Un café français offre un emploi aux personnes autistes et trisomiques

La chaîne Café joyeux lancée par Yann et Lydwine Bucaille emploie presque exclusivement du personnel porteur d’un handicap mental ou d'une trisomie 21. Dernière ouverture en date : à New York, où l’on a inauguré le 21e Café joyeux.

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Un employé américain atteint d’un handicap mental travaille comme serveur au premier Café joyeux de New York.
 Photo : AFP/VNA/CVN

Dans le cœur battant du business à New York, le Café joyeux, chaîne française “inclusive” de restauration avec des employés autistes ou trisomiques, se lance aux États-Unis sur un marché du travail quasiment fermé aux personnes souffrant de handicaps mentaux et cognitifs.

Posé à l’angle d’une des artères les plus prospères de Manhattan, au milieu d’imposants gratte-ciels abritant banques et entreprises, Café joyeux Lexington occupe depuis janvier un espace harmonieux et lumineux qui a été inauguré le 21 mars par le fondateur de cette entreprise solidaire française, Yann Bucaille-Lanrezac.

“On arrive avec beaucoup d’humilité”, dit cet entrepreneur social de 54 ans qui, avec sa femme Lydwine Bucaille, a ouvert le premier Café joyeux à Rennes (Ouest de la France) en 2017, puis 14 autres en France, 4 au Portugal et 1 en Belgique.

Le restaurant parisien des Champs-Élysées a été inauguré en mars 2020 par le président Emmanuel Macron et celui de Lisbonne, en novembre 2021, par son homologue portugais Marcelo Rebelo de Sousa.

À New York, le premier aux États-Unis pour cette association vend aussi, en France, du café aux centres commerciaux et aux entreprises.

Un projet américain

Avec au total 169 “équipiers” en Europe atteints de handicaps mentaux et troubles cognitifs, M. Bucaille-Lanrezac ne veut “pas faire la leçon aux Américains”.

Car son Café joyeux new-yorkais est “un projet américain” dans le quartier “Midtown” de Manhattan, temple des entreprises, banques, avocats, assureurs, hôtels et restaurants.

Au Café joyeux de New York, 14 employés sont porteurs d’un handicap mental ou de trisomie 21. 
Photo : AFP/VNA/CVN

“On se fait aider par des spécialistes des questions d’inclusion, de différence et de handicap mental, notamment les organisations AHRC et Autism Speaks implantées à New York depuis des dizaines d’années” et qui œuvrent à l’intégration sociale de personnes neurodivergentes”, explique-t-il.

Le Français a mis plus de deux ans à monter une société de droit local avec un actionnaire unique, à but non lucratif, financée par le mécénat et la philanthropie dont les dons sont défiscalisés, comme c’est la norme aux États-Unis.

Dans l’une des villes les plus chères au monde, Café joyeux se fait “prêter” pour dix ans, par le promoteur immobilier Boston Property Group, un espace calme d’une trentaine de places, décoré par l’architecte d’intérieur Sarah Lavoine. On peut y déguster cafés italiens et plats simples conçus par le chef français Thierry Marx, à des prix conformes à la vie chère à New York.

Pour mettre un pied sur le marché ultra-saturé de la restauration rapide, toujours en pénurie de main-d’œuvre après la pandémie de COVID-19, Café joyeux a recruté une directrice et des encadrants américains sans handicap pour s’occuper de “14 équipiers en situation de handicap avec des troubles autistiques, cognitifs et avec trisomie 21”.

À l’instar de Peter Anderson, “serveur, plongeur et barista” d’une vingtaine d’années qui déplore que, “dans beaucoup d’endroits, il n’y (ait) pas d’emploi pour des personnes avec ce genre de handicap”. Pourtant, “nous avons les mêmes droits qu’une autre personne qui travaille”, souligne-t-il.

Selon des statistiques officielles, les États-Unis comptent sept millions d’adultes avec des handicaps mentaux et cognitifs. Quelque 80% d’entre eux sont exclus du marché du travail.

“C’est très dur pour nous de trouver un job, même en étant qualifiés voire surqualifiés. Il suffit de dire +je suis autiste ou trisomique+ pour ne pas être recruté. Nous sommes considérés comme un poids et c’est injuste”, témoigne Rachel Barcellona, jeune autiste titulaire d’un diplôme universitaire et élue Miss Floride.

Pour Yann Bucaille-Lanrezac, ses nouveaux employés new-yorkais “ont le temps de progresser, de démontrer qu’au cœur d’une ville avec une clientèle très exigeante et très pressée, ils peuvent créer de la valeur et apporter un produit et un service de grande qualité”.

De quoi ravir Giovana Mullins, une cliente. Cette trentenaire travaillant dans le milieu du handicap se plaint du service de mauvaise qualité de chaînes américaines de cafés à tous les coins de rue à New York. “Même sans savoir ce qu’est ce café (joyeux), on sent l’énergie et la joie qui s’en dégagent”, s’enthousiasme-t-elle.

AFP/VNA/CVN

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