>> Thông Linh, une combinaison parfaite de sculpture et de lumière
>> L’artisan Ngô Xuân Binh sublime la céramique avec des œuvres monumentales
L’exposition Hiên Linh est un espace où l’on se plonge profondément dans la culture et la vitalité de la céramique vietnamienne. |
Au Musée de Hanoï, un espace d’exposition soigneusement conçu, à la fois unique et novateur, a accueilli plus de 200 œuvres monumentales en céramique. Magnifiquement agencées, ces pièces exceptionnelles mettent en lumière le talent artistique et l’imagination débordante de l’artiste Ngô Xuân Binh.
Certaines de ces œuvres monumentales, pesant plus d’une tonne, sont équipées de puces d’identification utilisant la technologie blockchain et NFT, créant ainsi une identité numérique unique pour chaque pièce.
Pour M. Xuân Binh, l’art de la céramique ne se limite pas à sa fonction utilitaire ou décorative. Il a cherché à repousser les limites de cette discipline en créant des œuvres monumentales, à la fois audacieuses et porteuses de sens. “Lors de mes visites dans des musées dédiés à la céramique à travers le monde, j’ai constaté une abondance d’objets utilitaires et décoratifs. Les sculptures d’un seul bloc, de grande envergure, sont rarissimes”, a expliqué-t-il.
Ce constat se vérifie particulièrement au Vietnam. Les collections exposées se composent principalement de bols, de vases ou de plats. Les sculptures représentant des créatures légendaires comme les dragons, les phénix ou les nghê (un animal imaginaire qui ressemble à un lion), emblématiques de l’imaginaire vietnamien, sont rares. “Cette lacune m’a motivé à entreprendre un projet ambitieux : redonner vie à ces figures mythologiques à travers des œuvres céramiques monumentales”, a insisté -t-il.
Connexion avec la matière
Pour cet artiste, l’argile n’est pas seulement une matière première ; elle est le symbole d’un cycle de vie universel. “L’argile, c’est la terre. Nous venons de la terre, nous y vivons, et nous y retournons. Chaque fois que je travaille cette matière, je ressens une énergie profonde, une connexion sacrée entre le ciel, la terre et moi-même”.
Pour M. Xuân Binh, l’art de la céramique ne se limite pas à sa fonction utilitaire ou décorative. |
Cette approche intime et spirituelle se reflète dans le choix des sujets : des créatures légendaires comme les dragons, les phénix, les qilins, les nghê, les grues… incarnant la richesse du patrimoine vietnamien. “Je veux que ces sculptures soient tangibles, que les gens puissent les toucher, les sentir et établir un lien direct avec elles”.
Réaliser des sculptures monumentales en céramique exige une parfaite maîtrise technique. Avant de concevoir cette collection, l’artiste a consacré beaucoup de temps à l’étude des créatures issues des légendes vietnamiennes, en explorant leur symbolisme, leurs valeurs culturelles, ainsi que les techniques de fabrication de la céramique, tant anciennes que modernes.
“L’argile impose des contraintes spécifiques”, a souligné Ngô Xuân Binh. “Les proportions sont soigneusement étudiées pour éviter l’effondrement, surtout lorsque certaines parties s’élancent dans l’espace”.
Une oeuvre de Ngô Xuân Binh. |
La cuisson, étape cruciale, est un autre défi de taille. Les sculptures, pesant parfois plusieurs tonnes, doivent atteindre une solidité proche de la porcelaine, tout en permettant aux émaux de couler harmonieusement. L’artiste a exploré les émaux traditionnels vietnamiens, tels que le brun, le bleu, le craquelé, le jade et le blanc, qu’il a appliqués en couches superposées, contrôlant leur écaillage et fusion pour obtenir des effets texturés et visuels fascinants.
Entre tradition et modernité
Lors de l’inauguration de l’exposition Hiên Linh, Dô Dình Hông, directeur du Service de la culture et des sports de Hanoï, a souligné : “Les œuvres de Ngô Xuân Bính reflètent une quête créative pour promouvoir la riche histoire de la céramique vietnamienne”. Il a ajouté : “Cette exposition incarne la préservation des valeurs culturelles ancestrales, reliant passé et présent, tout en diffusant des traditions dans un cadre contemporain. Elle incarne la maîtrise technique, la créativité et la profondeur spirituelle de notre peuple”.
Une oeuvre de Ngô Xuân Binh. |
Homme aux talents multiples
Né en 1957 à Vinh, dans la province de Nghê An, Ngô Xuân Binh est une figure exceptionnelle, reconnue pour ses contributions remarquables dans des domaines aussi divers que la peinture, la poésie, la médecine, les arts martiaux et la musique. Surnommé le “Ky nhân” (homme extraordinaire), il a marqué chaque discipline par des réalisations impressionnantes.
Depuis 1991, il a organisé des expositions personnelles à Minsk, Moscou et Hanoï, captivant un large public. En 2005, il est élu “Artiste de l’année” par le journal Russkaya America et a remporté, un an plus tard, le Prix d’excellence au Festival international des arts Artiada de Moscou.
Dans le domaine médical, l’artiste se distingue également. En 2007, il a reçu le prix “Nikolay Pirogov” pour ses contributions majeures à la médecine internationale. En 2010, il a été nommé Professeur de médecine traditionnelle par l’Association de médecine populaire de Russie. Son œuvre monumentale, une série de trois livres intitulée Huyêt ap cao, cac chung liên doi (Hypertension artérielle et pathologies associées), totalisant 1.500 pages par volume, a détenu un record au Vietnam pour le nombre de pages publiées.
Parallèlement, il fonde l’école d’arts martiaux Nhât Nam et publie le livre Nhât nam can ban, cinq volumes consacrés aux techniques fondamentales de cet art, établissant ainsi un nouveau record national pour le plus grand nombre d’ouvrages publiés sur les arts martiaux.
En littérature et en musique, Ngô Xuân Binh brille tout autant. Auteur de sept recueils de poésie, il a écrit des milliers de poèmes. Son œuvre An khuc - Giao hoa (Une mélodie d’harmonie), présentée en 2015 au Théâtre de Hanoï, détient le record du plus long poème du Vietnam.
Sa contribution exceptionnelle dans ces multiples domaines a été largement saluée par des distinctions prestigieuses, notamment celles de l’Académie des sciences naturelles d’Europe et de l’Académie des arts de Russie.
Texte et photos : Thao Nguyên/CVN