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| Sauveteurs des coraux de Cù Lao Chàm. |
| Photo : TP/CVN |
Nguyên Minh Toàn, 33 ans, agent du Service de patrouille et de surveillance de la Réserve naturelle de Cù Lao Chàm (ville de Dà Nang, Centre), consacre la majeure partie de son temps à la préservation des coraux, des herbiers marins et de l’écosystème insulaire. Au-delà de ses missions de surveillance destinées à prévenir les atteintes à la biodiversité, il plonge pour cultiver et restaurer patiemment les récifs.
Jardiniers sous-marins
Le processus est complexe et requiert une grande minutie. Il s’agit d’abord de repérer les zones à restaurer et d’évaluer les conditions afin de sélectionner les espèces de coraux les plus adaptées. Des pépinières sont ensuite créées pour fournir les boutures qui seront transplantées dans les zones fragilisées ou blanchies. Le transport des boutures est un travail délicat. Une fois fixés, les coraux sont suivis attentivement et leurs données de croissance consignées pour évaluer l’efficacité de la conservation à long terme.
L’équipe mène aussi des opérations de protection de l’habitat corallien, notamment en éliminant les oursins et en récupérant les “filets fantômes” qui polluent la réserve.
Originaire de la commune insulaire de Tân Hiêp, à Dà Nang, Minh Toàn, robuste et agile, entretient depuis près de dix ans une relation intime avec l’océan. Il sait qu’au fond de l’eau, l’erreur n’est pas permise. En une décennie, il a participé à la création de dizaines de pépinières sous-marines. Six mois après leur plantation, les boutures deviennent suffisamment solides pour être transplantées dans les zones blanchies.
La période de mars à juillet est la plus favorable à la transplantation, non pas pour le confort des plongeurs, mais afin de donner aux coraux le temps de se régénérer avant la saison des moussons et des tempêtes. Le suivi de la croissance est essentiel et se poursuit d’année en année.
“Ce métier demande, au-delà de la force physique et de la technique, une passion profonde. L’amour et la fierté d’être la troisième génération de l’île nous donnent l’élan nécessaire pour bien faire notre travail. C’est le meilleur moyen de préserver ce trésor que nos ancêtres nous ont légué”, confie Minh Toàn.
Dévouement à toute épreuve
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| Travail sous-marin d’un agent de la Réserve naturelle de Cù Lao Chàm. |
| Photo : TP/CVN |
Parmi les agents de la réserve, deux jeunes femmes se distinguent : Nguyên Thi Hông Thuy, 30 ans, et Trân Phuong Thao, 35 ans.
Hông Thuy, native de Cù Lao Chàm, nourrit depuis toujours un amour pour la mer. Diplômée en gestion des ressources aquatiques de l’Université d’agriculture et de sylviculture de Huê, elle a intégré la réserve en 2017.
Phuong Thao, originaire de Hôi An, à Dà Nang, a pour sa part choisi de s’installer sur l’île après avoir obtenu un diplôme en biotechnologie à l’Université des sciences et technologies de Dà Nang.
Leur travail de culture et d’entretien des coraux, des herbiers et des fonds marins est aussi exigeant que celui de leurs collègues masculins. Elles affrontent souvent des situations périlleuses, telles que les courants violents pouvant entraîner le corps à près de dix mètres de profondeur.
“Dans ces cas-là, il faut rester calme et détendre son corps jusqu’à ce que le courant passe. Plus on se débat, plus on s’expose au danger”, explique Phuong Thao. “Ma plus grande joie est de voir les récifs restaurés. Les poissons et autres créatures marines reviennent, créant un paysage d’une beauté incroyable, comme un immense aquarium”, ajoute-t-elle.
Pour sa part, Hông Thuy reconnaît que ce métier exige courage et une certaine témérité : “Sans passion, il est difficile de durer. Ma plus grande tristesse est de voir les récifs détruits par les activités humaines, les déchets ou les touristes qui cassent les coraux, consciemment ou non”.
La zone marine de Cù Lao Chàm a été reconnue Réserve de biosphère mondiale en 2009. Avec une superficie de 23.500 ha, elle abrite plus de 1.035 espèces végétales et animales terrestres, ainsi que 1.309 espèces marines, dont beaucoup sont rares ou menacées au Vietnam et même dans le monde.
Selon Lê Vinh Thuân, directeur adjoint du Comité de gestion de la réserve, la plupart des agents sont jeunes, passionnés et dévoués. Tous sont formés et certifiés en plongée par l’Association professionnelle des instructeurs de plongée (PADI), garantissant la qualité de leur travail.
L’implication de la communauté locale est également exemplaire, grâce à une communication efficace qui place les intérêts des habitants au cœur de la protection de l’écosystème marin. Toutefois, la réserve reste vulnérable aux impacts extérieurs, notamment liés aux activités humaines. “Le développement touristique et l’afflux de visiteurs représentent une opportunité, mais aussi un défi en termes de gestion des déchets et de consommation des produits de la mer”, souligne M. Thuân.
Les efforts de restauration et de conservation portent néanmoins leurs fruits : la superficie et la couverture corallienne de Cù Lao Chàm progressent, et la sensibilisation de la population locale à la protection de l’environnement, notamment en matière de pêche, s’est considérablement renforcée.
Huong Linh - Hoài Van/CVN





