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Le Roumain Valentin Constantinescu vit au Vietnam depuis 20 ans. |
Photo : NVCC/CVN |
S’exprimant en vietnamien avec une aisance impressionnante, Valentin dépasse même le débit de nombreux Vietnamiens dans la conversation. Interrogé sur ses enfants, ce gendre de Hanoï répond : “Có tám con” (J’en ai huit), provoquant la surprise avant d’ajouter : “Sáu con chó và hai con mèo” (six chiens et deux chats). Cette réplique humoristique témoigne de son excellent niveau de langue.
Cet homme de 39 ans considère pourtant son vietnamien comme “normal”. “Ma femme dit que je devrais encore mieux parler, car cela fait 20 ans que je vis au Vietnam, plus longtemps que dans mon pays natal, la Roumanie”, confie-t-il.
La langue, un défi surmontable
Valentin est actuellement en voyage à travers le Vietnam. Accompagné de sa femme et de ses chiens, ce périple dure depuis environ un an et demi. Après 14 ans à Hanoï, 5 ans à Hô Chi Minh-Ville et un an et demi de voyage du Nord au Sud, il affirme que plus rien ne l’étonne au Vietnam, hormis la découverte quotidienne de nouvelles subtilités linguistiques.
Arrivé pour la première fois en 2004 en tant qu’étudiant boursier à l’Académie diplomatique (alors Académie des relations internationales), il a passé un an à apprendre le vietnamien à l’École polytechnique de Hanoï (Hanoi University of science and technology-HUST) avant de commencer son cursus universitaire.
“Quand j’ai intégré l’université, mon vietnamien se limitait à des conversations basiques, insuffisant pour comprendre des matières complexes comme la politique, l’économie ou la philosophie. Mais, avec le temps, mes compétences linguistiques se sont améliorées”, raconte-t-il.
Valentin Constantinescu aime la cuisine vietnamienne. Photo : NVCC/CVN |
Valentin souligne que le vietnamien est relativement accessible pour les échanges quotidiens. “Cependant, comprendre les expressions idiomatiques, le sarcasme et les plaisanteries des Vietnamiens représente un véritable défi”, précise-t-il.
Il donne l’exemple du terme “chả”, qui dans les phrases “Chả ai muốn” (personne ne veut) et “Ai chả muốn” (tout le monde désire) a des significations diamétralement opposées. “Ces subtilités viennent avec le temps, une fois qu’on a acquis une base en vietnamien, rendant ainsi l’apprentissage plus fluide”, partage-t-il.
Sur le plan linguistique, Valentin considère que la grammaire roumaine est “la plus complexe au monde”. Aujourd’hui, il maîtrise trois langues couramment : le roumain, l’anglais et le vietnamien, et comprend aussi le français, l’italien et l’espagnol.
Enseignement du vietnamien
En tant que professeur d’anglais, Valentin explique qu’il utilise sa maîtrise du vietnamien pour clarifier certains concepts à ses élèves, facilitant ainsi leur compréhension.
En tant qu’“étranger parlant vietnamien”, il surprend souvent les gens par son niveau de langue. À Hô Chi Minh-Ville, il remarque que les gens sont moins étonnés par son vietnamien qu’à Hanoï, mais s’amusent de son accent du Nord.
“À Hô Chi Minh-Ville, il y a plus d’étrangers qui parlent vietnamien qu’à Hanoï, mais souvent ils ne connaissent que quelques phrases simples. À Hanoï, le nombre d’étrangers maîtrisant bien le vietnamien est plus élevé”, observe-t-il.
Valentin prévoit prochainement d’ouvrir une classe de vietnamien pour les étrangers, en plus de ses cours d’anglais. En tant que polyglotte, il estime que bien que de nombreux manuels existent pour enseigner le vietnamien, leur approche reste souvent “artificielle”.
Il aspire à enseigner de manière naturelle. Selon lui, certaines méthodes semblent décalées, comme les salutations “Chào bạn. Bạn khỏe không ?”, rarement utilisées dans les conversations quotidiennes. “Cette formule est plutôt réservée aux retrouvailles après une longue absence, souvent avec des personnes âgées”.
Il ambitionne de rendre ses cours simples et intuitifs, afin que ses élèves puissent comprendre une conversation entre Vietnamiens après leur formation.
Valentin a visité presque toutes les provinces et villes vietnamiennes. Passionné de voyages, il aime explorer le pays qui l’a accueilli pendant plus de la moitié de sa vie. “Le Vietnam est long, c’est pourquoi chaque province a ses propres caractéristiques, qu’il s’agisse du climat, des accents ou de la gastronomie. Toutefois, une chose reste constante : la personnalité des Vietnamiens est joyeuse, optimiste et accueillante partout”.
Lorsqu’on l’interroge sur ses plats préférés, il répond avec enthousiasme qu’il adore la cuisine vietnamienne. “Pour répondre à cette question, je devrais plutôt dire le contraire. Il n’y a que deux plats que je n’aime pas : le +tiết canh+ (mélange de sang de porc et viscères hachés avec des herbes) et le durian. Le reste, je l’apprécie, même le +bún đậu mắm tôm+ (vermicelles de riz avec tofu frit et sauce de crevettes fermentées)”.
Valentin exprime aussi son amour pour la musique vietnamienne qu’il trouve romantique et souvent centrée sur l’amour. “En 2004, quand je suis arrivé au Vietnam, les premières chansons que j’ai aimées étaient +Hãy về đây bên anh+ (Viens ici avec moi) de Duy Manh et +Chiếc khăn gió ấm+ (Écharpe tiède) de Khánh Phuong. Actuellement, j’aime beaucoup le chanteur Soobin, que je considère comme le Bruno Mars du Vietnam”.
En ce qui concerne la circulation au Vietnam, Valentin se souvient de ses premières impressions à 19 ans : il la trouvait “effrayante”, à cause du grand nombre de motos et des traversées imprudentes. Cependant, après deux décennies, il admet avec humour : “Je fais pareil maintenant”.
“Quand on s’installe dans un nouveau pays, il faut s’adapter”, conclut-il avec un sourire.
Nguyên Thao - Phuong Nga/CVN