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À l'heure actuelle, certaines localités de Hô Chi Minh-Ville comptent un excédent d’effectifs, tandis que d’autres souffrent d’un manque criant, notamment dans les domaines complexes tels que le foncier, l’urbanisme, l’environnement ou les finances.
Pourtant, au cœur de ces difficultés, l’esprit de dévouement, d’effort et de dépassement de soi des fonctionnaires communaux et de quartier est devenu une véritable lueur d’espoir. Qu’il s’agisse de ceux qui travaillent tard en soirée pour traiter les dossiers, des responsables locaux qui "retroussent leurs manches" pour épauler leurs équipes, ou encore des fonctionnaires détachés venus des échelons supérieurs pour apporter leur expertise, tous participent à une fresque commune : un quotidien ardu, mais porteur d’une confiance en l’avenir.
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Hô Chi Minh-Ville s'efforce de lever des goulots d'étranglement pour atteindre les objectifs fixés après sa fusion. |
Ressources humaines : "À la fois trop et pas assez"
La fusion mécanique des unités administratives a entraîné une situation paradoxale : des postes doublés dans certains services, mais de lourdes carences dans des fonctions essentielles.
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Dans un centre administratif de la commune de Ba Diêm. |
À la commune de Bàu Bàng, issue de la fusion de plusieurs entités, on compte près de 90 agents, dont plus de 50 fonctionnaires spécialisés. Mais en réalité, le manque est criant dans des domaines clés comme la construction, l’industrie, l’agriculture, l’environnement ou encore la santé. Selon Nguyên Phú Cường, secrétaire du Comité du Parti de la commune: "Nos agents étaient habitués à des tâches qu’ils maîtrisaient. Aujourd’hui, ils doivent traiter des dossiers complexes. Il est normal qu’ils se sentent dépassés au début. Mais chacun s’efforce d’apprendre et de s’adapter pour accomplir ses missions."
La même situation prévaut à la commune de Bac Tân Uyên, qui, après fusion, compte 111 agents. Bien que plus de 60% possèdent un diplôme universitaire et que de nombreux cadres aient suivi une formation politique, certains services souffrent encore d’un manque de personnel adapté. Pour Võ Văn Tính, secrétaire du Comité du Parti communal : "L’appareil est plus compact, l’efficacité est visible. Mais pour aller plus loin, nous devons sélectionner et former un corps de fonctionnaires véritablement compétent".
À Ba Diêm, "super-commune" de plus de 200.000 habitants, le problème de surcharge est manifeste. En trois mois seulement, plus de 260 plaintes ont été déposées, la majorité concernant le foncier et la construction illégale, soit dix fois plus qu’auparavant. Chaque agent y gère 7 à 8 dossiers différents, un rythme intenable mais auquel ils s’accrochent avec ténacité.
Des heures supplémentaires à répétition
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Les cadres traitent complètement les dossiers dans le jour. |
Face à cette masse de travail colossale, de nombreux fonctionnaires n’ont eu d’autre choix que de prolonger leurs horaires.
Nguyên Kim Toàn, chargé d’économie à la commune de Thái Mỹ, commence sa journée à 7 heures et la termine parfois à 23 heures. Responsable du dédommagement et de la libération des terrains pour deux projets majeurs (l’autoroute Hô Chi Minh-Ville - Mộc Bài et la ligne électrique 500 kV), il confie : "Le volume de travail a été multiplié par dix. Les délais sont serrés, mais je ne souhaite qu’une chose : que les dossiers avancent vite et que les droits des habitants soient respectés. Malgré la fatigue, la satisfaction de servir la collectivité m’encourage à continuer".
À la commune de Châu Pha, plus de 300 dossiers relatifs au foncier, à la construction et aux certificats de propriété ont été traités dans les délais, voire en avance. Selon son président, Phan Minh Hop: "Nous avons adopté le mot d’ordre : tant qu’il reste du travail, la journée continue. Les agents travaillent souvent sans pause méridienne, enchaînent les soirées tardives. C’est une forme de sacrifice silencieux, mais indispensable pour répondre aux attentes des citoyens."
