La faune sauvage montre des signes de rétablissement dans les forêts du Vietnam

Les forêts du Vietnam comptent parmi les plus riches en biodiversité au monde. Pourtant, leur faune abondante est depuis longtemps menacée par la perte et la dégradation de son habitat, ainsi que par le braconnage.

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Lac Bàu Sâu, dans le parc national de Cat Tiên, province de Dông Nai (Sud).
Photo : VNA/CVN

Le WWF-Vietnam a mené une étude sur les écosystèmes forestiers du pays et l’évolution de ses populations fauniques pendant quatre ans, grâce à un système de piégeage photographique systématique déployé dans 21 forêts à usage spécial (FUS) et forêts de protection (FP). Cette étude a permis de recueillir des données sur plus de 350.000 jours de piégeage.

Les résultats de cette étude historique ont été présentés au Congrès des technologies appliquées à la conservation. Selon le WWF, ce vaste et complet relevé par piégeage photographique est porteur d’espoir et souligne l’urgence d’agir pour la biodiversité du Vietnam.

L’étude, menée sur 21 sites à travers le pays, révèle que sur 16 d’entre eux, la richesse en espèces de mammifères et d’oiseaux terrestres est en augmentation, signe prometteur de rétablissement des écosystèmes. Cependant, des menaces persistantes, notamment le piégeage, continuent de compromettre ces progrès fragiles, soulignant l’urgence de renforcer et d’intensifier les efforts collectifs de conservation.

Selon le WWF, on dénombre environ 120.000 observations indépendantes d’espèces sauvages, dont neuf espèces endémiques de la région annamitique et 22 espèces non endémiques mais fortement menacées.

Les 21 sites étudiés présentent une biodiversité d’importance mondiale, mais sont également fortement appauvris. Aucun carnivore ni herbivore de taille moyenne ou grande n’a été recensé en raison du piégeage intensif et de la destruction de son habitat au cours des dernières décennies.

Deux gardes forestiers vérifient un piège photographique dans la Réserve naturelle de sao la, dans la ville de Huê (Centre).
Photo : VNA/CVN

Le renforcement des mesures de contrôle et la réduction du piégeage liés aux programmes de réensauvagement sont indispensables pour restaurer les espèces clés et accroître les populations d’animaux sauvages à des niveaux viables, nécessaires au maintien et à la restauration des écosystèmes forestiers du Vietnam.

Menée par le WWF-Vietnamet le WWF-États-Unis dans le cadre du projet de conservation de la biodiversité de l’USAID, en collaboration avec les conseils de gestion forestière locaux et l’Institut Leibniz de recherche sur les zoos et la faune sauvage, cette étude apporte des informations précieuses sur l’évolution des populations de mammifères et d’oiseaux terrestres, ainsi que sur l’efficacité des efforts de conservation déployés pour réduire les menaces pesant sur la biodiversité.

L’étude a recensé au moins 49 espèces de mammifères et 11 espèces de galliformes, dont neuf espèces endémiques de la région annamite et 22 espèces menacées à l’échelle mondiale. Parmi les découvertes les plus remarquables figurent la confirmation de la présence du muntjac à grandes cornes, de l’ours malais et de la civette tachetée - des observations parmi les plus rares de ces espèces au Vietnam ces 20 dernières années. De manière encourageante, la présence du pangolin a augmenté sur de nombreux sites, notamment dans le parc national de Cat Tiên. Globalement, la richesse spécifique a significativement progressé sur 16 sites, sans aucun déclin.

Animaux dans le Parc national de Cat Tiên.
Photo : VNA/CVN

Cependant, l’absence de carnivores de taille moyenne à grande (tels que les tigres, les léopards, les panthères nébuleuses, les chats dorés d’Asie et les dholes) et d’herbivores (tels que le saola) souligne l’impact persistant du piégeage pratiqué par le passé. La plupart des espèces recensées ont fait preuve de résilience face à une forte pression de chasse. Les données indiquent également que de nombreuses espèces étaient plus abondantes dans les zones reculées et difficiles d’accès.

L’étude de 2024 s’appuie sur l’étude de référence menée entre 2019 et 2022, permettant ainsi des comparaisons et le suivi des tendances de la biodiversité au fil du temps. Les résultats contribuent directement aux indicateurs nationaux et internationaux de suivi de la biodiversité et éclairent les stratégies de gestion adaptative des aires protégées.

"Les forêts du Vietnam abritent toujours une faune sauvage d’importance mondiale. Les signes encourageants de rétablissement indiquent que la nature peut se régénérer lorsqu’on lui en donne l’occasion. Mais un rétablissement durable dépendra d’une collaboration soutenue entre les différents niveaux de gouvernement, les communautés et les partenaires de conservation afin de mettre fin au piégeage et de garantir la prospérité de ces forêts pour les générations futures", a déclaré Nguyên Quang Hoa Anh, expert en biodiversité au WWF-Vietnam.

Le rapport recommande de répéter les études sur la biodiversité tous les trois à cinq ans afin d’assurer un suivi scientifique à long terme de la faune sauvage du Vietnam et de respecter les engagements nationaux et internationaux en matière de conservation.

Compte tenu de la complexité de la mise en œuvre des enquêtes et de l’analyse des données, il est recommandé que le gouvernement mandate un ou plusieurs instituts de recherche nationaux pour superviser les enquêtes de suivi nationales dans les forêts d’importance systémique (SUF) et les forêts publiques (PF) à l’avenir.

Le WWF-Vietnam souligne également l’urgence d’envisager la mise en œuvre de programmes de réensauvagement afin de réintroduire les espèces clés sur les sites où elles ont disparu et de renforcer les populations là où elles sont déjà présentes, permettant ainsi d’accroître les populations fauniques jusqu’aux niveaux nécessaires au maintien et à la restauration des écosystèmes forestiers du Vietnam.

VNA/CVN

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