Fusion des provinces : cap sur la croissance

Le Vietnam engage une transformation administrative inédite : réduction de 63 à 34 villes et provinces, et instauration d’une gouvernance locale à deux niveaux. Une réforme audacieuse pour insuffler un nouvel élan au développement du pays.

La réduction du nombre de villes et provinces est le fruit d’une réflexion approfondie et systématique menée sur de nombreuses années.
Photo : VNA/CVN

Le 12 juin, l’Assemblée nationale a adopté une résolution majeure portant sur la fusion des localités, réduisant le nombre d’unités administratives provinciales et municipales de 63 à 34. Cette réforme s’accompagne de l’instauration d’un modèle simplifié de gouvernance locale à deux niveaux - provinces et communes - avec la suppression du niveau intermédiaire des districts. Les nouvelles structures entreront en vigueur dès le 1er juillet 2025, alignant ainsi le pays sur un système de gouvernance à trois niveaux conforme aux standards internationaux.

Désormais, le Vietnam compte 34 unités administratives provinciales, dont 28 provinces et six villes. Parmi elles, 19 ont été recomposées à la suite de cette fusion. Onze, comprenant Cao Bang, Diên Biên, Lai Châu, Lang Son, Son La, Quang Ninh, Hanoï, Thanh Hoa, Nghê An, Hà Tinh et Huê, restent inchangées et ne sont pas concernées par cette réorganisation.


C’est la première fois en près de 50 ans que le Vietnam atteint un nombre aussi réduit d’unités provinciales. Cette décision dépasse la simple réorganisation administrative ; elle marque une étape importante de réforme, signalant un profond changement dans la conception de la gouvernance nationale à l’ère de l’intégration et du développement durable.

Depuis la réunification en 1975, le pays a régulièrement ajusté sa carte administrative, souvent en multipliant les subdivisions pour répondre aux besoins locaux, dans un contexte de ressources limitées. La réorganisation des unités administratives de niveau provincial en 2025 représente un virage stratégique profond. Elle ne repose plus seulement sur des critères géographiques, mais intègre désormais des facteurs modernes essentiels : la connectivité régionale, l’efficacité économique, le potentiel urbain, les infrastructures, les dimensions socioculturelles, et surtout, une vision nationale cohérente du développement.

Hô Chi Minh-Ville vue du ciel : un symbole urbain en pleine mutation administrative.
Photo : VNA/CVN

La réduction du nombre de villes et provinces est le fruit d’une réflexion approfondie et systématique menée sur de nombreuses années. Il s’agit d’un choix audacieux et clairvoyant du Parti et de l’État visant à rationaliser l’appareil, à économiser le budget, à renforcer la décentralisation vers les localités, tout en créant les conditions propices à de nouveaux pôles de croissance d’envergure et compétitifs aux niveaux régional et international.


Le 30 juin, le Vietnam dévoilera officiellement les organes dirigeants des provinces. Cette réorganisation majeure instaure un modèle d’administration à deux niveaux (province et commune), remplaçant l’ancien système à trois échelons. Cette simplification devrait permettre de supprimer environ 250.000 postes et de réaliser plus de 190.000 milliards de dôngs d’économies entre 2026 et 2030.

La décision, émanant du 11e plénum du Comité central du PCV, vise à rationaliser l’appareil d’État et l’administration territoriale. Le nouveau modèle se composera de la province (incluant les villes relevant de l’autorité centrale) et de la commune (regroupant les communes, quartiers et zones spéciales). Les districts disparaîtront, laissant place à une gouvernance plus efficace.

Avec un total de 34 provinces et villes après fusion, le nombre de communes et de quartiers sera réduit de 60 à 70%. Le niveau provincial assumera un double rôle : celui d’appliquer les directives centrales et d’élaborer des politiques adaptées aux réalités locales. Les communes, quant à elles, se concentreront sur la mise en œuvre des mesures décidées aux échelons supérieurs.

Le secrétaire général du Parti communiste du Vietnam, Tô Lâm, a souligné que “cette réforme doit garantir une administration plus légère, plus efficace et plus proche des citoyens, tout en répondant aux exigences d’une gouvernance moderne. L’objectif est d’atteindre une croissance rapide et durable, de renforcer la défense nationale, la sécurité et les relations internationales, de stimuler le développement économique, particulièrement dans le secteur privé, d’accélérer les progrès scientifiques, technologiques et l’innovation tout en améliorant les conditions de vie de la population”.

Le vice-président de l’Assemblée nationale, Nguyên Khac Dinh, a salué cette résolution qu’il considère comme une “étape historique”. Elle marque, selon lui, “le début d’une réforme institutionnelle radicale, posant les bases constitutionnelles d’un système politique plus efficace et plus souple”. Il a souligné que cette avancée ouvrirait la voie à la construction d’un Vietnam puissant et prospère, où les citoyens vivraient heureux.

Moins d’unités, plus de proximité : une réforme pensée pour simplifier les démarches et rapprocher l’administration des citoyens. 
Photo : VNA/CVN

La ministre de l’Intérieur, Pham Thi Thanh Trà, a qualifié cette décision de “révolution organisationnelle”, insistant sur l’engagement unifié et résolu de l’ensemble du système politique. “Il s’agit d’un formidable effort collectif de la part des comités du Parti, des autorités locales, et surtout du soutien enthousiaste de la population et des électeurs de tout le pays”, a-t-elle affirmé.