Quand les dirigeants partagent la charge
Pour alléger la pression sur leurs équipes, nombre de responsables communaux n’ont pas hésité à participer directement au traitement des dossiers.
Trân Thúy Huong, vice-présidente de la commune de Bà Diêm, se souvient : "Les premiers jours, les données n’étaient pas encore synchronisées, nos agents étaient perdus. Pour ne pas accumuler de retard, nous, les dirigeants, avons aussi traité les dossiers, guidé nos collègues et signé sur place les documents administratifs. En trois mois, nous avons réussi à mettre la machine en route."
À Phuoc Thang, la mairie a reçu plus de 7.800 dossiers administratifs en trois mois, avec un taux de traitement de 98%, dont la majorité avant les délais. L’appui des services municipaux supérieurs a été décisif pour débloquer des dossiers complexes liés au foncier, à l’environnement et à l’urbanisme. Pour son président, M. Nguyên Viêt Dung: "La synergie entre les agents locaux et les renforts envoyés par la ville a permis d’accélérer les procédures. Les premiers connaissent bien le terrain, les seconds possèdent une expertise technique pointue. Ensemble, nous avons pu résoudre des cas particulièrement difficiles".
Des solutions à court et long terme
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De nombreux cadres spécialisés de ville sont envoyés pour soutenir les cadres locaux. |
Au-delà des efforts ponctuels, Hô Chi Minh-Ville a défini des orientations claires pour traiter durablement la question des ressources humaines.
À court terme : détacher des agents spécialisés depuis les services municipaux vers les communes ; nommer des vice-présidents supplémentaires dans les localités à forte densité ; assurer une formation pratique immédiate.
À long terme : développer des programmes de formation spécialisée pour les agents communaux ; rationaliser l’effectif en écartant les profils inadaptés ; renforcer la délégation de compétences associée à une responsabilisation accrue ; moderniser l’administration publique grâce au numérique.
Phạm Thị Thanh Hiền, directrice du Département de la fonction publique, affirme : "Nous menons ces réformes avec détermination. L’objectif est de bâtir un corps de fonctionnaires locaux compétent, professionnel et apte à faire face à toutes les situations".
Une confiance née de l’unité
Près de 100 jours après la mise en œuvre du modèle à deux niveaux, si les difficultés persistent, la détermination et les efforts constants des fonctionnaires communaux insufflent déjà un vent de confiance.
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Une bénévole mobilisée pour soutenir les cadres locaux. |
Les citoyens constatent des améliorations tangibles : des procédures administratives plus rapides, des dossiers complexes traités efficacement, une attitude de service plus proactive. Les entreprises, de leur côté, se sentent soutenues par l’accélération de projets d’infrastructures majeurs.
Mais plus encore, ce sont les fonctionnaires eux-mêmes - ces "gardiens silencieux" de l’appareil public - qui, par leur endurance, leur sens du devoir et leur solidarité, prouvent que rien n’est insurmontable.
L’équation des ressources humaines pour l’appareil administratif à deux niveaux de Hô Chi Minh-Ville ne se résoudra pas en un jour. Mais la réalité de terrain montre qu’avec une gouvernance ferme, l’unité des agents et le soutien de la population, les obstacles se transforment en opportunités.
Chaque fonctionnaire local - du jeune agent qui multiplie les heures supplémentaires au dirigeant qui n’hésite pas à prendre part directement aux dossiers - mérite d’être salué. Leur engagement illustre la résilience et la vitalité de la ville.
Fidèle à son esprit d’innovation et de dynamisme, nul doute que Hô Chi Minh-Ville saura transformer les épreuves actuelles en leviers de modernisation pour bâtir une administration publique plus efficace, moderne et proche des citoyens.
Texte et photos : Quang Châu/CVN