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Le cascadeur Nguyên Quôc Thinh. |
Photo : CTV/CVN |
Dans le monde du cinéma, peu de professions incarnent autant de courage et de discrétion que celle de cascadeur. Ce sont eux qui réalisent les scènes les plus périlleuses, garantissant au public des moments d’adrénaline intense. Pourtant, leur nom reste souvent inconnu du grand public. Cet article propose un voyage dans la vie de Nguyên Quôc Thinh, le cascadeur vietnamien emblématique, qui consacre sa vie à l’art du danger et à la transmission de son savoir aux jeunes générations.
Naissance d’une passion
Nguyên Quôc Thinh, né en 1973, a d’abord nourri son amour pour les arts martiaux en s’inspirant des films d’action hong-kongais de son enfance. Bien qu’il ait étudié la réfrigération, il saisit l’opportunité de se lancer dans le métier de cascadeur en 1990, motivé par sa passion pour les combats chorégraphiés.
En 1992, il rejoint le Club de cascadeurs relevant de l’Association cinématographique de Hô Chi Minh-Ville, un tournant décisif pour lui. Dès lors, sa carrière prend une trajectoire inattendue.
Durant les premières années, le métier de cascadeur au Vietnam restait embryonnaire, et les cascadeurs étaient souvent considérés comme de simples figurants. Mais M. Thinh persévère, participant à de nombreuses productions malgré les risques et un statut souvent précaire. Son talent est vite remarqué : dès 1997, il devient une figure incontournable du métier. Aujourd’hui, il est reconnu comme le cascadeur ayant doublé le plus d’acteurs au Vietnam, un record validé par le Livre des records du Vietnam en 2006.
Risques et sacrifices au quotidien
La carrière de ce maître de l’action est marquée par de nombreux incidents qui témoignent des périls constants auxquels il fait face. En 1995, alors qu’il tourne une scène dangereuse dans le film Hồng hải tặc (Les Pirates rouges), une corde de sécurité cède, le laissant suspendu dans le vide à 53 m de hauteur. Son instinct et son entraînement lui permettent de s’accrocher à une autre corde, évitant de peu l’accident fatal. Cet incident n’est qu’un des nombreux moments où le cascadeur a frôlé la mort, dans un contexte où les équipements de sécurité faisaient cruellement défaut.
Nguyên Quôc Thinh dirige des séquences de combat pour une scène. |
Photo : Vothuat/CVN |
Pour cet artiste du danger, les blessures font partie du quotidien. Des contusions aux plaies ouvertes, il continue malgré tout, animé par le plaisir de voir le public captivé par les scènes qu’il contribue à créer. “Rien n’est plus gratifiant que d’entendre les spectateurs applaudir les séquences pour lesquelles nous avons risqué nos vies”, confie-t-il.
En 1997, il fonde son propre club de cascadeurs pour transmettre son savoir-faire et offrir une formation encadrée aux jeunes générations. Aujourd’hui, son club compte une quarantaine de membres.
Malgré la reconnaissance croissante du métier, le parcours d’un cascadeur reste difficile. Les cachets sont peu élevés et le nombre de projets incertain. Si les années 1990 étaient difficiles pour les cascadeurs vietnamiens, Nguyên Quôc Thinh a vu son métier enfin reconnu avec l’essor du cinéma et de la télévision nationale entre 2002 et 2010. “À cette époque, chaque production avait besoin de cascadeurs”, se souvient-il. Ce renouveau lui a permis d’œuvrer comme consultant en action et en chorégraphie pour des productions de plus en plus ambitieuses.
Outre son rôle de cascadeur, M. Thinh a exploré le domaine de la réalisation en 2001 et enseigne aujourd’hui à l’Université de théâtre et de cinéma de Hô Chi Minh-Ville.
Derrière le masque
Derrière ses prouesses et ses années d’expérience, le mentor des jeunes cascadeurs est aussi un père de famille. Marié depuis 2004, il est fier du soutien de sa famille vis-à-vis des risques de son métier. Ses enfants, tout en admirant la carrière de leur père, ne se destinent pas pour autant à suivre ses traces.
Nguyên Quôc Thinh admet que le métier de cascadeur n’a pas de définition claire du succès. Pour lui, la véritable satisfaction réside dans la fierté d’avoir formé des cascadeurs talentueux, capables de faire rayonner le cinéma vietnamien sur les scènes nationales et internationales.
À 50 ans, le cascadeur continue de superviser les entraînements de son club, tout en restant actif sur les plateaux de tournage. Son parcours illustre la passion et la résilience d’un métier de l’ombre, où chaque cascade est un hommage au courage et à l’engagement d’hommes et de femmes rarement sous les feux des projecteurs.
Thanh Phi - Dan Thanh/CVN