De Hanoï à Oxford : le voyage inspirant de Chu Công Son

Passant de l’apprentissage de l’anglais à 20 ans à l’obtention d’un doctorat à l’Université d’Oxford, Chu Công Son participe aujourd’hui à un projet sur les appareils d’imagerie par résonance magnétique (IRM) les plus modernes au monde.

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Chu Công Son est le premier étudiant vietnamien à étudier au collège Harris Manchester.
Photo : CTV/CVN

Après avoir obtenu son diplôme avec distinction en licence et en master à l’Université de Sheffield Hallam, au Royaume-Uni, Chu Công Son, né en 1990 à Hanoï, est devenu le premier Vietnamien à étudier au collège Harris Manchester, une institution prestigieuse de plus de 250 ans, rattachée à l’Université d’Oxford.

Cependant, Son admet qu’il n’était pas un “élève modèle” avant d’intégrer Oxford, l’une des universités les plus renommées au monde. “Pendant mes années de lycée, j’étais plutôt joueur, passionné de basketball, et je séchais souvent les cours”, raconte-t-il.

Capacité d’apprentissage rapide

Toutefois, il se considère chanceux d’avoir une bonne mémoire et une capacité d’apprentissage rapide lorsqu’il se concentre. “Je peux regarder la télévision, écouter de la musique, et mémoriser quatre pages en 15 minutes”, confie-t-il. Ces atouts lui ont permis d’obtenir d’excellents résultats académiques.

Après avoir réussi le concours d’entrée à l’Université des Transports et des Communications, Chu Công Son a reçu une bourse pour l’Université de Sheffield Hallam. Cet événement a marqué un tournant décisif dans son parcours académique, lui permettant de progresser considérablement.

“C’est la première fois que je vis à l’étranger. J’ai pris conscience qu’en l’absence de réalisations notables, il est très difficile de progresser. À ce moment-là, je n’avais aucun accomplissement et je ne savais pas où je me situais, c’est pourquoi j’ai décidé de travailler dur pour pouvoir rivaliser avec les autres”, explique-t-il.

Grâce à ses efforts, deux ans plus tard, Công Son est devenu le meilleur étudiant de son université. Par la suite, il a fini major de sa promotion en master à l’Université de Sheffield Hallam. C’était remarquable pour un étudiant vietnamien qui venait d’arriver en Angleterre pour étudier.

“Mais combien de fois dans la vie a-t-on l’opportunité de rêver grand ? Comme l’a dit l’ancien Premier ministre britannique Winston Churchill : + Maintenant, ce n’est pas le moment pour les choses faciles et confortables. C’est le moment pour des défis et du courage. + Cette citation m’a donné la motivation nécessaire pour sortir de ma zone de confort”, partage Công Son.

Par la suite, il a décidé de se lancer un nouveau défi en postulant à l’Université d’Oxford et a été accepté en doctorat. Il est ainsi devenu le premier étudiant vietnamien à étudier au collège Harris Manchester.

Chu Công Son a inventé avec succès une bobine RF, utilisée pour l’imagerie cérébrale dans un appareil d’IRM fonctionnant à un champ magnétique de 11,7 Tesla.
Photo : CTV/CVN

Étudier dans cette prestigieuse institution mondiale a profondément changé la vision de Công Son. “Par exemple, lors d’un dîner formel, j’ai été impressionné par l’utilisation des couverts et le comportement à table de mes amis issus de la noblesse. Bien qu’ils ne parlent pas beaucoup d’eux-mêmes, ils dégagent une distinction, une politesse et un raffinement remarquables. Je ne ressens pas de complexe par rapport à mes origines, mais je comprends qu’il est important de s’inspirer de leurs qualités et de leur élégance pour apprendre et progresser”.

