UNESCO : une année marquante pour le patrimoine vietnamien

En 2024, le Vietnam a enrichi son patrimoine mondial avec trois nouvelles reconnaissances de l’UNESCO, marquées par l’inscription du Festival de la déesse Bà Chua Xu au mont Sam, des urnes emblématiques de la dynastie des Nguyên et du géoparc de Lang Son.

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Le Festival de la déesse Bà Chua Xu au mont Sam de la province d’An Giang (Sud) se déroule du 23e au 27e jour du 4e mois lunaire. 
Photo : VNA/CVN

Le Festival de la déesse Bà Chua Xu, célébré au mont Sam dans la province d’An Giang (Sud), a été inscrit le 4 décembre sur la Liste du patrimoine culturel immatériel de l’Humanité par l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO).

Le culte de Bà Chua Xu (Sainte Mère du royaume) est une pratique profondément enracinée dans les traditions des populations de la région Sud-Ouest. Ce festival se déroule du 22e au 27e jour du 4e mois lunaire, au temple de Bà Chua Xu, situé au pied du mont Sam. La déesse est vénérée comme protectrice de la région et bienfaitrice veillant sur la prospérité, la santé et la sécurité des habitants. Son culte est pratiqué par plusieurs communautés ethniques de la zone, notamment les Kinh, les Khmer, les Cham et les Hoa.

Un site vénéré

Selon l’UNESCO, “le Festival de la déesse Bà Chua Xu transmet aux générations futures des connaissances liées aux coutumes, à la morale et à la communication sociale. Cette transmission contribue à la continuité de la mémoire et de l’identité de la communauté. Le festival transmet des valeurs et des normes telles que l’égalité homme femme (culte de la déesse)”.

Le temple de Bà Chua Xu est un site vénéré et historique. Fondé en 1820 à Châu Dôc, il a été rénové et agrandi à plusieurs reprises au fil des ans. Aujourd’hui, ce temple est l’un des plus grands du Vietnam. Il est devenu un lieu de pèlerinage majeur et un point central pour les activités culturelles et religieuses locales. Chaque année, des milliers de pèlerins et de touristes s’y rendent pour honorer la déesse, participer aux rituels et demander bénédiction et protection.

Le Festival de la déesse Bà Chua Xu est une célébration spirituelle et culturelle riche en rituels. Il commence par un ensemble de cérémonies solennelles, où les participants rendent hommage à la déesse. Le point culminant des festivités est le rite “Túc yết“, effectué durant la nuit du 25e au 26e jour du 4e mois lunaire, au cours duquel la statue de la déesse est lavée avec une eau parfumée au jasmin et à la cannelle, un moment de grande dévotion et de purification.

Ensuite, le rite “Xây chầu“ est célébré, priant pour une année de prospérité et de bien-être. La fête est aussi marquée par des processions, des chants, des danses et des offrandes d’encens, d’alcool et de thé à la déesse. Chaque rite a sa propre signification, créant une atmosphère de ferveur religieuse, tout en étant un moment de rassemblement et de solidarité pour les communautés locales. En 2014, cette célébration a été reconnue comme patrimoine culturel immatériel national par le ministère de la Culture, des Sports et du Tourisme.

Dans la culture des gens du Sud, Bà Chua Xu est perçue comme une déesse protectrice, garante de la sécurité des frontières et de la prospérité. Sa vénération contribue à forger une identité collective parmi les habitants de la région, unis autour de valeurs spirituelles communes. Le festival est donc non seulement une célébration religieuse, mais aussi un moyen d’affirmer l’unité et la résilience des populations locales.

C’est en effet le 16e patrimoine culturel immatériel du pays à recevoir cet honneur, renforçant la position du Vietnam comme fervent défenseur de ses traditions.

Le Festival Bà Chua Xu au mont Sam est quant à lui le 2e patrimoine du Sud à devenir patrimoine culturel immatériel de l’Humanité, après le don ca tài tu (chant amateur du Sud) en 2013.

Les Neuf urnes de la dynastie des Nguyên se trouvent devant la cour de Thê Tô Miêu de la Cité impériale de Huê (Centre). 
Photo : VNA/CVN

Symbole du pouvoir royal

Un autre grand succès pour le Vietnam est l’inscription des Neuf urnes de la dynastie des Nguyên (Cuu Dinh) au registre “Mémoire du monde” de l’UNESCO en mai 2024. Elles représentent l’un des plus importants témoignages matériels du pouvoir royal vietnamien à l’époque de la dynastie des Nguyên (1802-1945).

Les Cuu Dinh se trouvent devant la cour de Thê Tô Miêu (temple Thê, consacré au culte des empereurs) et derrière Hiên Lâm Cac (Pavillon de la Splendeur) au sud-ouest de la Cité impériale de Huê (Centre). Elles sont aujourd’hui considérées comme les plus précieuses pièces historiques de Huê et plus généralement, du Vietnam.

Ces belles œuvres ont été créées sous le règne de Minh Mang (1791-1840) afin de symboliser le pouvoir royal de la dynastie et de mettre en valeur la faune et la flore exceptionnelles du pays. Elles montrent l’aspiration de la royauté à construire une nation forte et prospère pour les générations futures.

