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>> La Professeure Nguyên Thi Ngoc Phuong honorée par le prix Ramon Magsaysay
Nguyên Thi Ngoc Phuong (centre) reçoit le Prix Ramon Magsaysay le 16 novembre 2024 aux Philippines. |
Photo : TTD/CVN |
Née en 1944 à Dông Nai (Sud), Nguyên Thi Ngoc Phuong est un exemplaire de la médecine vietnamienne et une militante des droits des victimes de la guerre. Elle a été directrice de l’hôpital Tu Du, à Hô Chi Minh-Ville, un établissement dans les avancées de la procréation médicalement assistée au Vietnam, et a travaillé à l’Association vietnamienne des victimes de l’agent orange/dioxine.
L’obtention du Prix Ramon Magsaysay couronne plus de cinq décennies d’efforts consacrés à soutenir les victimes de l’agent orange, un herbicide toxique utilisé pendant la guerre du Vietnam. Ce produit chimique a laissé des traces indélébiles, non seulement sur les paysages mais surtout sur les corps et les âmes de nombreuses générations de Vietnamiens.
Un engagement de toute une vie
Son combat, profondément humanitaire, a débuté lorsqu’elle travaillait comme obstétricienne à l’hôpital Tu Du, où elle s’est confrontée à des malformations congénitales graves chez les nouveau-nés. Ces observations l’ont conduite à établir un lien direct entre ces anomalies et l’exposition à la dioxine, composant clé de l’agent orange.
La Pr.-Dr. Nguyên Thi Ngoc Phuong. Photo : Trân Tiên Dung/CVN |
L’impact dévastateur de ce produit chimique sur plusieurs générations de Vietnamiens reste un sujet de douleur et de controverse. Les recherches de Nguyên Thi Ngoc Phuong avec ses collègues, menées avec rigueur et détermination, ont non seulement documenté ces effets, mais également permis de porter ces preuves devant des tribunes internationales.
Pour Nguyên Thi Ngoc Phuong, le combat pour la justice des victimes ne s’est jamais limité au cadre médical. En 2007 et 2009, elle a participé à des auditions devant la Commission des affaires étrangères du Congrès américain, rappelant à la communauté internationale la responsabilité envers ces victimes oubliées. Elle a dénoncé l’injustice criante : les anciens combattants américains touchés par l’agent orange reçoivent des compensations, tandis que les milliers de victimes vietnamiennes restent ignorées.
Le Prix Ramon Magsaysay, souvent comparé au “Nobel asiatique”, honore des individus ayant un impact exceptionnel dans leurs communautés. L’attribution de ce prix à Nguyên Thi Ngoc Phuong n’est pas seulement une reconnaissance de ses réalisations personnelles, mais également un témoignage international de l’existence des séquelles de l’agent orange.
Selon elle, ce prix est aussi une opportunité pour rappeler l’importance de la mobilisation collective. Elle souhaite qu’il inspire davantage de personnes à agir pour soutenir les victimes et à se joindre à sa lutte pour la justice.
Malgré son âge avancé, Nguyên Thi Ngoc Phuong continue d’œuvrer activement à travers l’Association des victimes vietnamiennes de l’agent orange/dioxine. Elle envisage de renforcer le soutien aux familles touchées tout en mobilisant la société civile et les entreprises.
Outre son rôle de militante, Nguyên Thi Ngoc Phuong a marqué l’histoire médicale du Vietnam en introduisant les techniques de fécondation in vitro (FIV).
Nguyên Thi Ngoc Phuong (gauche) à l’hôpital Tu Du, en 1997. |
Photo : PLO/CVN |
À une époque où la FIV était sujet à la controverse, face au scepticisme initial, elle a persévéré pour offrir un espoir à des milliers de couples infertiles. Le succès de ses travaux, notamment la naissance des premiers bébés-éprouvette au Vietnam, symbolise une avancée majeure pour la médecine reproductive du pays.
Elle exprime une confiance inébranlable en la nouvelle génération de médecins vietnamiens. “Ils sont brillants et prêts à porter le flambeau de la médecine reproductive”, déclare-t-elle avec un sourire empreint de fierté.
L’histoire de Nguyên Thi Ngoc Phuong transcende les frontières. Elle est l’incarnation d’un dévouement sans faille au service de la justice et de la santé. Alors qu’elle regarde vers l’avenir, elle reste convaincue que le combat pour la reconnaissance des victimes de l’agent orange n’est pas seulement une affaire nationale, mais une question universelle.
Par son courage et sa persévérance, elle prouve que l’âge n’est pas une barrière pour relever les défis les plus audacieux et réaliser ses rêves les plus fous. Ce portrait de vie est une leçon pour tous : le changement commence par une personne, armée de conviction et de compassion.
Hoàng Lê - Dan Thanh/CVN