Ninh Thuân : une oasis de verdure contre la désertification

Connue pour son climat aride, la province de Ninh Thuân (Centre) a réussi à planter des arbres sur des terrains rocheux. Ce succès démontre le potentiel et l’opportunité d’augmenter la couverture forestière dans cette région.

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Le neem est considéré comme cadeau offert par la nature aux régions au climat rigoureux. 
Photo : CTV/CVN

Autrefois caractérisée par des moutons décharnés à l’affût de chaque brin d’herbe et des habitants rationnant chaque goutte d’eau pendant les longues saisons sèches, la province de Ninh Thuân était confrontée à une grave désertification, particulièrement dans ses districts côtiers, où seuls quelques arbres pouvaient survivre sans intervention humaine. Pour lutter contre la désertification, la restauration des forêts est devenue une mesure urgente et efficace pour lutter contre ce phénomène.

Les efforts à long terme pour combattre la désertification à Ninh Thuân ont été couronnés de succès : les sols appauvris par le manque d’eau sont progressivement recouverts par de la verdure. Les neems ou margousiers (Azadirachta indica) et les thanh thât (Ailanthus triphysa) prospèrent désormais dans les zones côtières.

Selon le Département provincial de la protection des forêts, les arbres sont la solution la plus efficace pour retenir l’eau, contribuant ainsi à maintenir les ressources en eau souterraine pour la communauté locale.

Cependant, le développement des forêts dans les régions semi-arides le long des collines côtières de Ninh Hai, Thuân Bac et Thuân Nam est confronté à de nombreux défis, en raison des conditions météorologiques défavorables, du terrain difficile et des habitudes de pâturage du bétail local.

De nombreux programmes de reboisement ont été mis en œuvre, initialement à l’aide d’acacias et d’eucalyptus. Mais ces arbres n’ont pas résisté aux fortes chaleurs de Ninh Thuân et les jeunes plants ont souvent été endommagés par le bétail en pâture.

Identifier des souches forestières

Les fines tiges des arbres se dressent fièrement, poussant avec vigueur, ramifiant leurs branches. 
Photo : CTV/CVN

En 1981, le scientifique Lâm Công Dinh de l’Académie vietnamienne des sciences forestières a introduit une nouvelle espèce d’arbre originaire d’Afrique, appelée le neem ou margousier, et l’a plantée à titre d’essai dans la province.

Cet arbre a poussé rapidement grâce à sa capacité à tolérer la sécheresse. À l’époque, il était pratiquement la seule espèce d’arbre capable de supporter la chaleur torride de la région.

Le secteur forestier de la province l’appréciait beaucoup pour son potentiel de reboisement dans ces régions arides. Des margousiers ont alors été plantés autour des maisons, le long des sentiers, près des bureaux et des écoles, ainsi que le long des rues pour fournir de l’ombre, prévenir les tempêtes de sable et embellir le paysage.

Des milliers d’hectares d’arbres ont ainsi pris place sur une vaste zone sablonneuse de la province. Les neem sont également une source précieuse de médicaments et peuvent être utilisés pour traiter de nombreuses maladies telles que la varicelle, le diabète, les ulcères à l’estomac, la tuberculose et la lèpre. Leurs feuilles sont également utilisées pour produire une variété de cosmétiques de grande valeur.

En 2008, le Service provincial de l’agriculture et du développement rural a confirmé que le neem pouvait être considéré comme l’une des principales cultures polyvalentes à forte valeur économique.

Compte tenu des avantages économiques que procurent les neem, la province de Ninh Thuân a prévu d’étendre la zone de culture à plus de 6.000 ha, afin d’atténuer et, à terme, d’enrayer le risque de désertification dans toute la province. En outre, cela permettra de créer une zone stable de matières premières pour soutenir les usines de transformation des produits à base de neem.

Duo d’arbres sur les rochers

Plantation des thanh thât. 
Photo : CTV/CVN

L’année 2015 marque un tournant décisif dans la lutte contre la désertification au Vietnam avec la découverte du thanh thât et la reconnaissance de ses prouesses face à la sécheresse. Cet arbre endémique, associé au neem, allié de longue date, devient un élément clé dans la stratégie de reforestation des terres dénudées et des montagnes arides du pays.

Après une période de plantation conjointe de ces deux arbres, les experts et les habitants ont confirmé que le thanh thât était un arbre encore plus efficace pour la foresterie en termes de croissance.

