Hô Chi Minh-Ville
Premiers résultats de l'organisation de l’administration locale à deux niveaux

Depuis plus de deux mois, Hô Chi Minh-Ville met en place le modèle d’administration locale à deux niveaux. Cette nouvelle organisation, qui combine à la fois un processus de rationalisation de l’appareil administratif et une dynamique de développement économique, commence à donner des résultats tangibles. La ville est désormais entrée dans une deuxième phase : celle de la consolidation interne, de la modernisation de la fonction publique et de l'amélioration de la qualité des services rendus aux citoyens et aux entreprises.

>> Réforme administrative : trois mois d’une décision stratégique, des résultats tangibles

>> Lever sans délai les obstacles de l’administration locale à deux niveaux

>> Réunion sur le fonctionnement de l'administration locale à deux niveaux

Avec son territoire vaste, sa population dense et la complexité croissante de la gestion urbaine, Hô Chi Minh-Ville se trouve face à une charge de travail colossale. La fusion institutionnelle a accentué cette pression, obligeant les fonctionnaires communaux à traiter des dossiers inédits, souvent sans précédent ni expérience antérieure. «Nous sommes en train d’avancer tout en nous organisant», confient plusieurs agents administratifs.

Dans le Centre d'administration publique du quartier Thu Duc.

Selon Phạm Thị Thanh Hiền, directrice du Service des affaires intérieures de la ville, la priorité d’ici fin 2025 est claire : réorganiser l’ensemble des services, départements et comités populaires communaux, tout en renouvelant les méthodes de travail et en accélérant la transition numérique. "L’objectif est d’assurer un fonctionnement fluide de l’administration à deux niveaux, d’encourager les fonctionnaires à accomplir leurs missions efficacement et de bâtir un appareil réellement performant et professionnel", souligne-t-elle.

Les premiers résultats sont encourageants : le taux de satisfaction des citoyens a atteint 95,56%. La ville a également lancé, à titre pilote, la gestion de 1.336 procédures administratives «sans frontière territoriale», permettant aux usagers de déposer leurs dossiers sans contrainte géographique. Ce dispositif innovant réduit considérablement le temps et les coûts liés aux démarches.

Transition numérique

Sur le terrain, plusieurs communes se distinguent par leurs initiatives. À Vũng Tàu, les fonctionnaires utilisent désormais des outils numériques pour traiter les dossiers administratifs, avec des gains de rapidité notables, notamment pour les certifications de copies conformes ou l’authentification de signatures.

Le vice-secrétaire du Parti de la commune, Vo Van Thành Sang, note que la formation à l’intelligence artificielle, organisée pour près de 200 agents, a permis une adaptation plus rapide et une diffusion des bonnes pratiques. Cette démarche crée un effet d’entraînement et contribue à élever la qualité du service public.

Un robot au service des populations.

Même constat dans la commune d’An Khánh, où la numérisation des procédures a réduit le temps d’attente et les coûts, tout en améliorant la transparence. Le centre de services administratifs de la commune a intégré des solutions de paiement électronique : quittances numériques, terminaux bancaires, QR codes gratuits pour les usagers. "Ces outils garantissent la transparence et renforcent l’indice de compétitivité et de réforme administrative", souligne le vice-président du Comité populaire communal, Nguyên Xuân Quỳnh.

Des ressources humaines sous tension

La deuxième phase de la réforme ne se limite pas à la modernisation technologique : elle implique également une réorganisation profonde des ressources humaines. Le principe affiché est celui du «bon agent à la bonne place», afin de maximiser les compétences et d’améliorer l’efficacité.

Hô Chi Minh-Ville compte aujourd’hui 11.689 fonctionnaires répartis dans 168 communes et districts spéciaux, ainsi que 6.683 dans les services municipaux et 6.532 personnels non spécialisés. Pourtant, huit postes de direction restent vacants, et dans certaines communes, la charge de travail dépasse largement les capacités des effectifs disponibles.

Au Centre de l'administration publique de commune de Ba Diem.

Dans la commune de Bàu Bàng par exemple, le fonctionnaire chargé du foncier doit également collaborer avec le tribunal et le service d’exécution civile, ce qui entraîne des retards. "Nous avons besoin de renforts, notamment dans le domaine du foncier et de la construction, afin de réduire la surcharge", plaide le président du Comité populaire communal, Nguyên Huu Luân.

Le président du Comité populaire municipal, Nguyên Van Duoc, reconnaît lui aussi une situation paradoxale de «surplus et pénurie» simultanés. Dans certaines zones, la répartition inégale du personnel conduit à des surcharges et pousse des dirigeants communaux à démissionner. Pour pallier ces difficultés, il a demandé au Service des affaires intérieures de détacher des spécialistes vers les communes afin d’accompagner de près les fonctionnaires locaux.

Une mesure concrète a déjà été adoptée : près de 900 inspecteurs du bâtiment, excédentaires après la dissolution des anciennes équipes de contrôle de l’ordre de construction, ont été redéployés dans les communes pour renforcer la gestion urbaine. Cette réaffectation, en cours de mise en œuvre, devrait être élargie avec la création de postes supplémentaires par le ministère des Affaires intérieures.

Entre contraintes et perspectives

Malgré ces avancées, les défis restent importants. Les services communaux, souvent dotés de seulement cinq à sept agents, doivent assurer entre quatre et neuf missions complexes, un écart considérable qui ralentit le traitement des dossiers. Dans plusieurs localités, la demande en personnel dépasse largement le nombre de postes alloués, accentuant le risque de surcharge.

Les bénévoles sont mobilisés pour soutenir les populations dans l'enregistrement en ligne.

Toutefois, la dynamique enclenchée semble irréversible. Le processus de réorganisation interne, couplé à la transition numérique et à l’expérimentation de modèles innovants, place Hô Chi Minh-Ville sur la voie d’une administration plus moderne et efficace. Les résultats enregistrés, notamment en termes de satisfaction citoyenne et de transparence, constituent un gage de confiance pour l’avenir.

Une administration en mutation

En définitive, après plus de deux mois d’expérimentation, le modèle d’administration locale à deux niveaux a déjà produit des effets visibles : satisfaction accrue des citoyens, modernisation accélérée, premières mesures de réaffectation de personnel et diffusion de nouvelles méthodes de travail.

Il reste bien sûr des limites : manque de spécialistes dans certaines communes, charge de travail inégale, postes de direction vacants. Mais les solutions mises en place - réorganisation interne, formation des agents, transition numérique, redéploiement des inspecteurs du bâtiment - montrent la volonté de la ville d’aller vers un appareil administratif plus rationalisé, plus transparent et plus performant.

Comme le résume Pham Thị Thanh Hiên, "l’enjeu est de bâtir un appareil réellement allégé, fort, efficace et opérationnel". Un objectif ambitieux, mais indispensable pour une métropole de plus de dix millions d’habitants, moteur économique du pays et vitrine de la modernisation de l’administration vietnamienne.

Texte et photos : Quang Châu/CVN

Rédactrice en chef : Nguyễn Hồng Nga

Adresse : 79, rue Ly Thuong Kiêt, Hanoï, Vietnam

Permis de publication : 25/GP-BTTTT

Tél : (+84) 24 38 25 20 96

E-mail : courrier@vnanet.vn, courrier.cvn@gmail.com

back to top