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Signé en juin 2019 et entré en vigueur en août 2020, l’EVFTA est l’un des accords les plus ambitieux jamais conclus par l’Union européenne (UE) avec un pays en développement. Il a entraîné la suppression immédiate de plus de 70% des droits de douane, avec un objectif d’élimination de 99% des tarifs restants. L’accord a aussi élargi l’accès aux marchés, renforcé la protection de la propriété intellectuelle et accru la transparence réglementaire.
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En 2024, les échanges commerciaux Vietnam - UE ont atteint 786,29 milliards de dollars, en hausse de 15,4% sur un an. |
Photo : VNA/CVN |
D’après les données des Douanes vietnamiennes, les échanges commerciaux entre le Vietnam et l’UE ont progressé de 46,5% sur la période 2020-2024, atteignant plus de 64,6 milliards de dollars, contre 44,1 milliards lors des cinq années précédentes. L’EVFTA a permis de maintenir une dynamique de croissance dans un contexte mondial marqué par la pandémie de COVID-19, le conflit russo-ukrainien et les perturbations des chaînes d’approvisionnement.
Obstacles à franchir
Dès son entrée en vigueur, le texte a supprimé 85,6% des lignes tarifaires de l’UE. Ce taux atteindra 99,2% d’ici 2027, permettant à la quasi totalité des produits vietnamiens d’être exonérés de droits de douane. Certains produits comme le riz, le café, les produits de la mer, les fruits et les légumes, le textile et la chaussure ont immédiatement bénéficié d’un taux à 0%, renforçant leur compétitivité. Ces avantages sont particulièrement visibles dans les exportations agricoles et aquacoles. Par exemple, les exportations de café vers l’UE ont connu une hausse spectaculaire de 120%, passant de 983 millions de dollars en 2020 à 2,2 milliards en 2024. Les exportations de fruits et légumes ont, quant à elles, progressé de 65,6%, atteignant 242,5 millions de dollars.
Cependant, plusieurs secteurs tels que le textile, la chaussure, le bois et la pharmacie rencontrent encore de nombreux obstacles pour exploiter pleinement les avantages de l’accord. Ces difficultés sont liées à des facteurs structurels, notamment des technologies de production obsolètes, un manque d’investissement dans le design et la marque, et des défis dans le respect des règles d’origine. À cela s’ajoutent les exigences techniques strictes imposées par l’UE, notamment en matière de traçabilité, de technologie et de normes de produits.
Le Vietnam a fait des efforts clairs pour améliorer les conditions de travail et l’environnement afin de se conformer à l’EVFTA, comme la ratification d’un certain nombre de conventions fondamentales de l’Organisation internationale du travail (OIT), telles que la convention N°98 sur la négociation collective, la convention N°105 sur l’abolition du travail forcé, la mise en œuvre de la Loi sur le travail révisée de 2019 et l’adoption de la Loi sur la protection de l’environnement de 2020.
Un levier stratégique
L’EVFTA continuera à offrir des bénéfices tangibles aux entreprises domestiques à mesure que de nouvelles réductions tarifaires entreront en vigueur, notamment en 2027, lorsque 99,2% des lignes tarifaires seront supprimées, représentant 99,7% des exportations vietnamiennes. Dans un contexte de tensions commerciales croissantes, notamment avec les mesures protec-tionnistes américaines, le texte permet au Vietnam de diversifier ses marchés et ses partenaires.
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L’EVFTA constitue un levier stratégique pour moderniser le modèle de croissance du Vietnam et renforcer son intégration dans les chaînes de valeur mondiales. |
Photo : VNA/CVN |
Pour tirer pleinement parti de cet accord, le pays doit intensifier la modernisation de sa production, s’engager dans la transition verte, investir dans le capital humain, développer la production locale et renforcer la transparence institutionnelle. Au-delà de l’accès au marché, l’EVFTA constitue un levier stratégique pour moderniser le modèle de croissance du Vietnam et accroître son intégration dans les chaînes de valeur mondiales.
L’accord constitue un jalon majeur dans l’histoire de la coopération bilatérale, particulièrement dans un contexte mondial marqué par de profondes évolutions, a affirmé l’ambassadeur du Vietnam en Belgique et chef de la Mission du Vietnam auprès de l’UE, Nguyên Van Thao. Les résultats obtenus sont significatifs : le pays est ainsi devenu le premier partenaire commercial de l’UE au sein de l’ASEAN, tandis que cette union s’est positionnée comme son quatrième partenaire mondial. Ce succès a accru la place du Vietnam dans les chaînes de valeur mondiales, en particulier dans ses secteurs d’exportation clés tels que l’électronique, le textile et la chaussure.
Le diplomate a mis en lumière les performances remarquables du secteur agro-sylvicole et halieutique, soulignant que leur complémentarité avec la production européenne génère un impact socio-économique tangible dans les zones rurales vietnamiennes. Cependant, selon Nguyên Van Thao, le potentiel de l’EVFTA reste encore largement sous-exploité. Il a insisté sur le fait qu’au sein de l’ASEAN, seuls le Vietnam et Singapour disposent d’un accord de libre-échange avec l’Union européenne, et que le Vietnam devrait saisir cette “période en or” pour renforcer sa position sur ce marché exigeant mais plein de promesses.
Grâce aux bases solides de la coopération et à l’engagement mutuel en faveur d’un commerce libre, équitable et fondé sur des règles, l’accord restera un outil clé pour promouvoir le partenariat stratégique entre le Vietnam et l’UE.
Thê Linh/CVN