Commerce Vietnam - États-Unis : les exportateurs face au défi des droits de douane réciproques

Le 9 mai, dans la mégapole du Sud, le Centre de promotion des investissements et du commerce de Hô Chi Minh-Ville (ITPC), en collaboration avec le Conseil d'affaires américano-vietnamien, a organisé un atelier intitulé "Droits de douane réciproques : préparation des entreprises vietnamiennes".

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L'événement a vu la participation de nombreux experts de premier plan dans les domaines des douanes, des tarifs, de l'investissement, du droit, ainsi que d’un grand nombre d’entreprises exportatrices vietnamiennes.

Atelier "Droits de douane réciproques : préparation des entreprises vietnamiennes", tenu le 9 mai à Hô Chi Minh-Ville.

Excédent commercial important

Dans son discours d'ouverture, Cao Thi Phi Vân, directrice adjointe de l'ITPC, a déclaré que les États-Unis constituaient le premier marché à l'exportation du Vietnam. Ces cinq dernières années, celui-ci a continuellement maintenu un excédent commercial important avec ce marché, passant d’environ 63,4 milliards d’USD en 2020 à près de 106 milliards d’USD en 2024. Cependant, le pays est désormais confronté à des droits de douane réciproques imposés par les États-Unis.

Face à ce défi, le gouvernement vietnamien intensifie les négociations avec les autorités américaines afin d’assurer des relations commerciales bilatérales équilibrées et durables. Parallèlement, il met en œuvre des solutions internes telles que le renforcement de la surveillance de l’origine des marchandises, le développement du marché intérieur et l’encouragement à l’amélioration de la production et des capacités commerciales des entreprises vietnamiennes.

Cao Thi Phi Vân a souligné que face aux défis, les entreprises doivent considérer cette situation comme une opportunité pour se réinventer, innover et améliorer leur résilience. L’autorité municipale de Hô Chi Minh-Ville, en lien avec le secteur privé, met l’accent sur la diversification des marchés, des produits et des chaînes d’approvisionnement, tout en améliorant la qualité et la compétitivité des biens et services. Elle incite également à tirer pleinement parti des 17 accords de libre-échange (ALE) en vigueur pour étendre l’espace de développement et renforcer la connectivité internationale.

Trois orientations stratégiques pour les entreprises vietnamiennes

Lors de l’atelier, le Dr. Son Trân, professeur adjoint à l’Université SUNY Cobleskill et conseiller auprès du Conseil d’affaires États-Unis-Vietnam, a indiqué que la politique tarifaire américaine évolue : d’une logique de libre-échange, elle passe désormais à un commerce sélectif, fondé sur des considérations stratégiques industrielles et de sécurité nationale. Cette tendance impose au Vietnam de faire face à de nouveaux types de barrières tarifaires, mais aussi à des exigences plus strictes en matière d’origine, de lutte contre le transbordement, de conditions de travail et d’étiquetage.

Face à cette évolution, le Dr. Son Trân a proposé trois orientations stratégiques clés pour les entreprises vietnamiennes.

Cao Thi Phi Vân, directrice adjointe du Centre de promotion des investissements et du commerce de Hô Chi Minh-Ville (ITPC), prend sa parole lors de l'atelier.

Primo, renforcer la conformité douanière : cela implique de normaliser les chaînes d’approvisionnement, de s’assurer du respect des normes d’origine, et d’adopter rapidement les standards américains et européens.

Secundo, passer du modèle OEM à OBM : il est nécessaire d’évoluer d’un modèle fondé sur la sous-traitance vers celui de la création de marques propres, avec des investissements dans l’innovation et la construction de réseaux clients solides.

Tertio, s’engager dans les associations industrielles : les entreprises doivent participer activement aux discussions politiques sectorielles, démontrant ainsi que le Vietnam est un partenaire économique sérieux et fiable.

Il a ajouté que le Vietnam, en parallèle, devrait élaborer une stratégie de marque nationale et sectorielle forte, capable de refléter la qualité, la durabilité, la conformité et la fiabilité des produits. Une telle stratégie permettrait au pays de dépasser son image de simple fournisseur à bas coût, et de se positionner comme un acteur crédible offrant des produits spécialisés et à forte valeur ajoutée, tels que les produits artisanaux, agricoles ou issus de la mer.

Réglementation des droits à l'importation selon les secteurs industriels

Alors que les entreprises vietnamiennes cherchent à "débloquer" le marché américain, Mohammed Selia, Pdg de FulfillPlus, a partagé des informations pratiques sur les règles douanières et les stratégies d’accès au marché.

Un représentant des entreprises discute avec le comité d'organisation lors de l'événement.

Il a précisé que les droits d’importation américains sont payés au moment du dédouanement au port d’entrée, et sont déterminés selon trois critères : le code HTS (Harmonized Tariff Schedule), la valeur déclarée, et l’origine du produit. Le Vietnam ne bénéficiant pas actuellement d’un accord de libre-échange avec les États-Unis, tous les exportateurs vietnamiens doivent s’y conformer rigoureusement.

Selon lui, les entreprises doivent être bien préparées, selon les caractéristiques spécifiques de chaque secteur :

Textile- habillement : soumis à des droits de douane de 10% à 30%, les produits doivent se conformer aux règles d’étiquetage de la Federal Trade Commission (FTC), et faire l’objet d’une classification précise pour éviter les retards ou sanctions.

Meubles et produits en bois : fortement exposés aux droits antidumping, ils doivent se conformer à la loi Lacey, qui encadre l’importation de bois légal. Certains États américains, comme la Californie, imposent en plus des normes strictes en matière de retardateurs de flamme.

Produits agricoles et aquatiques : exigent un enregistrement auprès de la FDA/USDA, une déclaration préalable à l’importation, et le respect de la chaîne du froid.

Marchandises destinées à l'exportation, au port de Cái Mép, dans la province de Bà Ria-Vung Tàu (Sud).
Photo : Ngoc Son/VNA/CVN

Produits artisanaux : généralement peu ou pas taxés, ils doivent cependant éviter les matériaux d’origine animale interdits. Ces produits sont bien adaptés aux plateformes de vente comme Etsy, Amazon Handmade, ou à la vente directe au consommateur (DTC).

Chaussures : les droits d’importation peuvent dépasser 30%, selon les matériaux et la conception. Une préparation documentaire minutieuse est nécessaire pour garantir la conformité.

Il a aussi recommandé de bien comprendre la règle "De Minimis - article 321", qui permet l’importation sans droits de douane de marchandises d’une valeur inférieure ou égale à 800 USD.

Vers un développement durable

Pour réussir à long terme aux États-Unis, M. Selia a souligné plusieurs facteurs déterminants: maintenir un stock local pour une logistique rapide, garantir une qualité constante, investir dans le branding et dans un emballage attrayant, et collaborer avec des partenaires logistiques expérimentés et fiables.

"Comprendre les exigences du marché américain, c’est garantir non seulement l’accès, mais aussi la compétitivité à long terme", a-t-il conclu.

Texte et photos : Tân Dat/CVN

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