de l’apprenant ? Lorsque tout est disponible instantanément, les compétences d’analyse, de synthèse et d’esprit critique tendent à s’éroder. Plus inquiétant encore : sans capacité de vérification, l’apprenant peut se laisser influencer par des informations erronées, qui abondent dans l’univers numérique.

Photo : MSN

En France, le ministère de l’Éducation a déjà mis en garde contre l’usage abusif de ChatGPT dans les devoirs, le qualifiant de "couteau à double tranchant". Certains lycées vont jusqu’à interdire strictement l’utilisation d’outils d’IA lors des examens. Mais dans le même temps, de nombreux pédagogues insistent : plutôt que d’interdire, il faut doter les élèves de la capacité à «décoder» la technologie, c’est-à-dire comprendre le fonctionnement de l’IA, ses limites et les contextes pertinents de son utilisation. Au Vietnam, certaines universités ont également commencé à organiser des séminaires et ateliers sur l’usage de l’IA dans la recherche et la rédaction. L’objectif n’est pas de freiner, mais de guider pour que l’IA devienne un outil de soutien à la créativité, plutôt qu’un "exécutant" à la place de l’apprenant.

Un autre aspect important est que l’éducation numérique ne se limite pas à l’IA : elle est aussi liée à la surabondance d’informations en ligne. Un simple mot-clé peut générer des millions de résultats. Dans ce contexte, sans formation au tri et à la sélection, les élèves risquent d’être submergés et incapables de distinguer données scientifiques et opinions personnelles. Une étude de l’UNESCO a souligné : "Apprendre à l’ère numérique ne signifie pas accumuler davantage d’informations, mais savoir filtrer et transformer l’information en connaissance". Cela implique que l’éducation numérique doit mettre l’accent sur l’esprit critique, plutôt que sur la quantité de savoirs.

De fait, plusieurs modèles pédagogiques commencent à expérimenter une intégration active de l’IA. Plutôt que de laisser les élèves recopier passivement, les enseignants peuvent leur demander de soumettre un sujet à l’outil, puis d’analyser ensemble la réponse de l’IA pour en identifier les forces et les faiblesses. Cette approche permet non seulement de montrer que l’IA peut commettre des erreurs, mais aussi de mettre en valeur le rôle de la créativité et de la réflexion critique humaines. À l’université, certains groupes d’étudiants exploitent également l’IA comme un appui à la recherche ou à la conception de supports pédagogiques, tout en recherchant et vérifiant eux-mêmes les sources d’origine. Ainsi, les productions finales sont à la fois attrayantes et fiables.

Photo : RMIT Vietnam

Ainsi, il apparaît clairement que l’IA n’est pas un ennemi, mais un miroir reflétant les capacités d’apprentissage de chacun. Si l’apprenant se contente de copier passivement, il sera vite dirigé par la machine. En revanche, s’il sait poser des questions, vérifier, et créer à partir de ce qui lui est fourni, il fera de l’IA un tremplin pour apprendre plus vite, plus en profondeur et de façon plus diversifiée.

L’essentiel est que l’éducation à l’ère numérique enseigne trois compétences fondamentales. Premièrement, la compétence technologique : comprendre le fonctionnement des outils d’IA et des plateformes numériques. Deuxièmement, la compétence critique : douter, vérifier, et ne pas accepter l’information de manière passive. Troisièmement, la compétence d’auto-apprentissage, car seule l’initiative permet d’utiliser la technologie à bon escient. Ces trois "boucliers" sont les conditions pour apprendre sans se laisser diriger.

En fin de compte, l’éducation numérique et l’IA ouvrent un avenir prometteur. Elles permettent à l’apprentissage de dépasser les murs de la classe et de mettre le savoir mondial à la portée de chaque individu. Mais cet avenir ne sera véritablement lumineux que si l’être humain apprend à en être maître, et non à en être dépendant. "Apprendre pour ne pas se laisser guider" n’est pas un simple slogan, mais un rappel : à l’ère numérique, l’intelligence artificielle peut être puissante, mais c’est l’intelligence humaine qui reste le véritable pilier d’un développement durable de la société.

Dô Khanh Linh/CVN

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