>> Appel aux éditeurs francophones pour le 23e Prix des cinq continents
>> Des trésors littéraires vietnamiens
>> L'écrivaine camerounaise Hemley Boum lauréate du Prix des cinq continents
![]() |
La pluralité éditoriale commence là où s’arrêtent nos habitudes. |
Photo : OIF/CVN |
Dans les rayons d’une bibliothèque à Dakar, une adolescente découvre un roman interactif sur tablette. À Montréal, un traducteur travaille sur la version en français d’un recueil de poésie arabe, futur candidat au prix Ibn Khaldoun-Senghor.
En Côte d’Ivoire, un centre de lecture et d’animation culturelle (CLAC) donne accès à des contes de tradition orale en livres audio. Ces trois scènes, apparemment distinctes, racontent la même histoire, celle d’une révolution littéraire qui redéfinit ce que signifie écrire, traduire, lire et transmettre en français aujourd’hui.
La diversité éditoriale n’est pas un concept de salon mais une urgence créative qui répond à une réalité évidente : dans un monde dominé par quelques géants du numérique et des industries culturelles, comment préserver l’extraordinaire polyphonie des littératures francophones ? Comment s’assurer que la voix d’un jeune auteur haïtien résonne aussi fort que celle d’un prix Goncourt parisien ?
Valoriser les initiatives
La pluralité éditoriale commence là où s’arrêtent nos habitudes. Elle surgit quand un éditeur togolais expérimente le livre audio pour toucher une population majoritairement orale, quand une traductrice roumaine transpose un roman malgache en bande dessinée numérique, ou quand un collectif d’auteurs burkinabés invente des fictions interactives sur smartphone.
Cette diversité se cultive. L’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) l’a compris en soutenant non pas seulement des œuvres, mais des écosystèmes entiers, car chaque livre qui trouve son lecteur est l’aboutissement d’une chaîne humaine : l’auteur crée, l’éditeur mise, le traducteur transpose, le libraire conseille, le bibliothécaire transmet.
La véritable diversité littéraire se mesure à sa capacité d’inclusion. Elle donne voix aux ruraux comme aux urbains, aux parlers locaux comme aux langues académiques, aux récits du quotidien comme aux grandes épopées. Elle transforme ce qui peut être considéré comme marge en laboratoire d’innovation.
Quand le programme “Formation et renforcement de compétences en édition” (FORCE) de l’OIF forme des éditeurs aux outils numériques, il ne se contente pas de moderniser l’édition, il ouvre des possibles créatifs inédits.
Préserver la richesse éditoriale, c’est accepter que la littérature francophone ne se résume pas à ses monuments, c’est reconnaître que chaque voix compte, chaque histoire mérite d’être entendue, chaque innovation narrative enrichit notre patrimoine littéraire commun.
Un écosystème littéraire diversifié et accessible
Face aux algorithmes qui standardisent les goûts et aux plateformes qui concentrent l’attention, la Francophonie porte une responsabilité particulière, celle de garantir qu’aucune voix ne soit sacrifiée à la rentabilité immédiate, qu’aucune innovation ne soit étouffée par conformisme. La pluralité littéraire n’est pas un luxe culturel. C’est notre assurance-vie littéraire. Elle nous rappelle que la richesse d’une langue se mesure à sa capacité d’accueillir tous les possibles de l’imaginaire humain.
Dans cette diversité créative réside peut-être la plus belle promesse de la Francophonie : celle d’un espace où chaque histoire trouve sa forme, chaque auteur son public et chaque lecteur sa révélation ; dans cette langue que nous avons en partage, le français, mais aussi dans les langues qui nourrissent notre espace francophone.
La Journée internationale de la bibliodiversité, célébrée le 21 septembre, constitue l’occasion privilégiée de mesurer le chemin parcouru et de réaffirmer nos engagements institutionnels. Elle offre l’occasion de valoriser les initiatives qui, sur tous les continents, participent à la construction d’un écosystème littéraire diversifié et accessible. L’OIF y réitère sa détermination à soutenir cette bibliodiversité, pilier essentiel de notre politique culturelle et linguistique.
OIF/CVN