Miroir vietnamien

Pour mieux connaître un peuple, je crois qu’il faut savoir nous lire à travers le reflet de son miroir. L’image que je vous présente des Vietnamiens se veut l’écho que m’ont rapportées ma pensée et ma culture occidentales.

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La différence culturelle crée une forte attirance chez les touristes étrangers.
Photo : VNA/CVN

Les Vietnamiens, que pensent-ils de nous ? J’ai fouillé dans le souvenir de mes discussions avec eux et avec l’aide de mon amie Tuyêt, (que je remercie sincèrement pour ses commentaires) et m’appuyant sur les témoignages, j’ai rassemblé une partie de la trace que laissent les Occidentaux en général lors de leur passage au Vietnam. Pour vous en faire le compte-rendu, j’use de voix vietnamiennes puisque c’est l’écho de leurs réflexions.

”Un point faible chez nous les Vietnamiens, c’est que nous avons un trop grand amour-propre. C’est un grand obstacle dans la réalisation de nos projets. Nous n’osons pas foncer et prendre des initiatives ou encore exprimer clairement notre opinion ou notre désaccord de peur de ne pas avoir raison et de perdre la face. Il en va de même lorsqu’il s’agit de demander des informations ou des éclaircissements, nous préférons garder le silence plutôt que de passer pour des ignorants. Les Occidentaux donnent souvent un sens péjoratif à ces comportements.”

Divergences interculturelles

“Certains Occidentaux se croient supérieurs à nous mais pour d’autres c’est nous qui les croyons supérieurs. Disons que nous ne partons de points de vue différents. Les Occidentaux sont rationnels, planificateurs, calculateurs et très organisés. Vivant dans une société archi organisée et chronométrée, ils doivent savoir calculer pour ne pas rater les occasions qui se présentent. Contrairement à eux, les Orientaux, qui sont souvent des gens à revenus modérés, ne songent pas à organiser leur vie mais plutôt à vivre sous le mode du jour le jour.”

“Les Occidentaux sont aussi plus directs et ils disent franchement oui ou non. Les Vietnamiens sont élevés dans l’art du camouflage. Tout pour eux passe par le circuit indirect (les détours).

La culture occidentale est rationnelle et cérébrale tandis que la culture orientale est spirituelle et émotionnelle.
Photo : VNA/CVN

Ils ont besoin de déduire les faits ou penser stratégies avant de répondre. Ce qui lui fait dire oui ou on verra mais qui peut tout aussi bien signifier oui, non, pas du tout ou simplement je m’en fiche. Il est vrai que les Occidentaux sont mieux outillés pour les affaires ou pour diriger un projet bien organisé. Par contre, les Vietnamiens savent deviner les pensées de leurs vis-à-vis au premier coup d’œil mais l’inverse est rarement vrai. C’est notre force.”

“Les Occidentaux sont aussi super propres. C’est ce qui éveille leur dédain lorsqu’ils viennent nous visiter et voient que nos règles d’hygiène diffèrent des leurs. Ils sont tellement aseptisés qu’ils en sont fragiles ; nos microbes ont beau jeu et ils se régalent.”

“Les Occidentaux sont très égocentriques. Élevé depuis l’enfance dans l’indépendance, (tout à fait contraire à l’enfant asiatique), le bébé occidental sait déjà dormir dans une chambre bien à lui et il apprend à manger seul très tôt. On cultive sa débrouillardise, on encourage ses initiatives, alors que le bébé asiatique (souvent à cause du manque d’espace), est sans cesse entre les bras de sa maman, à côté d’elle ou toujours accroché à son pantalon. Les mères asiatiques encouragent même l’enfant à la suivre partout et à l’heure des repas, vous voyez les adultes le nourrir, et même parfois devoir courir derrière lui, jusqu’à ce qu’il ait le ventre plein. Par contre, quand il s’agit d’aider la famille à gagner la vie, c’est tout le contraire, les jeunes savent déjà apprendre les langues rapidement et user d’astuces pour déjouer le touriste. Ils doivent se débrouiller dans des situations qui relèvent habituellement du domaine des adultes. Ceux-ci, sans doute, dépassent en maturité le jeune Occidental du même âge.”

L’importance d’être humain

“De plus, chez l’Occidental le bébé reste longtemps le centre du monde familial. Tout tourne autour de lui. Ce qui n’est pas le cas au Vietnam. Il s’ajoute au clan familial sans plus d’importance que les autres membres.”

“Les Occidentaux marquent leur sentiment de supériorité parfois d’un simple geste, une parole ou même d’un regard. Qu’on soit chez-nous ou chez-eux, ce sentiment de supériorité est sans cesse présent : Des cheveux noirs et des nez plats restent toujours des cheveux noirs et des nez plats à leurs yeux. Heureusement, nous avons une intuition presque infaillible à reconnaître ces gens-là aux premiers contacts. On constate que ce sont les personnes Les plus simples souvent avec des moyens financiers plutôt modestes qui nous acceptent tels que nous sommes et espèrent ne jamais nous voir changer pour nous adapter aux manières occidentales.”

“Bien des Occidentaux, parce qu’ils ont de l’argent se croient les maîtres partout. Ils s’impatientent de nous voir agir autrement et critiquent ce que nous ne faisons pas à leur manière. Ils y lisent de l’incapacité quand souvent il ne s’agit que du respect de notre identité. À d’autres occasions, les Vietnamiens répondent à leurs besoins sans rechigner : une politesse asiatique interprétée comme de la soumission, de la servitude, de l’infériorité. Ces étrangers voudraient retrouver leur chez-soi dans un pays qui est le nôtre.”

“Les Occidentaux gaspillent beaucoup pour des pacotilles trop coûteuses parce qu’inutiles. Ils jettent l’argent pas les fenêtres et nous avons appris à nous tenir sous ces fenêtres pour le recueillir. Les marchands ont décelé les goûts particuliers de chacun et vendent des babioles faites sur mesure, qu’aucun de nous n’achèterait. On en a même fait des spécialités : ceci pour les Français, cela pour les Allemands, cette autre chose pour les gens d’Amérique... ainsi l’argent sort à profusion des poches occidentales pour tomber dans les goussets asiatiques.”

“Pour ceux qui sont sincères, on n’hésite pas à leur rendre leur amitié. C’est important pour nous de créer des liens avec des gens sur toute la planète même si on sait que, dans certains cas, on ne les reverra jamais. C’est l’échange et la qualité des souvenirs qui comptent.”

Dorothée Roy/CVN

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