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Collecte des déchets microplastiques sous-marins dans la commune de Nhon Hai, ville de Quy Nhon, province de Binh Dinh (aujourd'hui province de Gia Lai) dans le Centre du Vietnam. |
Photo : VNA/CVN |
Cette recherche contribue à fournir des données de terrain et à constituer une base scientifique essentielle à l'élaboration de politiques et de solutions visant à réduire la pollution par les déchets plastiques dans les zones côtières du Vietnam.
La nouveauté de ce sujet est marquée par l’application du suivi et de l'observation du mouvement d'objets dérivant au gré du courant, à l'aide de bouées dérivantes GPS, combinées à des modèles hydrodynamiques.
L'équipe de recherche a également organisé les premiers sites de collecte de données avec des stations de surveillance dans la baie de Nha Trang (province de Khanh Hoa), à Binh Thuân (aujourd'hui province de Lâm Dông), notamment à l'embouchure des rivières Cai et Tac, ainsi que dans les zones de mer directement touchées par la mousson.
Des enquêtes de terrain, des collectes et des analyses ont montré que la pollution par les débris de grande taille est présente en forte densité, particulièrement grave dans des zones sensibles telles que le port de Phan Ri, la plage de Chi Công (province de Lâm Dông), Phan Thiêt, Sa Ky et My A (Quang Ngai), et Ninh Thuân (aujourd'hui Khanh Hoa). Dans près de 90% des sites étudiés, on observe des débris de grande taille, dont 45% fortement pollués, 33% légèrement pollués et seulement 9% jugés relativement propres.
Les résultats de ces recherches ont été publiés dans des revues scientifiques nationales et internationales prestigieuses, confirmant l'intérêt pratique de la simulation, de la surveillance et de la prévision de la dérive des déchets plastiques. Deux articles internationaux de grande qualité ont été publiés dans la revue Ocean Science, catégorie SCI-Q1 (IF : 5,9). Le groupe s'est concentré sur la description des caractéristiques des courants de surface sur la côte Centre-Sud, à partir de données radar haute fréquence combinées à des modèles numériques, fournissant des explications sur le mécanisme de transport et d'accumulation des déchets plastiques dans la région. Ces études ont également permis de clarifier le rôle des courants, des marées et des rivières dans la formation du phénomène de remontée d'eau au large des côtes du Sud du Vietnam, un facteur important influençant le processus de dispersion ou d'accumulation des déchets plastiques en mer.
Nguyên Duc Thinh a expliqué que la nouveauté de ce sujet réside dans la première application du suivi Lagrangien (observation du mouvement d'objets dérivant le long du courant) à l'aide de bouées dérivantes GPS combinées à des modèles hydrodynamiques, pour analyser en détail la trajectoire, la portée de dispersion et les zones d'accumulation de microplastiques.
L'équipe a également construit une carte des flux réels à partir de données sur le terrain, combinée à un modèle de calcul des courants marins basé sur des données météorologiques internationales. Elle a analysé les différences notables entre les moussons du Nord-Est et du Sud-Ouest sur les mécanismes de transport et d'accumulation des microplastiques, et les a reliées à des sources d'émission spécifiques (aquaculture, tourisme, ports maritimes).
L'équipe a collaboré avec le Docteur Vu Duy Vinh (Institut des sciences et technologies pour l'énergie et de l'environnement, Académie des sciences et technologies du Vietnam), sous la direction du Professeur Alexei Sentchev (Institut de recherche pour le développement, France), pour fabriquer elle-même la coque de protection du GPS. L'équipe a utilisé des tuyaux en PVC comme corps de bouée et installé des dispositifs de positionnement GPS Trace importés de France. Chaque bouée artisanale coûte environ 80 USD.
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Alexei Sentchev, membre de l'équipe de recherche, se prépare à larguer une bouée dérivante GPS. |
Photo : VNA/CVN |
Selon Nguyên Duc Thinh, pour la première fois au Vietnam, les deux méthodes utilisant des données de terrain et une technologie de modélisation moderne sont combinées et intégrées de manière synchrone, pour simuler le parcours des déchets plastiques océaniques par saison et par embouchure de rivière. Cette méthode améliore non seulement la précision des résultats, mais ouvre également la possibilité d'une application directe à la prévision et à la gestion des déchets plastiques dans les zones côtières de notre pays.
Il a indiqué que le groupe avait également rencontré de nombreuses difficultés : les bouées flottantes étaient souvent ramassées par les pêcheurs ou prises accidentellement dans les filets de pêche. La plupart de ces bouées étaient endommagées avant que le groupe ne puisse les récupérer, en partie par curiosité, bien que les bouées indiquassent clairement les informations du projet et les coordonnées. Cela limite considérablement la quantité de données collectées et augmente les coûts.
Une carte d'alerte précoce des zones potentielles d'accumulation de débris de grande taille
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Bouées dérivantes GPS en laboratoire. |
Photo : VNA/CVN |
À l'avenir, l'équipe continuera d'étendre ses recherches à d'autres zones côtières ayant des caractéristiques océanographiques similaires, afin de comparer et d'évaluer la possibilité de généraliser le modèle. On intègrera les données de terrain aux images de télédétection et aux données ouvertes internationales afin d'améliorer la capacité à prédire la dispersion des débris de grande taille. Parallèlement, on continuera d'ajouter de nouvelles fonctionnalités au modèle open source, notamment la simulation de marées noires et de la propagation d'autres polluants, afin d'élargir son champ d'application ; elle collaborera notamment avec les autorités locales et les communautés de pêcheurs pour déployer un système de surveillance des déchets microplastiques, associé à une communication de sensibilisation.
Enfin, les résultats et la technologie seront transférés aux agences de gestion de l'environnement, ainsi qu'aux universités et aux instituts de recherche, afin de contribuer à l'enseignement, à la recherche et à la gestion des ressources marines. Une carte d'alerte précoce des zones potentielles d'accumulation de débris de grande taille sera alors élaborée, ce qui facilitera la gestion de l'environnement marin et la planification des activités socio-économiques dans les zones côtières.
Tu Linh/CVN