Sa Pa est souvent noyé dans le brouillard jusqu’en milieu de matinée. |
Photo : CTV/CVN |
Les trains, à l’époque de mon séjour au Vietnam, n’offraient guère de confort mais assuraient une grande sécurité et ne racolaient pas la clientèle en cours de route. Je n’utilisais que très peu ce moyen de transport mais comme c’était celui qu’on privilégiait pour se rendre à Sa Pa dans les montagnes au Nord du pays, je me lançais dans cette nouvelle expérience avec mon désir inéluctable de visiter cette contrée. Ce long trajet se fit de nuit, encore une fois. Nous avions réservé une cabine climatisée avec couchette.
Sa Pa et la région environnante se montraient dans leur état naturel assez bien protégés des assauts du modernisme et de l’avidité mercantile. L’air y était pur et les randonnées en montagne fascinantes. Différentes ethnies minoritaires vivaient (et vivent encore) dans de petits villages isolés, perdus dans les collines, dans des conditions plus que primaires. Des femmes portant leurs bébés sur le dos, venaient à Sa Pa pour vendre leurs productions artisanales : pièces tissées ou brodées, bijoux, vêtements et babioles de toutes sortes. Leurs costumes bigarrés se balançaient dans la ville comme des notes de musique sur une portée. On ne pouvait s’empêcher d’admirer le spectacle et d’acheter quelques pièces uniques faites à la main. Une de mes amies avait acheté un joli pantalon indigo qui aurait dû être une tenue parfaite pour son travail à Hanoï.
Balade en chaloupe
La beauté pittoresque de Tràng An, dans la province de Ninh Binh (Nord). |
Photo : TITC/CVN |
Pour continuer dans la veine des anecdotes de voyage, je ne peux passer sous silence l’excursion à Hoa Lu dans la province de Ninh Binh (Nord), qu’on appelle la baie de Ha Long terrestre. Quelle beauté ! Une balade en chaloupe sur la rivière serpentant autour des montagnes qui, comme des têtes de géants, sortent à travers l’épais tapis des rizières pour converser avec le ciel. Tout est silence ! Si vous savez écouter, vous entendez les murmures de votre âme.
À celles de mes connaissances qui projetaient de visiter le pays et qui demandaient des suggestions d’itinéraires, je traçais un réseau qui m’apparaissait agréable et pertinent pour un premier flirt avec le Vietnam. Lors d’un séjour de quelques semaines, je crois que la visite doit commencer par le Sud (arrivée à Hô Chi Minh-Ville) pour se terminer par le Nord (départ de Hanoï). De belles excursions dans le delta du Mékong, charment les visiteurs et délectent les yeux et les cœurs des amants de la nature.
Dans la grande ville de Hô Chi Minh, il faut savoir flâner un peu sans trop s’y attarder. Sa petite sœur du Nord possède de meilleurs atours pour enjôler les voyageurs. On ne peut renoncer aux attraits de la Mer Orientale qui se déploient dans toutes leurs splendeurs dans la ville de Nha Trang (Centre). À travers la mer de jade, des îles, comme les yeux d’un gigantesque dragon curieux, pointent leurs pupilles verdoyantes afin d’appeler les passants au farniente jour après jour. De plus, l’atmosphère nous enivre d’un parfum de vacances qui fait que l’on doit s’extirper de ce paradis avec regrets. Cette excursion se fait aisément en autobus et si l’on veut un avant-goût de cette fabuleuse destination, on s’arrête passer un jour à Mui Né dans un magnifique “resort” à des prix qui demeurent encore abordables.