Le long de la route Cà Na - Mui Dinh, dans les zones côtières des districts de Thuân Nam et de Ninh Phuoc, les arbres thanh thât ont produit bourgeons et branches vertes, certains atteignant plus de cinq mètres de haut. Ces arbres ne sont pas consommés par le bétail, mais leurs troncs droits permettent aux arbustes et aux vignes de pousser en dessous, fournissant ainsi du fourrage supplémentaire aux animaux qui paissent.

Selon le comité de gestion de la protection des forêts côtières de Thuân Nam, en 2015, des centaines de travailleurs ont été mobilisés pour transporter les jeunes arbres thanh thât des pépinières aux sites de plantation de 10 ha, parcourant des dizaines de kilomètres à travers les sentiers forestiers.

À ce jour, plus de 568 ha de thanh thât ont été plantés dans trois communes. Le taux de survie des arbres dépasse 90% de la densité de plantation initiale, et ils continuent à bien pousser même pendant les saisons sèches.

Lê Xuân Hòa, directeur du comité de gestion de la protection des forêts côtières de Thuân Nam explique qu’après huit ans de plantation expérimentale, le thanh thât verdit progressivement les montagnes rocheuses stériles du sud de la province.

Sa plantation a également permis de créer des sources d’eau souterraine, d’augmenter la couverture forestière et de créer des conditions propices au pâturage du bétail sous le couvert forestier. Ce développement ouvre de nouvelles perspectives pour la sélection d’espèces d’arbres prometteuses pour la restauration des forêts à Ninh Thuân.

À ce jour, la province de Ninh Thuân compte plus de 1.200 ha de thanh thât. Cet arbre est désormais présent dans la plupart des forêts de la province, en particulier dans les forêts rocheuses côtières.

Cultiver un avenir savoureux et écologique

La plantation des arbres sur les rochers est ardue et difficile. 
Photo : CTV/CVN

Pour faire face aux conditions climatiques défavorables, Ninh Thuân a commencé, il y a plus de dix ans, à convertir activement les rizières à faible rendement et les jardins mixtes en cultures sèches et en arbres fruitiers. Cette transformation s’est accompagnée de l’application de la science et de la technologie pour former des zones de production concentrées de produits de base à haute valeur économique.

Actuellement, les vergers de Ninh Thuân couvrent environ 5.951 ha, concentrés autour des districts de Ninh Phuoc, Ninh Son, Thuân Nam et de la ville de Phan Rang - Thap Chàm. Outre le raisin, le fruit typique de la région, les zones de culture étendues sont plantées de pommes, de pomelos à peau verte, d’avocats, de mangoustans, de ramboutans, de jacquiers et de mangues.

Cette diversification des cultures a permis d’atteindre des revenus plusieurs fois supérieurs à ceux de l’ancienne culture du riz et des jardins mixtes. De nombreuses terres autrefois stériles à Ninh Thuân ont été transformées en vergers touristiques, aidant les agriculteurs à trouver des moyens durables d’échapper à la pauvreté et de construire une patrie plus prospère.

Un modèle de gestion forestière réussie

Le raisin, ambassadeur de la marque Ninh Thuân. 
Photo :  Huong Linh - CTV/CVN

La province de Ninh Thuân compte actuellement plus de 200.000 ha de forêts et de terres forestières, dont 160.400 ha de terres boisées et près de 40.000 ha de terres non boisées.

Pour gérer et protéger effica-cement les forêts, depuis 2016, les unités de gestion forestière de Ninh Thuân ont confié 52.200 ha de forêts à des groupes communautaires et à des ménages à des fins de protection. Ceux-ci reçoivent un soutien allant de 300.000 à 400.000 dôngs par hectare et par an.

Avec des milliers d’hectares de forêt sous contrat de protection, les résidents ont planté divers arbres fruitiers tels que des pomelos et des mangoustans, et ont élevé du bétail, générant des centaines de millions de dôngs par an et améliorant de manière significative leur niveau de vie.

Selon le ministère de l’Agriculture et du Développement rural, pour améliorer l’efficacité du boisement, diverses espèces adaptées au climat, telles que le neem, le thanh thât, l’acacia hybride, le bois de fer, l’anacardier et des arbres auxiliaires à valeur économique tels que le jacquier, l’avocatier et le pamplemoussier, ont été plantés sur des terres auparavant stériles et sur des montagnes rocheuses.

Grâce à la conversion des cultures, le secteur agricole de la province utilise 25 à 30% moins d’eau qu’auparavant avec la culture du riz. En outre, il limite l’extraction des eaux souterraines tout en protégeant les réserves d’eau pour l’usage domestique, le bétail et la production de cultures ultérieures.

Huong Linh/CVN

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