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Financer autrement pour innover mieux
Nguyên Thi Thu Hiên, responsable du Service du régime et de contrôle financiers, Département des finances et de la gestion des investissements, Bureau du Comité central du Parti
La Résolution No57 marque un tournant dans la manière de financer les recherches scientifiques et technologiques. Le passage d’un modèle de subvention directe à des mécanismes de commande publique, d’attribution de missions ou d’appels d’offres ouvrira la voie à une meilleure efficacité des investissements et à une recherche de qualité.
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Au Centre d’application des sciences et technologies de Lâm Dông. |
Photo : VNA/CVN |
Le cadre de financement public demeure trop rigide. L’absence de flexibilité budgétaire, la faible tolérance au risque et la propriété étatique des résultats de recherche freinent l’innovation. Des procédures de contrôle excessivement lourdes étouffent la recherche fondamentale, pourtant indispensable à toute percée scientifique.
Plusieurs pistes peuvent être explorées : optimiser l’utilisation des fonds publics via des mécanismes de financement forfaitaire ; intégrer une gestion plus souple du risque ; moderniser les fonds de soutien à la recherche ; mobiliser des ressources alternatives comme le capital-risque ou le financement participatif.
La valorisation des résultats scientifiques peut passer par des réformes ciblées : renforcement de la propriété intellectuelle, amélioration des dispositifs d’évaluation technologique, soutien aux incubateurs spécialisés et extension des partenariats public-privé.
Donner corps à la Résolution No57 nécessite une impulsion d’ensemble : refonte du système financier, renforcement du professionnalisme et de la trans-parence dans les appels d’offres, mise en place d’incitations fortes pour attirer les capitaux privés et accélérer la maîtrise technologique.
Le mécanisme de gestion financière des activités scienti-fiques et technologiques doit être cohérent, adapté et non contradictoire avec les autres réglementations. La décentralisation et la délégation de pouvoir en matière de dépenses nécessitent une répartition claire des responsabilités, sans chevauchement. Les normes de dépenses ont vocation à s’appuyer sur la réalité des activités scientifiques et technologiques, et à évoluer régulièrement en fonction du marché et du contexte socio-économique.
Il est également essentiel que les autorités publiques simplifient et harmonisent les procédures d’approbation des plans et des budgets prévisionnels, afin de permettre aux chercheurs de se consacrer pleinement à leur travail et de produire des résultats à la fois efficaces et de qualité.
État, entreprise, université : l’alliance nécessaire
La Pr. associée-Dr. Nguyên Ngoc Hà, directrice de l’Institut de recherche sur l’innovation, Université du commerce extérieur
L’innovation et le transfert technologique sont devenus des leviers essentiels dans un environnement mondial hautement concurrentiel. Le Vietnam enregistre des avancées notables : progression dans l’Indice mondial de l’innovation, essor de l’écosystème start-up, arrivée d’acteurs technologiques internationaux.
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Laboratoire de recherche en nanotechnologie de l'Université nationale de Hô Chi Minh-Ville. |
Photo : VNA/CVN |
Cependant, les dépenses en R&D demeurent limitées, représentant seulement 0,42% du PIB, loin des standards internationaux. La majorité des entreprises nationales sous-estiment encore l’importance stratégique de la recherche, ce qui se traduit par des investissements fragmentés, peu structurés et souvent inefficaces.
De plus, le cadre de soutien à l’innovation reste fragile : lourdeurs administratives, protection juridique insuffisante, manque d’incitations à innover sur le long terme, et faible coordination entre les parties prenantes.
Pour améliorer cette situation, une réforme institutionnelle d’envergure s’impose, accom-pagnée d’une stratégie ambitieuse de formation de talents. Les entreprises doivent être encouragées à investir massivement dans la R&D, à intégrer une culture de l’innovation et à s’inscrire dans un écosystème articulé autour de trois piliers : État, universités et entreprises, en interaction constante et constructive.
La recherche scientifique impli-que des incertitudes majeures, tant pour les institutions que pour les individus. Lorsqu’elle est financée par des fonds publics, la crainte de l’échec pousse souvent les chercheurs à viser des objectifs prudents, limitant ainsi l’impact potentiel de leurs travaux sur le progrès socio-économique.
L’acceptation du risque dans la recherche scientifique, conformément à l’esprit de la Résolution No57, est indispensable pour permettre l’émergence de recherches audacieuses et transformatrices. C’est ce qui donne aux chercheurs la liberté d’explorer des idées nouvelles, porteuses de ruptures. Mais prendre des risques ne signifie pas relâcher l’exigence. À chaque étape - conception, évaluation, validation -, la rigueur doit rester de mise, afin d’éviter les dérives et de protéger les intérêts publics et privés.
Faire de la science “le flambeau qui éclaire la voie” du dévelop-pement durable suppose un cadre institutionnel ouvert, où chercheurs et entreprises peuvent expérimenter, innover, collaborer et même prendre des risques, dans un environnement juridique clair, stable et protecteur.
Thúy Lan/CVN