>> Le Vietnam promeut sa diplomatie commerciale
>> Accords de libre-échange : défis et opportunités
Au port international de Cái Mép, province de Bà Ria-Vung Tàu (Sud). |
Photo : VNA/CVN |
Après cinq ans de mise en œuvre, le CPTPP a dynamisé les échanges commerciaux entre le Vietnam et les pays d’Asie-Pacifique, incluant des nations avec lesquelles le pays n’avait pas encore établi d’accord de libre-échange bilatéral, tels que le Canada, le Mexique et le Pérou.
Les produits vietnamiens ont également réussi à pénétrer des marchés très exigeants tels que le Japon, l’Australie et la Nouvelle-Zélande. L’année dernière, les exportations vietnamiennes vers les pays membres du CPTPP ont atteint environ 100 milliards d’USD. Cette zone de libre-échange, regroupant 500 millions d’habitants, est un marché générateur d’excédents commerciaux pour le Vietnam.
Pour expliquer ce succès, Nguyên Thi Thu Trang, directrice du Centre de l’Organisation mondiale du commerce et de l’intégration, relevant de la Chambre de Commerce et d’Industrie du Vietnam, a souligné : “Certains membres du CPTPP ne nous sont pas étrangers. Sept des dix partenaires sont des pays avec lesquels le Vietnam a conclu au moins un accord de libre-échange, voire plusieurs, comme Singapour. Cependant, le CPTPP constitue le premier accord commercial nous permettant d’accéder au marché américain de manière globale”.
“Auparavant, nous avions signé un accord commercial avec le Chili, mais celui-ci était de petite envergure. Avec le CPTPP, pour la première fois, le Vietnam peut accéder simultanément à deux marchés en Amérique latine, le Pérou et le Chili, ainsi qu’à deux marchés en Amérique du Nord, à savoir le Canada et le Mexique, offrant ainsi d’énormes opportunités”, a-t-elle indiqué.
Trân Thanh Hai, directeur adjoint du Département du commerce extérieur du ministère de l’Industrie et du Commerce, a estimé que les entreprises vietnamiennes avaient bien saisi les opportunités offertes par les nouveaux accords de libre-échange, tels que le CPTPP, et que leurs exportations vers de nouveaux marchés avaient fortement augmenté. En effet, les pays membres se sont engagés à supprimer entre 97% et 100% des droits de douane sur les produits originaires du Vietnam.
Depuis l’entrée en vigueur du CPTPP au Vietnam, les exportations de produits agricoles, sylvicoles et aquatiques du Vietnam ont été l’un des secteurs ayant connu des changements positifs grâce aux tarifs douaniers préférentiels avec les autres pays membres. Selon l’Association vietnamienne des exportateurs et des producteurs de produits aquatiques (VASEP), les exportations de produits aquatiques vers les autres pays membres du CPTPP n’ont cessé d’augmenter ces dernières années, passant de 2,2 milliards d’USD en 2019 à 2,9 milliards en 2022. En 2018, les marchés au sein du CPTPP ont représenté 25% des exportations vietnamiennes de produits aquatiques et, en 2023, près de 27%.
Le CPTPP a également permis aux produits agricoles vietnamiens de bénéficier de nombreux avantages lorsqu’ils accèdent aux marchés japonais et australien. Aux côtés des marchés familiers, le Chili constitue un marché potentiel pour les exportations vietnamiennes de produits agricoles. À la fin de l’année 2022, l’accord avait été appliqué pour la plupart de ses pays signataires. En juillet 2023, le Royaume-Uni a officiellement rejoint le CPTPP, tandis que de nombreuses autres économies ont exprimé leur souhait d’adhérer à cet accord. L’élargissement des pays membres offre de nombreuses opportunités, mais présente également de grands défis.
S’intégrer dans la chaîne de valeur mondiale
Selon Lê Duy Binh, directeur général d’Economica Vietnam, une organisation de consultation, d’étude économique et d’analyse politique, le Vietnam exporte encore peu de produits à forte valeur ajoutée et de haute technologie vers les marchés du CPTPP. Les exigences en matière d’origine des produits demeurent actuellement le plus grand obstacle pour les marchandises vietnamiennes.