Les députés ont unanimement exprimé leur soutien à la réforme, soulignant que de nombreuses petites localités ont atteint leurs limites de développement. Les investissements, souvent dispersés, peinent à générer des résultats probants.

Dans ce contexte, la consolidation des territoires apparaît comme une mesure stratégique et urgente. Elle vise à renforcer la gouvernance, à réorganiser l’espace de développement pour plus de cohésion, tout en exploitant les économies d’échelle et en optimisant l’utilisation des ressources.

Trân Hoàng Ngân, député de Hô Chi Minh-Ville, a rappelé que depuis 1975, le Vietnam a procédé à trois ajustements majeurs de sa structure administrative provinciale, passant de 38 à 63 unités, soit une hausse de 66%. “À l’ère de l’industrie 4.0, marquée par l’Internet des objets, l’intelligence artificielle, le big data et la transformation numérique, nous disposons désormais des outils indispensables pour optimiser la gouvernance, réduire les contraintes budgétaires et accroître l’efficacité administrative”, a-t-il souligné.

Selon lui, réduire le nombre de localités de 63 à 34 ne se limite pas à alléger la charge fiscale. Cette démarche ouvre surtout un nouvel espace dynamique pour le développement. “La fusion des territoires ne consiste pas seulement à augmenter leur superficie ou leur population, elle agit comme un multiplicateur sur le Produit intérieur brut (PIB)”, a-t-il expliqué.

Le député a pris l’exemple de Hô Chi Minh-Ville, où la fusion de trois zones clés - la capitale industrielle de Bình Duong, le pôle logistique maritime de Bà Ria-Vung Tàu, ainsi que le centre économique, financier et scientifique - a formé un véritable “triangle d’or” national. “Cette nouvelle entité contribue déjà à hauteur d’un quart du PIB national et à un tiers des recettes budgétaires, avec un potentiel de croissance encore plus important”, a-t-il précisé.

Un pays redessiné : la nouvelle carte administrative concrétise une restructuration historique. 
Source : VnExpress/CVN

Nguyên Thi Thu Hà, députée de Quang Ninh (Nord), a qualifié cette réforme de politique majeure, indispensable pour perfectionner l’organisation administrative de l’État. Elle vise à renforcer la rationalisation, l’efficience et la mise en œuvre des orientations du Parti et de l’État.

Cette réorganisation territoriale s’inscrit selon elle dans une stratégie globale. Elle a pour but d’ajuster l’espace de développement national en harmonie avec la restructuration économique, la réallocation des ressources et l’amélioration des capacités de gouvernance et de compétitivité du Vietnam.

D’après Nguyên Thi Thu Hà, les provinces fusionnées, plus vastes et diversifiées sur les plans naturel et social, “offrent un cadre favorable à l’élaboration de plans de développement ambitieux, à l’attraction d’investissements et à la réorganisation durable des espaces de production et de services”. Cette réforme constitue également une opportunité pour “accélérer la modernisation institutionnelle et améliorer la qualité des services publics”.


Toutefois, la députée a averti que la mise en place de cette réorganisation rencontrera des obstacles, notamment la gestion des sièges administratifs redondants, la restructuration des effectifs et la gestion des rémunérations. Sur plus de 38.000 postes publics répartis dans 52 provinces concernées, 4.226 devraient être supprimés. Il est crucial d’encadrer strictement la réaffectation, la conversion ou la cession de ces locaux afin d’éviter le gaspillage.

Elle a également insisté sur la nécessité d’une politique visant à stabiliser les conditions psychologiques, professionnelles et de vie des plus de 447.000 cadres, fonctionnaires et employés concernés, notamment dans les zones aux conditions géographiques complexes.


Source : Vnexpress/CVN

Nguyên Huu Thông, député de Binh Thuân (Centre), a qualifié cette réforme d’occasion unique de repenser profondément les modèles de développement régional en redistribuant population, infrastructures et investissements selon une nouvelle vision stratégique. “Cette dynamique contribuera de manière significative aux objectifs de croissance rapide et durable du pays”, a-t-il affirmé.

Il a également plaidé pour l’adoption rapide de mesures relatives à l’emploi et aux prestations sociales des fonctionnaires affectés par la restructuration. Des programmes de reconversion, d’accompagnement à la réinsertion professionnelle et de soutien aux conditions de vie des personnels relocalisés sont essentiels. “L’amélioration des infrastructures, en particulier dans les territoires récemment agrandis, demeure également une priorité”, a-t-il ajouté.

Nguyên Minh Tâm, représentant de Quang Binh (Centre), a exprimé les préoccupations de ses administrés concernant la possible disparition des indications géographiques, notamment celles associées à des marques reconnues nationalement et internationalement. Ces labels, véritables “passeports” garantissant la qualité et la réputation des produits liés à des conditions naturelles et un savoir-faire local, sont cruciaux pour valoriser les exportations et renforcer l’identité nationale. Il a donc appelé le gouvernement “à mettre en place des mesures pour préserver ces valeurs culturelles et historiques lors de la réorganisation administrative”.

La ministre Pham Thi Thanh Trà a souligné la portée historique de cette décision de l’Assemblée nationale. “L’objectif ultime de cette restructuration est de favoriser le développement national et de bâtir un Vietnam prospère, civilisé, où chaque citoyen pourra jouir d’une vie heureuse”, a-t-elle affirmé.

Thúy Hà/CVN

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