Les urnes sont au nombre de neuf, chiffre sacré dans la croyance orientale, symbolisant le ciel, la perfection absolue ainsi que l’autorité et la force du dirigeant.

Chacune porte le nom d’un empereur honoré dans le temple Thê Miêu. Ainsi, l’urne Cao, ou Urne de la Grandeur, est dédiée au fondateur de la dynastie, Thê Tô Cao, nom dynastique posthume du roi Gia Long (1762-1820) ; Nhân, Urne de la Vertu, à Thanh Tô Nhân, c’est-à-dire le roi Minh Mang, et Chuong, Anh, Nghi, Thuân, Tuyên, Du et Huyên, respectivement aux rois Thiêu Tri (1807-1847), Tu Duc (1829-1883), Kiên Phuc (1869-1884), Dông Khanh (1864-1889), Khai Dinh (1885-1925), Hàm Nghi (1871-1944) et Duy Tân (1900-1945).

Une véritable encyclopédie

Chacune des urnes est unique. Elles ont été coulées en 1835 et il a ensuite fallu un an aux artisans pour sculpter les détails des 153 motifs et des neuf typographies.

Outre leur valeur historique et artistique, les 153 motifs constituent une ressource authentique et rare pour les chercheurs, car ils ont également une signification culturelle, pédagogique, géographique, médicale, géomantique et calligraphique.

Chaque urne comporte 17 motifs traditionnels tels que des étoiles, des fleuves, des montagnes, des mers, des navires ou encore des produits maritimes et forestiers précieux du Vietnam... Cao arbore par exemple le canal de Vinh Tê, le fleuve Sài Gon, le Mékong et la rivière des Parfums. Quant à l’urne Nhân, elle est ornée de la rivière des Parfums et du mont Ngu...

Cet ensemble de neuf urnes royales datant de la dynastie des Nguyên a été reconnu “Trésor national” en 2012. Ce précieux héritage vieux de 189 ans reste incroyablement bien préservé malgré ses presque deux siècles.

Ces urnes ne sont pas seulement des objets artistiques, mais aussi une véritable encyclopédie vivante du Vietnam, illustrant la richesse géographique, culturelle et historique du pays à travers leurs motifs détaillés. Leur inscription au patrimoine mondial de l’UNESCO permet de renforcer la reconnaissance internationale du rôle historique de la dynastie des Nguyên dans la formation de l’identité nationale vietnamienne.

Le géoparc de Lang Son est l’un des plus grands du genre au Vietnam.
Photo : VNA/CVN

Un trésor naturel au patrimoine mondial

Dans un autre registre, le Vietnam a également obtenu en septembre 2024, la désignation du géoparc de Lang Son comme géoparc mondial de l’UNESCO.

D’une superficie de plus de 4.800 km², le site s’étend sur la ville éponyme et huit districts aux valeurs diverses et distinctes en matière de géologie et de paysages naturels. Conçu en 2021, il se distingue par son héritage géologique exceptionnel et son écosystème diversifié, incluant la Réserve naturelle de Huu Liên, de plus de 8.200 ha avec 794 espèces végétales, dont 31 figurent dans le Livre rouge du Vietnam.

Le géoparc de Lang Son abrite une riche diversité de fossiles remontant à 500 millions d’années, et indiquant que cette province était autrefois sous la mer.

De plus, il est doté de nombreux paysages renommés tels que de basses chaînes de montagnes entourant les vallées et les villages de la commune de Yên Thinh du district de Huu Lung, ou encore des grottes telles que Thâm Khuyên dans le district de Binh Gia où ont vécu des hommes préhistoriques.

Ses valeurs culturelles consistent, quant à elles, en un certain nombre de temples dédiés au culte des Déesses mères - patrimoine culturel immatériel de l’humanité -, notamment celui de Bac Lê, ainsi que des villages des ethnies Tày et Nùng aux cultures distinctes.

Richesse et diversité du patrimoine vietnamien

Le Vietnam abrite quatre géoparcs appartenant au réseau mondial des géoparcs de l’UNESCO, à savoir le géoparc de Dak Nông (hauts plateaux du Centre), le géoparc du plateau karstique de Dông Van (province de Hà Giang, Nord), le géoparc de Non nuoc Cao Bang (province de Cao Bang, Nord) et le géoparc de Lang Son.

Ces inscriptions successives témoignent de la richesse et de la diversité du patrimoine vietnamien. Chaque nouvelle reconnaissance de l’UNESCO ouvre de nouvelles perspectives pour le développement économique et social des régions concernées, en attirant des investissements et en sensibilisant la population à l’importance de protéger ces trésors.

L’année 2024 est sans aucun doute une année de grande fierté pour le Vietnam. Les inscriptions du Festival Bà Chua Xu, des neuf urnes de la dynastie des Nguyên et du géoparc de Lang Son sur les listes de l’UNESCO ne sont que la continuation d’un mouvement plus large visant à préserver et promouvoir l’identité culturelle et naturelle du pays. Le Vietnam, en obtenant ces prestigieuses reconnaissances, affirme sa volonté de protéger son patrimoine et de le faire rayonner au-delà de ses frontières.

Thuy Hà/CVN

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