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L'auteur Nguyên Dinh Thi. |
Photo : CTV/CVN |
Nguyên Dinh Thi est né le 20 décembre 1924 à Luang Prabang, au Laos, mais ses racines familiales remontent au village de Vu Thach, aujourd’hui situé dans la rue Bà Triêu à Hanoï. En 1931, sa famille est retournée au Vietnam, où le jeune Nguyên Dinh Thi manifeste très tôt un vif intérêt pour la littérature, la musique et les arts plastiques.
Il poursuit ses études au lycée Buoi, puis à l’Université d’Indochine, où il s’imprègne des œuvres philosophiques. Parmi ses nombreux ouvrages, on trouve notamment Triêt hoc nhâp môn (Philosophie introductive), Triêt hoc Einstein (Philosophie d’Einstein) et Triêt hoc Kant (Philosophie de Kant)...
Engagement révolutionnaire
Dès les années 1940, Nguyên Dinh Thi rejoint le mouvement révolutionnaire. Membre de l’Organisation culturelle pour le salut national, il participe activement à la Révolution d’août 1945. Par la suite, il est élu député de l’Assemblée nationale vietnamienne lors des premières législatures.
Pendant la guerre de résistance contre les colonialistes français, il combine ses activités politiques à une production littéraire et artistique intense. De 1958 à 1989, il est secrétaire général de l’Association des écrivains vietnamiens, puis, à partir de 1995, président du Comité national de l’Union vietnamienne des associations des arts et des lettres. En 1996, il reçoit le Prix Hô Chi Minh de littérature. Il décède le 18 avril 2003, à Hanoï.
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Des œuvres de Nguyên Dinh Thi. |
Photo : CVT/CVN |
En tant qu’écrivain, il laisse une empreinte indélébile sur la littérature vietnamienne avec des romans tels que Xung kich (Avant-garde), Vào lua (Viens dans le feu), Bên bo sông Lô (Au bord de la rivière Lô), et le célèbre diptyque Vo bo (Bord brisé). Ce dernier dresse un portrait saisissant de la société vietnamienne entre 1939 et 1945, capturant les réalités socio-économiques de cette époque-là.
Une voix intemporelle
Nguyên Dinh Thi est également un poète talentueux. Ses poèmes, tels que Dât nuoc (Pays), Nho (Manquer), Bài tho Hac Hai (Poème de la Mer Noire), et La do (Feuille rouge), traduisent une profonde méditation sur le destin de la nation et l’identité vietnamienne. Dât nuoc, en particulier, est considéré comme l’un des chefs-d’œuvre de la poésie vietnamienne contemporaine. Ce poème a été adapté en une composition symphonique par le musicien Dang Huu Phuc.
Dans le domaine du théâtre, il laisse une empreinte indélébile avec des pièces telles que Con nai den (Cerf noir), Rung truc (Forêt de bambous), Nguyên Trai o Dông Quan (Nguyên Trai à la porte orientale), et Tiêng song (Le bruit des vagues).
Contributions remarquables
Bien qu’il n’ait composé qu’un nombre restreint de chansons, Nguyên Dinh Thi a marqué la musique vietnamienne avec des œuvres telles que Diêt phat xit (Annihiler les fascistes), Nguoi Hà Nôi (Les Hanoiens) et Dât nuoc yêu thuong (Le pays aimé). Ces chansons, vibrantes d’émotion et d’amour pour la Patrie, font aujourd’hui partie du patrimoine musical vietnamien.
Nguyên Dinh Thi n’est pas seulement un artiste, mais aussi un penseur profond. Son essai Nhân duong (Trouver le chemin), publié en 1948, est considéré comme une œuvre phare de la critique littéraire vietnamienne, posant les bases d’une philosophie artistique engagée et ancrée dans les réalités sociales et politiques.
Pour son talent et ses contributions exceptionnelles à la culture et aux arts vietnamiens, tant dans la création que dans la direction et la gestion, Nguyên Dinh Thi a reçu l’Ordre de l’Indépendance de première classe, l’Insigne pour ses 50 ans de membre du Parti, le Prix Hô Chi Minh (première session) en arts et lettres, ainsi que de nombreuses autres distinctions prestigieuses.
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Espace d’exposition sur l’écrivain Nguyên Dinh Thi au Musée de la littérature du Vietnam. |
Photo : CTV/CVN |
Le Professeur Phong Lê, ancien directeur de l’Institut de la littérature, considère Nguyên Dinh Thi comme une grande figure, un grand artiste et un grand intellectuel à de nombreux égards. Selon lui, chez cet homme, talent, envergure et courage se rejoignent. Son talent semble inné, se manifestant dès ses débuts à l’âge de 20 ans. “Ce talent exceptionnellement varié” s’exprimait presque simultanément dans plusieurs domaines, et évoquer Nguyên Dinh Thi revient à mentionner plusieurs professions : compositeur, poète, romancier, dramaturge, théoricien, critique, mais aussi un acteur social influent ayant occupé des postes clés dans le monde culturel avant 1945 et jusqu’à sa disparition.
D’après le musicien Nguyên Duc Trịnh, président de l’Association des musiciens du Vietnam, Nguyên Dinh Thi est un maître dans de nombreux domaines artistiques et littéraires. “Bien que ses œuvres musicales soient peu nombreuses, avec seulement deux chefs-d’œuvre, +Diêt phat xit+ et +Nguoi Hà Nôi+, il a inscrit son nom au panthéon musical du Vietnam, devenant une icône de la musique révolutionnaire vietnamienne”, affirme-t-il.
De son côté, la Professeure associée et Docteure Tôn Phuong Lan, de l’Institut de littérature, souligne que son œuvre constitue un profil artistique unique, façonné par ses créations littéraires et artistiques dans de nombreux genres. “Ce portrait reflète également son rôle de dirigeant au sein de l’Association des écrivains vietnamiens, ainsi que l’éclat de son talent, de son intelligence et de son style”.
Admirée sous différents angles, cette figure artistique brille d’une beauté et d’une profondeur incomparables.
Thao Nguyên/CVN