La Bolivie se choisit un président de centre droit, après 20 ans de socialisme

Le sénateur de centre droit Rodrigo Paz a remporté dimanche 19 octobre le second tour de la présidentielle en Bolivie, devançant son rival de droite Jorge "Tuto" Quiroga, dans un pays en proie à une profonde crise économique après 20 ans de gouvernements socialistes.

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Rodrigo Paz vote aux côtés de son épouse, Maria Elena Urquidi, lors du second tour de l'élection présidentielle, à Tarija, en Bolivie, le 19 octobre 2025.
Photo : AFP/VNA/CVN

Donné perdant dans les derniers sondages, Rodrigo Paz recueille 54,6% des voix, selon le dépouillement de 97,8% des bulletins, a annoncé le Tribunal suprême électoral (TSE). Son adversaire obtient 45,4% des suffrages.

À l'annonce des résultats, les rues de La Paz, jusque-là quasi désertes, se sont remplies de partisans du vainqueur, aux sons de pétards, de cris de joie et de musique.

"Nous sommes venus célébrer la victoire avec beaucoup d'espoir de donner un nouveau cap à la Bolivie", a déclaré Julio Andrey, un avocat de 40 ans, estimant que cet économiste de 58 ans était "plus proche des revendications populaires" que son rival.

Héritier d'une influente dynastie politique, Rodrigo Paz est un homme politique modéré au ton populiste qui se présente comme un homme de consensus.

"Réconciliation" 

"J'ai appelé Rodrigo Paz Pereira pour le féliciter", a déclaré Jorge "Tuto" Quiroga, reconnaissant sa défaite dans un hôtel de La Paz. "Il s'agit d'un décompte provisoire, nous allons attendre les résultats officiels, nous aurons les procès-verbaux et nous les comparerons", a-t-il cependant ajouté.

Devant la presse, le populaire vice-président élu, Edmand Lara, a appelé "à l'unité et à la réconciliation entre les Boliviens".

Rodrigo Paz accède au pouvoir dans un pays qui, sous Evo Morales (2006-2019), a poussé très loin le virage à gauche: nationalisation des ressources énergétiques, rupture avec Washington, alliances avec le Venezuela d'Hugo Chavez, Cuba, la Chine, la Russie ou encore l'Iran.

Le président élu succédera le 8 novembre à l'impopulaire Luis Arce, qui a renoncé à se représenter et quittera le pouvoir au terme d'un mandat de cinq ans marqué par la pire crise économique qu'ait connue le pays en 40 ans.

La chute des exportations de gaz, due au manque d'investissements, a tari les réserves en dollars et rendu intenable la coûteuse politique de subvention des carburants. Faute de devises pour les importer, la pénurie d'essence et de diesel s'aggrave et les prix s'envolent.

La sénatrice républicaine américaine Maria Elvira Salazar a félicité sur X le nouveau président élu, saluant une Bolivie qui, selon elle, "se relève après des années de socialisme, de corruption et de promesses non tenues".

L'inflation annuelle dépasse désormais 23%, et les longues files de véhicules attendant un hypothétique réapprovisionnement des stations-service sont devenues banales dans ce pays presque deux fois plus grand que la France, mais avec 11,3 millions d'habitants.

Les deux candidats ont prôné des politiques similaires, fondées sur une forte réduction des dépenses publiques - notamment des subventions aux carburants - et une plus grande ouverture au secteur privé.

Rodrigo Paz a cependant défendu un "capitalisme pour tous" fondé sur la décentralisation et la rigueur budgétaire avant tout nouvel endettement. Son rival, plus radical, plaidait pour une ouverture totale aux marchés internationaux et le recours à de nouveaux crédits.

Il ne disposera pas d'une majorité au Parlement, ce qui va le contraindre à former des alliances. Arrivé en tête du premier tour en août, il dispose cependant du groupe parlementaire le plus important, avec 49 députés et 16 sénateurs, devant celui de Jorge Quiroga (39 et 12).

"Paz a gardé un ton très calme, très centriste", souligne la politologue Daniela Keseberg, interrogée par l'AFP. "Il connecte bien avec la population, on sent que les gens l'aiment (...) il a touché ceux qui veulent un changement, mais pas un changement radical".

Le nouveau président élu devra également faire face à la vive opposition d'Evo Morales, toujours populaire parmi les Boliviens autochtones notamment et qui n'a pas pu se présenter en raison de la limite des mandats.

"Penser que les prêts internationaux vont résoudre nos problèmes économiques est une erreur totale", a réagi Evo Morales, plaidant "pour une hausse des programmes sociaux", depuis son fief du Chapare (centre) où il est retranché en raison d'un mandat d'arrêt dans une affaire de traite de mineure qu'il nie.

"Morales reste un facteur de déstabilisation", avertit Daniela Osorio, politologue au German Institute of Global and Area Studies (GIGA).

AFP/VNA/CVN

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