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Photo : VGP/CVN |
Alors que les nations du monde entier sont confrontées au double défi du changement climatique et de la pollution plastique, des solutions nouvelles et éprouvées sont nécessaires. Le co-traitement est l’une de ces solutions, de plus en plus reconnue comme un outil utile pour la transition vers une économie circulaire.
Cette technologie utilise les déchets non recyclables comme substitut aux combustibles fossiles et aux matières premières dans les industries énergivores comme la production de ciment. Le co-traitement peut contribuer à la gestion des déchets non recyclables, à la réduction de la dépendance aux combustibles fossiles et à la diminution des émissions.
Pour les pays en développement dont les flux de déchets augmentent, comme le Vietnam, ce procédé représente un levier de changement immédiat et concret, à condition qu’il soit mis en œuvre dans le cadre d’une approche globale privilégiant la réduction, la réutilisation et le recyclage des déchets, et qu’il soit soutenu par une réglementation rigoureuse et un suivi rigoureux et régulier.
Une solution gagnant-gagnant
Les avantages du co-traitement sont identifiables sur les plans environnemental, économique et climatique :
Environnement : Le co-traitement permet d’éliminer en toute sécurité les déchets non recyclables dans des fours à ciment, où des températures extrêmes (supérieures à 1.450°C) peuvent assurer la destruction complète des polluants. Contrairement à la valorisation énergétique des déchets (VDE), il ne produit pas de cendres résiduelles, car les composants des déchets sont intégrés au ciment final.
Aspects économiques : Il peut s’agir d’une solution rentable pour l’industrie et les municipalités. Les entreprises économisent de l’argent en remplaçant le charbon coûteux par des déchets, tandis que les municipalités peuvent utiliser les cimenteries existantes et éviter les coûts d’investissement élevés liés à la construction de nouvelles installations de traitement des déchets.
Climat : En remplaçant les combustibles fossiles, le co-traitement réduit les émissions de gaz à effet de serre (GES). En Europe (y compris en Norvège), où cette pratique est répandue, jusqu’à 75% du combustible traditionnel utilisé dans la production de ciment est remplacé par des déchets.
En Inde, le co-traitement a été déployé à grande échelle dans plusieurs cimenteries, avec des réductions avérées de la consommation de combustibles fossiles, des émissions de gaz à effet de serre et de la dépendance aux décharges.
Confiance scientifique et expérience mondiale
La science le confirme. Des partenaires comme la SINTEF, l’un des plus grands instituts de recherche européens, ont démontré que les fours à ciment peuvent détruire complètement et en toute sécurité les polluants organiques.
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La représentante résidente du PNUD au Vietnam, Ramla Khalidi. Photo : VGP/CVN |
Le Dr. Kåre Helge Karstensen, scientifique en chef du SINTEF et responsable du projet OPTOCE (Ocean Plastic Turned into an Opportunity in Circular Economy), souligne : "Le Vietnam investit dans des unités de valorisation énergétique des déchets (1.400 MW prévus), mais le co-traitement dans les fours à ciment offre une solution plus rapide et moins coûteuse pour réduire la consommation de charbon, limiter les fuites et soutenir les objectifs d’économie circulaire". Cette méthode évite les risques environnementaux liés à l’incinération et, lorsqu’elle est correctement gérée, ne produit ni cendres ni émissions toxiques.
Cependant, des mesures de protection sont essentielles, et le déploiement réussi du co-traitement n’est possible que s’il est soutenu par : des cadres réglementaires solides et des contrôles opérationnels stricts, essentiels pour garantir la sécurité du fonctionnement des installations et la destruction complète des polluants par le processus d’incinération à haute température ; une surveillance en temps réel et une vérification indépendante des émissions pour garantir le respect des normes environnementales nationales, ce qui renforce la confiance du public et atténue les risques potentiels pour la santé.
Pas une solution miracle, mais une pièce maîtresse du puzzle.
Comme la valorisation énergétique des déchets, le co-traitement n’est pas une solution isolée. Il doit s’inscrire dans une stratégie d’économie circulaire plus large qui privilégie la prévention, la réutilisation et le recyclage.
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Hilde Solbakken, ambassadrice de Norvège au Vietnam. |
Photo : BCP/CVN |
Le co-traitement est particulièrement efficace pour les déchets résiduels non recyclables, garantissant ainsi la préservation de ressources précieuses, conformément à la hiérarchie des déchets, qui privilégie la réduction des déchets à la source grâce à l’éco-conception. Réutilisation et intensification du recyclage.
Le Vietnam produit près de quatre millions de tonnes de déchets plastiques par an, dont une grande partie est non recyclable et risque fort de finir dans des décharges ou dans l’océan. Pour des provinces comme Quang Ninh, qui développe ses capacités de valorisation énergétique des déchets, l’opportunité réside dans l’adoption d’une combinaison de solutions complémentaires pour gérer les différents flux de déchets.
Avec plusieurs cimenteries déjà en activité dans la province, le co-traitement pourrait constituer une solution pratique et complémentaire aux plans de valorisation énergétique des déchets de la province, offrant un moyen plus rapide et plus rentable de réduire la dépendance aux décharges et de diminuer les émissions.
Un modèle local pour un changement national
Notre collaboration à Quang Ninh a démontré ce potentiel de manière concrète. Depuis des années, le PNUD et l’ambassade de Norvège travaillent avec la province sur la collecte et le tri des déchets, notamment en soutenant les travailleurs informels du secteur des déchets et en pilotant le co-traitement à la cimenterie de Lam Thach. Cette expérience démontre que des solutions techniques peuvent être intégrées avec succès dans des approches inclusives et communautaires.
Le leadership de Quang Ninh a une vision claire. Vision pour la gestion des déchets et la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Le cotraitement dans l’industrie du ciment pourrait leur donner un outil supplémentaire pour atteindre ces objectifs plus rapidement et à moindre coût.
Avec le soutien du PNUD, de la Norvège et d’autres partenaires, Quang Ninh pourrait devenir un modèle national de gestion circulaire des déchets, intégrant innovation, protection de l’environnement et efficacité économique.
Perspectives d’avenir
Le cotraitement n’est pas une solution miracle. Mais dans le cadre d’une stratégie plus large de gestion des déchets et d’économie circulaire, il peut jouer un rôle complémentaire essentiel. Associé à la valorisation énergétique des déchets, à l’intensification du recyclage et à la réduction des déchets à la source, il offre au Vietnam un moyen plus rapide et plus abordable de transformer les déchets résiduels en ressources.
Nous nous réjouissons de poursuivre le dialogue et la collaboration, et de soutenir le Vietnam dans sa démarche vers un avenir plus propre et plus vert.
VNA/CVN