Henné : l'art du tatouage éphémère qui séduit la jeunesse à Saigon

Chez les jeunes, l'art du henné est devenu une manière chic et légère d'affirmer sa personnalité. Pas de douleur, pas de cicatrice, juste la liberté de s'offrir un dessin éphémère sur la peau. Bref, un "tatouage à l’essai" qui séduit toute une génération.

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Le henné - ou mehndi - plonge ses racines en Inde, il y a plus de 5.000 ans. Les feuilles de henné, broyées et réduites en poudre, donnaient une teinte rouge-orangé appliquée sur les mains et les pieds lors des mariages et des grandes fêtes. Bien plus qu’une simple décoration, ces motifs symbolisaient la protection et la chance.

Au fil des siècles, cet art s’est diffusé au Moyen-Orient, en Afrique du Nord puis dans le monde entier. Chaque culture y a apporté sa touche : arabesques florales, points minuscules, motifs géométriques… Mais partout, le charme du henné réside dans sa beauté délicate et son caractère temporaire.

Thuy Duong dessine un motif traditionnel au henné pour une jeune fille.
Photo : TTO/CVN

Au Vietnam, et particulièrement à Saigon, le henné a fait une timide apparition au début des années 2000 lors de festivals culturels indiens comme Diwali ou Holi. À l’époque, on le voyait surtout comme une curiosité exotique dans les foires internationales ou les cafés artistiques.

Il a fallu attendre l’explosion des réseaux sociaux - Instagram puis TikTok, entre 2018 et 2020 - pour que le henné s’impose comme un vrai phénomène de mode.

Des tatouages beaux, accessibles et sans engagement

Le succès du henné repose sur sa promesse : la liberté. On le porte, on le garde deux semaines, puis on l’oublie sans regret.

"J’ai toujours rêvé d’un tatouage, mais j’ai peur de la douleur, et ma famille n’approuverait jamais. Avec le henné, j’ai trouvé la solution idéale : de jolis dessins qui disparaissent d’eux-mêmes, sans trace", confie Hoàng Yên, 21 ans, de Hô Chi Minh-Ville.

Ngoc Trinh, 21 ans, venue de Dông Nai, assume quant à elle son tempérament “vite passionnée, vite lassée”. Elle ajoute : "Chaque motif reflète mon style et ma personnalité. C’est esthétique, abordable, et je peux changer d’envie aussi souvent que je le souhaite !"

À leurs yeux, le henné devient un bijou vivant, un accessoire mobile que l’on renouvelle au gré des humeurs et des saisons.

Exemples de motifs au henné appréciés des jeunes ces derniers temps.
Photo: TTO/CVN

À Saigon, Thuy Duong, 35 ans, fondatrice du salon Sài Gòn Boho, dans le quartier de Phu Thuân, fait figure de pionnière. Elle a commencé il y a dix ans en proposant des dessins gratuits dans les cafés et les marchés avant d’ouvrir son propre espace dédié au henné.

Ses encres proviennent d’Inde : une poudre naturelle qu’elle décline en différentes nuances. Les tarifs varient de 3 à 12 euros environ, selon la taille et la complexité du dessin.

Mais attention : chaleur, humidité et soleil raccourcissent la durée de vie des motifs. Pour aller plus loin, Thuy Duong a eu l’idée de détourner le henné en décorant des tasses, des enseignes ou en animant des ateliers. Résultat : une vraie petite communauté créative s’est formée autour de son salon.

Aujourd’hui, le henné n’est plus un simple héritage culturel, mais un terrain d’expression libre et ludique. À Saigon, il est devenu le compromis rêvé pour celles qui hésitent encore à franchir le pas du tatouage permanent.

Le henné, plus qu’un dessin sur la peau, c’est une signature de soi qui s’efface au rythme de ses humeurs.

Truong Giang/CVN

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