“L’appréhension des entreprises vietnamiennes concernant les dispositions relatives à l’origine des marchandises peut s’avérer insuffisante. Le CPTPP lui-même comporte de nombreuses dispositions sur l’origine des marchandises, et pour chaque disposition, les entreprises doivent mettre en place des processus d’approvisionnement appropriés en matières premières et de production. Cela demande aux producteurs et aux entreprises exportatrices de rassembler tous les documents et certificats nécessaires pour prouver l’origine. Je pense que c’est un grand défi pour de nombreuses entreprises aujourd’hui”, a-t-il noté.
Luong Hoàng Thai, chef du Département des politiques commerciales multilatérales du ministère de l’Industrie et du Commerce, a expliqué : “Le CPTPP suscite l’intérêt de nombreux partenaires. De nombreux pays ont exprimé le souhait de rejoindre l’accord, dont la Chine. Même certains pays d’Asie du Sud-Est, tels que les Philippines et la Thaïlande, ont fait montre de leur intérêt. Il est évident qu’avec ces nouveaux entrants, l’accord acquiert une position bien plus importante que lorsque le Vietnam l’a signé et ratifié. Cependant, en contrepartie, la concurrence sera plus acharnée”.
Toujours selon M. Thai, pour améliorer leur compétitivité au sein du CPTPP, les entreprises vietnamiennes doivent accroître la valeur ajoutée et améliorer la qualité de leurs produits en se tournant vers une production durable et respectueuse de l’environnement.
L’accord aide le Vietnam à accroître ses exportations et à participer plus profondément à la chaîne de valeur mondiale. Il exerce une pression concurrentielle sur les entreprises et l’économie, aidant ainsi le pays à se développer de manière plus durable.
Avec un marché de près de 500 millions de consommateurs et 13,5% du PIB mondial, le CPTPP est un accord de libre-échange d’importance stratégique pour le Vietnam et le monde des affaires, car il favorisera l’ouverture des marchés, le développement des investissements et l’établissement de liens de libre-échange entre les pays.
Le Vietnam a quelques nouveaux partenaires comme le Canada, le Mexique et le Pérou, contribuant ainsi à restructurer ses marchés d’exportation, et réduisant sa dépendance vis-à-vis des marchés traditionnels.
En outre, l’accord motive le gouvernement vietnamien à accélérer la réforme administrative, à compléter le cadre juridique et institutionnel et à créer un climat d’investissement et d’affaires plus ouvert et transparent.
Faire face aux risques commerciaux
Rizières dans le delta du Mékong. |
Photo : VNA/CVN |
La tendance croissante à utiliser des instruments de défense commerciale dans les pays membres du CPTPP pose de nombreux défis aux entreprises exportatrices vietnamiennes, en particulier dans le contexte où l’accord entre progressivement dans une nouvelle phase de mise en œuvre.
Bùi Tuân Hoàn, du Département des marchés Europe - Amérique (ministère de l’Industrie et du Commerce), a déclaré que depuis l’entrée en vigueur du CPTPP, les exportations du Vietnam vers quatre pays signataires en Amérique (le Canada, le Mexique, le Pérou et le Chili) ont connu une forte croissance. À l’exception du Chili qui a conclu avec le Vietnam un accord de libre-échange bilatéral, ces trois autres marchés entretiennent pour la première fois des accords de libre-échange avec le Vietnam à travers le CPTPP. Les incitations tarifaires de l’accord ont donc un impact très positif sur les exportations du Vietnam vers ces marchés.
Phùng Gia Duc, du Département des recours commerciaux, a souligné que de nombreux pays membres ont enquêté et appliqué des mesures de défense commerciale contre le Vietnam. Les statistiques montrent que l’Australie a ouvert 18 enquêtes sur des exportations vietnamiennes, soit l’équivalent du Canada. La Malaisie a également effectué une dizaine de recours et le Mexique, compte trois nouveaux cas après la signature du CPTPP.
Selon lui, les produits les plus vulnérables sont ceux qui connaissent une croissance rapide et forte. En outre, le principe pour engager une procédure de recours commercial est d’abord une augmentation des importations. Il a précisé que le ministère de l’Industrie et du Commerce avait des projets spécialisés dans la défense commerciale, avec une vision à long terme. Dans le même temps, le ministère met l’accent sur la mise à jour régulière des réglementations juridiques, visant à garantir l’efficacité des mesures de défense commerciale.
Thê Linh/CVN