>> Un journalisme de combat et d’humanisme
>> La vérifiabilité de l’information est la "norme d’or" du journalisme de référence
>> L’IA challenge le journalisme mais ne saurait remplacer son âme
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Photo : CTV/CVN |
La réalité pour de nombreux étudiants en journalisme aujourd'hui est une entrée précoce et intense dans la profession. Dès les premières années d'université, il n'est pas rare qu'ils soient confrontés à un rythme de travail soutenu et exigeant : cours le matin, reportages l'après-midi et montage des actualités le soir. Ces pressions, autrefois réservées aux journalistes professionnels, sont désormais des exigences fondamentales pour les collaborateurs et les étudiants.
Thanh Hang, étudiante en 3e année de journalisme à l'Université des sciences sociales et humaines, et collaboratrice au journal Lao Dông (Travail, en français), a commencé sa carrière dès sa première année universitaire. Elle témoigne que "les nuits passées à monter des informations jusqu'à 2 ou 3 heures du matin ne sont plus rares". Cette immersion précoce dans un environnement de travail intense lui a permis d'acquérir de nombreuses compétences dès ses études.
Bao Ngoc, également étudiante en 3e année de journalisme à la même université, a rapidement compris que l'apprentissage en salle de classe ne suffisait pas pour suivre le rythme et faire face à la pression de ce métier. Cependant, même en s'étant lancée tôt et en s'étant immergée dans un cycle de travail dont la pression n'avait rien à envier à celle des journalistes titulaires, Ngoc se sent parfois "perdue", "ne sachant pas" si elle pourra m'accrocher à ce métier.
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Photo : CTV/CVN |
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À l'ère du journalisme numérique, la concurrence ne se limite plus aux compétences humaines, mais s'étend à un nouveau front : la confrontation entre l'homme et la technologie, incarnée par l'essor de l'intelligence artificielle (IA). C'est un défi majeur et probablement la source de l'insécurité professionnelle croissante chez les étudiants en journalisme. L'IA automatise progressivement de nombreuses tâches qui nécessitaient auparavant l'intervention manuelle des journalistes : du dérushage audio à la suggestion de titres, voire de nouvelles approches pour les sujets. Des compétences qui faisaient l'essence même du journalisme sont désormais des processus que l'IA peut prendre en charge.
Dô Ngoc Luu, étudiant en 2e année de journalisme à l'Université des sciences sociales et humaines a commencé comme collaborateur photographe pour la section Média du journal Dân tri. Mais, comme il le souligne lui-même, "l'IA peut remplacer le travail de trois journalistes à la fois", ce qui l'a contraint à endosser plusieurs rôles dans la production d'un article de presse.
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Dinh Viêt Hà sur le terrain après le passage du typhon Yagi, capturant l'instant au milieu de la pluie, du vent et des arbres déracinés. |
Photo : NVCC/CVN |
Cependant, le défi fondamental auquel est confrontée cette nouvelle génération de journalistes ne se limite pas à la maîtrise des outils d'IA, mais réside dans les questions d'éthique professionnelle et de sensibilité politique dans le traitement de l'information lors de l'utilisation de l'IA. Dinh Viêt Hà, étudiant en 4e année de journalisme et collaborateur photographe au magazine électronique Tri thuc (Znews), a souvent été témoin de la "prolifération rapide" d'images de synthèse créées par l'IA sur les réseaux sociaux.
"Beaucoup d'images semblent très réelles, avec des angles de prise de vue parfaits, une belle lumière, et même des informations complètes comme un produit journalistique officiel. Mais en réalité, il ne faut que quelques secondes à l'IA pour les créer", renchéri-t-il. Face à ce flux chaotique d'informations, selon Viêt Hà, les jeunes journalistes doivent développer une "immunité à l'information" dès le début de leur carrière. "Diffuser une information rapidement mais de manière erronée est plus dangereux que de la diffuser tardivement. Un article incorrect n'affecte pas seulement la réputation de la rédaction, mais peut aussi être facilement analysé et attaqué en masse par la communauté en ligne", explique Viêt Hà.
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Avec l'IA et les progrès technologiques, la nouvelle génération de journalistes ne voit pas seulement des défis, mais surtout des opportunités inédites pour innover. |
Photo d'illustration générée par l'IA. |
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La question épineuse qui se pose aux jeunes qui se lancent dans le journalisme n'est plus simplement "comment devenir un bon journaliste ?", mais plutôt : "comment se distinguer, comment créer une valeur unique et irremplaçable ?".
Ayant commencé le journalisme en juillet 2022, dès ses premiers jours de stage en première année, Linh Trang, étudiante en 4e année à l'Université des sciences sociales et humaines de Hanoï et actuellement stagiaire journaliste au journal Lao Dông, a appris l'ensemble du processus de production multiplateforme. "En travaillant ici, si l'on ne sait qu'écrire, on ne peut pas rivaliser avec les autres. Lorsque la rédaction a besoin de quelqu'un qui sait écrire, mais aussi filmer, monter, présenter et concevoir des talk-shows, je dois être prête à tout assumer", a-t-elle fait part.
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Linh Trang, journaliste stagiaire au journal Lao Dông, s'exerce à animer un talk-show dans le cadre d'un processus de production multimedia. |
Photo : NVCC/CVN |
Cela démontre que la première différence réside dans la maîtrise des outils multimédias par la génération Z. Leur habileté à exploiter les plateformes, les logiciels d'IA et à maîtriser les outils d'aide à la production de contenu donne un avantage à des jeunes comme Linh Trang par rapport à la génération précédente, qui est encore plus ou moins hésitante dans sa transition vers le rythme technologique.
Parallèlement, l'explosion de l'IA offre aux jeunes la possibilité de trouver de nouvelles "niches" où ils peuvent construire leur marque personnelle sur un marché concurrentiel. Bao Ngoc a choisi de perfectionner ses compétences en effectuant un stage dans la section Science, Technologie et Éducation du journal Dân tri, se spécialisant dans le contenu scientifique, un domaine souvent considéré comme aride et difficile d'accès par de nombreux jeunes de la génération Z.
"J'ai réalisé qu'il était important d'aider un large lectorat à comprendre des problèmes complexes comme l'IA, la blockchain... sous forme d'histoires accessibles et proches, mais toujours scientifiquement exactes", se rend compte Bao Ngoc. Selon elle, c'est une identité que l'IA ne peut pas encore posséder, et c'est aussi un terrain fertile pour les jeunes journalistes créatifs et innovants.
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Photo : CTV/CVN |
"Quand un article ouvre aux lecteurs une perspective empathique sur des destins différents, c'est là que nous réalisons une chose : peu importe le développement de l'IA, elle ne peut pas remplacer l'être humain", observe Viêt Hà. Son témoignage est également le sentiment commun de nombreux jeunes de la génération Z qui s'accrochent chaque jour au métier de journaliste. Ils ont réalisé les valeurs fondamentales du journalisme, qui ne sont pas faciles à remplacer.
Hông Anh/CVN