Gorgés de soleil, d’air de vacances, de bonne bouffe, on s’oriente vers Hôi An, dans la province de Quang Nam (Centre). Un bijou de petite ville qui, le soir venu, offre le spectacle haut en couleurs des lanternes de soie scintillant de mille feux. Elles s’accrochent aux façades des boutiques et comme des rires de petites filles, taquinent les visiteurs d’éclats multicolores. Heureusement pour ce site magnifique, les nouvelles constructions savent se tenir à l’écart de la vieille ville. Elles auraient, de toutes manières, été perdantes au change. Des dizaines de boutiques offrent l’opportunité de renouveler votre garde-robe en quelques heures. Choisissez le modèle et on vous le confectionnera avec promesse de livraison avant votre départ. C’est tout juste si on ne vous accompagne pas à l’autobus ou au train, aiguilles, fil et ruban à mesurer à la main afin de faire les dernières retouches. Les clients doivent repartir satisfaits.
On quitte Hôi An en bus le matin en commandant le soleil afin de savourer le passage du col des nuages juste avant d’arriver à Huê. Là, vous vous offrez une journée sur la rivière des parfums (quelle poésie) avec visite aux tombeaux des empereurs (ne vous méprenez pas, ils n’ont rien à voir avec les cimetières de chez-nous). À Huê, la cité impériale, sans avoir la majesté de celle de Chine, vaut amplement le coup d’œil.
La baie de Ha Long dans la province de Quang Ninh (Nord) a été reconnue à deux reprises, en 1994 et 2000, par l’UNESCO comme patrimoine naturel mondial. |
Photo : CTV/CVN |
L’incontournable, indéniablement, demeure la majestueuse baie de Ha Long à Quang Ninh. On laisse divaguer le fil d’Ariane de sa poésie à travers les labyrinthes de rochers de verdure qui camouflent de nombreux trésors à explorer dont des grottes magnifiques. La mer forme une collerette verdoyante autour de ces têtes de titans et des embarcations de toutes sortes, comme des papillons, voltigent tout autour dans une danse au rythme de l’affluence des touristes. Quand on est si belle, on ne peut éviter les admirateurs. Souhaitons, tout de même, qu’on sache préserver sa beauté des affres de la pollution.
Et voilà ! Le fil est tissé. On repart la tête pleine d’images, le cœur débordant de contacts chaleureux, la caméra et les bagages gonflés de souvenirs, de musiques de toutes sortes se bousculant dans la tête et un coin de l’âme solidement accroché à la patte de ce dragon mystérieux et enchanteur. On retient déjà dans notre agenda une possibilité de retour.
Petites anecdotes
Si le séjour s’étire et vous permet les flâneries sans délais, sans doute pourrez-vous frôler l’inédit et faire provision de petites anecdotes qui plus tard, feront sourire votre mémoire. J’ai cueilli les miennes et je les partage avec vous.
Aux temps des moussons, quand le ciel se déchire pour laisser échapper ses trombes d’eau, est bien chanceux celui qui court assez vite pour se mettre à l’abri sans se mouiller. Ce n’était pas mon cas mais faute de courir vite comme le lièvre j’ai cueilli une grande feuille de bananier pour m’en faire un parapluie. Saviez-vous que ces feuilles ont la chair tendre et résistent peu aux attaques de la pluie ? Moi, je l’ai appris !
La traversée d’un pont de singe comporte encore plus de risques que de se doucher sous la pluie torrentielle. Des perches suspendues au-dessus d’un ravin couvert de tiges de bambou séchées a de quoi vous donner des sueurs froides si c’est la seule avenue pour vous rendre à destination. Je m’en suis sortie sans écorchure physique mais avec quelques égratignures à mon amour-propre et une grande déchirure à mon pantalon !
Comment oublier l’invitation à pique-niquer sur une île, dans un verger d’arbres chargés de fruits mûrs. Ma récolte à la main, j’ai dû traverser un canal dans une barque qui prenait l’eau et qui m’amenait de l’autre côté juste à temps pour ne pas altérer mon fond de culotte !
Ah, ce pays ! Que de souvenirs demeurent dans mon baluchon de voyageuse !
Dorothée Roy/CVN