L’acupuncture, une voie prometteuse pour les enfants autistes

À l’Hôpital central d’acupuncture à Hanoï, une approche novatrice conjugue traditions et modernité pour l’accompagnement des jeunes autistes. Cette synergie offre à des milliers d’enfants, sortant parfois d’un long mutisme, la perspective d’une inclusion scolaire précoce.

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À l’Hôpital central d’acupuncture à Hanoï, la thérapie combinée aide de nombreux enfants autistes à s’intégrer dans la société. 
Photo : CTV/CVN

De nombreux jeunes patients atteints de troubles du spectre autistique (TSA) ont manifesté des améliorations considérables dans leurs aptitudes communi-cationnelles et leur insertion sociale grâce à l’acupuncture. Parmi eux, P.Đ.D., originaire de la province de Lào Cai (Nord), envisage désormais une scolarisation sereine. Son univers était auparavant empreint de silence et de distance. C’est à l’âge de 33 mois que ce garçon a été conduit à l’Hôpital central d’acupuncture à Hanoï, suite aux observations de sa famille signalant des particularités comportementales.

“Il était totalement mutique. Nos appels restaient sans écho, comme s’il n’entendait rien”, relate avec émotion M. K., son grand-père. “Le contact visuel était rare, il marchait sur la pointe des pieds, affectionnait les mouvements rotatifs et l’escalade, et présentait des signes de développement intellectuel atypique”, précise-t-il.

Véritable foyer de soins

Inquiète face à la situation de leur enfant, la famille s’est orientée vers l’Hôpital central d’acupuncture à Hanoï. Cet établissement est réputé pour son approche thérapeutique novatrice, associant l’acupuncture, les massages et les thérapies ancestrales à des méthodes modernes de rééducation du langage. Dès lors, l’hôpital est devenu un véritable foyer de soins et d’espoir pour le jeune D.

Durant plus de deux années, ses grands-parents et ses parents se sont succédés pour l’accompagner lors de ses cycles de traitement intensifs de 21 jours dans la capitale. Chaque journée s’articulait autour d’un programme rigoureux : séances d’acupuncture, massages thérapeutiques ciblés, stimulation de points d’acupression, orthophonie et exercices d’éveil à la communication.

“Chaque jour représentait une épreuve de volonté”, confie M. K. “L’amour que nous portions à D. était notre moteur, mais nous devions également composer avec les bouleversements que cela engendrait dans notre quotidien familial”.

Les résultats obtenus ont cependant dépassé toutes les espérances, se révélant comme une véritable métamorphose. À l’âge de 4 ans, D. s’exprimait et réagissait à son prénom. Son hyperactivité s’était estompée, et il était désormais capable d’établir un contact visuel lorsqu’on lui parlait. Ses éducateurs ont constaté des avancées significatives lors des séances d’intervention.

“D’un enfant mutique, dont le développement cognitif stagnait au niveau d’un nourrisson et qui était sujet à des courses et des sauts incontrôlés, il a parcouru un chemin remarquable en près de trois ans de thérapie assidue”, témoigne avec émotion et fierté M. K.

À l’Hôpital central d’acupuncture à Hanoï, des milliers de jeunes patients ont bénéficié ces dernières années d’une synergie inédite entre l’acupuncture et les interventions développementales.

Le Docteur Nguyên Tuân Anh, directeur adjoint du Centre de traitement et de soins pour les enfants souffrant d’autisme et de paralysie cérébrale au sein de l’établissement, souligne que les TSA constituent des troubles neurodéveloppementaux persistants, impactant profondément les aptitudes de l’enfant à communiquer, à interagir socialement et à s’engager dans des activités ludiques et imaginatives.

“La symptomatologie et le degré de sévérité présentent une hétérogénéité considérable, et aucune approche thérapeutique isolée n’a démontré une efficacité optimale. C’est la raison pour laquelle nous conjuguons diverses modalités de traitement afin de potentialiser les résultats”, précise-t-il.

Selon le Docteur Tuân Anh, la médecine traditionnelle orientale déploie son action en restaurant l’équilibre fondamental du yin et du yang et en harmonisant les viscères. Dans le cadre clinique, les acupuncteurs procèdent à une sélection méticuleuse de points d’acupuncture spécifiques, adaptée à la condition individuelle de chaque enfant.

Clés d’un meilleur avenir

À l’Hôpital central d’acupuncture à Hanoï, des milliers de jeunes patients ont bénéficié ces dernières années d’une synergie inédite entre l’acupuncture et les interventions développementales.
Photo £ CTV/CVN

Au cœur de ce traitement intégratif résident six méthodes principales : l’électro-acupuncture, l’aquapuncture, le massage et l’acupression, l’acupuncture auriculaire, l’implantation de fils résorbables et l’intervention éducative.

Les jeunes patients atteints de TSA présentant fréquemment une hyperactivité et des difficultés à rester immobiles, les premières séances privilégient généralement un nombre limité d’aiguilles et évitent la stimulation électrique, favorisant ainsi une acclimatation progressive de l’enfant.

Chaque cycle thérapeutique s’étend habituellement sur une vingtaine de jours, ponctués d’une pause de sept à dix jours. Le centre dispose d’infrastructures adaptées comprenant des salles dédiées à l’évaluation, à la thérapie individuelle et collective, ainsi qu’au soutien familial, garantissant à chaque enfant un programme de soins sur mesure.

Des techniques de pointe telles qu’aquapuncture, électro-acupuncture, auriculothérapie et pose de fils biorésorbables optimisent davantage les résultats thérapeutiques.

Fort de l’analyse de milliers de cas, le Docteur Tuân Anh a mis en évidence des résultats encourageants, particulièrement chez les enfants initiant le traitement entre 18 et 20 mois. Selon ses observations, une détection et une prise en charge précoces de l’autisme sont corrélées à de meilleurs pronostics.

L’autisme se manifeste par un retard dans l’acquisition du langage, un développement cognitif et émotionnel atypique, ainsi qu’une coordination motrice parfois déficiente. Les premiers signes apparaissent fréquemment avant l’âge de trois ans. Dès 12 mois, un nourrisson peut ne pas babiller ou pointer du doigt. Vers 16 mois, l’absence de mots isolés ou de tout intérêt pour les jouets peut alerter. À 24 mois, le manque de phrases de deux mots ou l’évitement du contact visuel sont des signaux d’appel.

Le Docteur Tuân Anh souligne l’importance cruciale d’un dépistage et d’une intervention précoces durant la “fenêtre d’or” du développement, susceptibles d’améliorer considérablement le pronostic. Il insiste cependant sur “un parcours de longue haleine, nécessitant une persévérance sans faille” du traitement des TSA. “Il ne s’agit pas d’une problématique résolue en quelques semaines, voire quelques mois. Un engagement continu est indispensable”, ajoute-t-il.

Il met en particulier l’accent sur le rôle prépondérant de la sphère familiale : “La compréhension et la patience des parents sont fondamentales. Lorsqu’ils s’engagent main dans la main avec leur enfant sur ce chemin, ils constituent le socle le plus solide pour favoriser les progrès et l’intégration sociale”.

Hiêu Thoa - Huong Linh/CVN

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