Mon Têt au Vietnam, une semaine sacrée… et une sacrée semaine !

Si une chose est bien marquante lorsque l’on vit au Vietnam, c’est la place centrale qu’occupe la fête du Têt, le Nouvel An lunaire, dans la vie des Vietnamiens.

>> Le Têt, un pont culturel en Nouvelle-Zélande et en République de Corée

>> Ouverture de la fête du Têt Viêt de l'Année du Serpent 2025 à Hô Chi Minh-Ville

Spectacle de feux d'artifice pour célébrer le Nouvel An de 2025 à Hô Chi Minh-Ville.
Photo : VNA/CVN

Fête principale de l’année, le Têt est comme le cœur de la culture et des traditions vietnamiennes, un cœur dont les battements rythment les douze mois de l’année et qui s’intensifient à l’approche de l’événement.

Si en France, nous avons plusieurs repères annuels, tels que les grandes vacances, les fêtes de fin d’année ou encore la rentrée de septembre, le Têt vietnamien agit comme une véritable boussole temporelle, un aimant vers lequel convergent les espoirs, les efforts, les joies et les attentes de tout un peuple.

Chaque année est placée sous le signe d’un animal mythique du zodiaque vietnamien, chacun incarnant des traits spécifiques. Cet animal régnera sur les douze prochains mois, et son règne débute par des décorations somptueuses à travers Hô Chi Minh-Ville, particulièrement le long de la rue piétonne Nguyên Huê.

Ce spectacle est le coup d’envoi des festivités, et la promenade sur cette rue, parée de mille couleurs, n’est que la première d’une longue série de balades où les sens s’éveillent face à la richesse des décorations, des parfums et de l’atmosphère festive qui imprègne la ville.

Une balade des sens…

Quelques jours avant l’événement, les rues se transforment en un immense jardin fleuri. Le rouge et le jaune, couleurs dominantes, s’affichent partout : sur les fleurs d’abricotiers, symboles de prospérité, qui envahissent les trottoirs, sur les décorations accrochées aux portes, et jusque dans les ornements des maisons.

Les áo dài, vêtements traditionnels, ajoutent une touche féerique au tableau, leurs étoffes élégantes et leurs motifs enchanteurs flottant dans les rues.

Plus loin, le bruit des tambours et des cymbales attire l’attention : un lion ou un dragon danse frénétiquement, exécutant des mouvements puissants pour chasser les mauvais esprits. Chaque bond de l’animal mythique est une promesse de bonheur, de prospérité et de chance pour l’année à venir.

Le Têt se glisse partout, des grandes avenues aux petites ruelles, imposant sa présence. Attendu avec impatience, il est là, se fait admirer, se laisse photographier, et se grave dans les mémoires à travers les traits élégants des maîtres calligraphes ou les motifs sculptés sur les pastèques.

C’est un immense spectacle où l’encens embaume l’air, mêlé aux parfums des fleurs. La magie du Têt transporte l’âme dans un ailleurs mystique et enchanteur.

3, 2, 1… Top départ !

"Bánh tét", un plat typique du Sud du Vietnam pour le Têt.
Photo : Toni Gens/CVN

Un dernier effort avant le réconfort. Tel un départ de rallye, des milliers de motos, surchargées de membres de la famille et de cadeaux, se lancent sur les routes menant au delta du Mékong. Ces trajets, parfois chaotiques, deviennent une aventure en soi. On s’arrête à mi-chemin pour savourer un com tâm (riz brisé) ou un cà phê sua đá (café au lait glacé), avant de s’allonger quelques instants sur un hamac. Puis, on reprend la route, bercé par les paysages bucoliques de la campagne.

Dans les gares, les bus et les aéroports, la foule déborde d’énergie et de joie. Cette migration temporaire, marquée par des scènes insolites, fait de chaque voyage une épopée inoubliable.

Une fête tout feu tout flamme…

Dans la maison familiale, fraîchement nettoyée et décorée pour l’occasion, je me retrouve souvent dans la cuisine extérieure, près du four en pierre.

Le feu, alimenté par des bûches et des écorces de coco, crépite joyeusement, tandis que des plats traditionnels mijotent dans une grosse marmite. Les fameux bánh chung (gâteau de riz gluant de forme carré) et bánh tét (gâteau de riz gluant de forme cylindrique), enveloppés dans des feuilles de dong (phrynium) ou de bananier, prennent forme. Ici, la nature et les éléments se retrouvent au cœur des préparatifs, dans une harmonie parfaite.

Dehors, des feux brûlent des objets symboliques en papier, tandis qu’à l’intérieur, les tables s’animent avec des jeux de cartes populaires. Cette semaine exceptionnelle devient un terrain d’expressions passionnées, mêlant éclats de rire et cris de victoire.

Les soirées s’achèvent souvent avec des séances de karaoké, où chacun, micro à la main, donne de la voix sur des ballades célèbres, dans une ambiance conviviale et chaleureuse.

Le Réveillon venu, le ciel s’illumine à Hô Chi Minh-Ville. Des feux d’artifice grandioses marquent le début de la Nouvelle Année, et les acclamations de la foule accompagnent ce merveilleux spectacle pyrotechnique.

Visites, échanges de cadeaux, photos en famille, distribution des enveloppes rouges lì xì (étrennes glissées dans de petites enveloppes rouges), offrandes à la pagode, bâtons d’encens allumés en hommage aux ancêtres… Chaque instant est empreint d’une grande dévotion et d’une immense joie partagée.

Lorsque les festivités prennent fin, la vie reprend peu à peu son cours, mais avec une énergie renouvelée. Porté par cette parenthèse extraordinaire, je me fonds dans le dynamisme inépuisable de la ville, prêt à embrasser cette nouvelle année rythmée, comme toujours, par l’attente du prochain Têt.

Toni Gens/CVN

Rédactrice en chef : Nguyễn Hồng Nga

Adresse : 79, rue Ly Thuong Kiêt, Hanoï, Vietnam

Permis de publication : 25/GP-BTTTT

Tél : (+84) 24 38 25 20 96

E-mail : courrier@vnanet.vn, courrier.cvn@gmail.com

back to top