Au cours de sa première année à l’Université d’Oxford, Công Son a été “choqué” de constater que l’apprentissage se fait principalement de manière autodidacte. “Les professeurs ne prennent pas la main des étudiants ni ne leur enseignent les bases. Ils mentionnent simplement les matières et les domaines à explorer, laissant aux étudiants le soin de lire et de rechercher par eux-mêmes. C’est pourquoi l’Université d’Oxford recrute toujours des individus exceptionnels et talentueux”.

Công Son n’a jamais éprouvé de découragement face à ces défis. Pendant son séjour à l’Université d’Oxford, il a choisi de se concentrer sur la recherche liée à l’application des métamatériaux dans la transmission d’informations dans des environnements conducteurs. Contrairement à de nombreuses universités moins prestigieuses, où la recherche est souvent “améliorée” à partir d’études “classiques”, les institutions de premier plan comme l’Université d’Oxford comptent souvent des professeurs qui sont des pionniers dans leurs domaines. Selon Son, c’est un avantage, car la concurrence est moins intense. Étant le premier à explorer de nouvelles pistes, ses recherches sont automatiquement reconnues.

Après une année sous la direction de son professeur à l’Université d’Oxford, ses recherches ont donné de bons résultats. Pendant son séjour à Oxford, il a publié six articles dans des revues scientifiques et s’est exprimé lors de 11 conférences internationales.

Inventeur de la bobine RF

Après avoir terminé sa thèse de doctorat en 2020, Son est devenu chercheur postdoctoral à l’Université de Glasgow, où il a changé d’orientation pour se spécialiser dans les dispositifs médicaux. Là, il a inventé avec succès une bobine RF d’une valeur de plus de 12 milliards de dôngs, utilisée pour l’imagerie cérébrale dans un appareil d’IRM fonctionnant à un champ magnétique de 11,7 Tesla.

C’est le type d’IRM le plus puissant au monde à ce jour, développé et perfectionné par la France pendant 20 ans. Le jeune Vietnamien a été “commandé” pour concevoir cette bobine RF au début de l’année 2021.

Il a avancé prudemment, devant non seulement garantir l’efficacité, mais aussi respecter des normes médicales strictes. Après près de deux ans de recherche et d’essais, et plusieurs moments de doute sur sa capacité à réussir, la première bobine a été achevée et remise au client en France en août 2022.

Cette recherche a ensuite été publiée en couverture de la revue Magnetic Resonance in Medicine. En septembre 2023, il a remis la deuxième bobine RF, avec des améliorations significatives en termes de structure et de performance, augmentant le signal et réduisant le bruit.

Avec ces résultats, Chu Công Son a reçu une invitation à mener des recherches pour le gouvernement britannique sur un projet de développement d’un appareil d’IRM à l’Université de Nottingham, destiné à l’imagerie de molécules de carbone, de phosphore, etc. Ce projet bénéficie d’un financement gouvernemental pouvant atteindre 38 millions de livres.

En réfléchissant à son parcours, Son constate que le succès dépend avant tout des choix personnels. Bien que le rythme de chacun soit différent, la persévérance finit par porter ses fruits.

“Il est important de choisir de s’engager et d’être prêt à investir du temps dans ses passions. Comme moi, qui ai passé des journées entières à jouer au basketball jusqu’à 21 ans, puis j’ai arrêté pour commencer à apprendre l’anglais afin de me préparer à mon voyage d’études, même si cela était bien plus tard que mes camarades”, estime Công Son. Et d’ajouter : “Mais grâce à cela, j’ai eu la chance de me retrouver dans la pièce où Einstein a travaillé, admirant le célèbre tableau noir avec les équations reliant la densité, l’âge et la taille de l’univers, et de voir la première carte de la Terre du Milieu esquissée par Tolkien”.

Bien que le chemin vers le succès n’ait jamais été facile, selon Chu Công Son, cela ne signifie pas que c’est une porte fermée. L’essentiel est de ne pas abandonner et de “continuer d’avancer, les opportunités finiront par se présenter”.

Thuy Nga - Phuong Nga/CVN

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