>> Une nouvelle ère d’essor : le deuxième Renouveau du Vietnam
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Photo : CTV/CVN |
Au fil des huit décennies jalonnées de défis et d’épreuves, le développement économique a toujours occupé une place centrale dans l’œuvre révolutionnaire du Parti comme de la nation. Ces 80 ans de croissance ne retracent pas seulement une épopée de courage, d’intelligence, d’esprit de renouveau et de cohésion nationale, mais aussi une profonde transformation de la gouvernance, du cadre institutionnel, de la gestion publique et de l’intégration mondiale. Tout cela au service d’un rêve : bâtir un avenir radieux pour le pays.
Durant les périodes de guerre, de fondation et de quête de la réunification du pays, l’économie vietnamienne a été profondément marquée par les conflits, la division et les antagonismes idéologiques. Le Nord, à cette époque-là, devait relever un double défi : édifier le socialisme tout en ravitaillant le Sud, dans un contexte d’économie planifiée centralisée.
À peine réunifié, le pays a dû affronter deux guerres frontalières, au Sud-Ouest et au Nord, ainsi que l’embargo et l’isolement international. L’économie, épuisée, souffrait de graves destructions de ses infrastructures et de ses bases matérielles, tandis que les finances publiques étaient extrêmement précaires.
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Photo : CTV/CVN |
Des modes de gestion inadaptés ont étouffé les dynamiques et l’efficacité du marché. La production stagnait, les recettes étaient faibles, alors que les besoins de dépenses pour la reconstruction et la défense des frontières étaient immenses. L’appareil administratif, devenu trop lourd, creusait le déficit budgétaire, lequel ne pouvait être comblé que par l’émission monétaire. Entre 1981 et 1985, la masse monétaire injectée dans l’économie augmentait en moyenne de 64,7% par an. L’absence de clarté dans la discipline fiscale et la fragmentation du budget ont provoqué une grave crise financière et monétaire.
Un tournant vital de la nation
Face à une crise économique aiguë, à l’hyperinflation et à des conditions de vie extrêmement difficiles pour la population, le VIe Congrès national du Parti de 1986 a pris une décision historique, marquant un tournant impressionnant dans la croissance du pays : déployer l’œuvre de Renouveau (Dôi moi), centrée avant tout sur la réforme économique.
Ce choix a été décisif, vital pour la nation, permettant non seulement de sauver l’économie mais aussi d’ouvrir une nouvelle ère de développement pacifique, dynamique et tournée vers l’intégration internationale. La première et la plus importante des réformes fut celle du mode de pensée et des principes économiques, en passant du modèle d’économie centralement planifiée à une économie de marché à orientation socialiste, avec un accent mis sur quatre axes majeurs et concrets : réforme des institutions économiques, rénovation des politiques agricoles et rurales, réforme des politiques fiscales et monétaires, mise en œuvre de la politique d’ouverture et d’intégration internationale.
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Photo : VNA/CVN |
Les résultats remarquables de cette période de Renouveau et de transition vers l’économie de marché incluent la sortie de crise, une croissance soutenue du PIB - avec un taux annuel moyen de 4,4% entre 1986 et 1990, puis de 7% pour la période 1991-2000 -, la fin de l’hyperinflation continue (passant de 453,5% en 1986 à 95,8% en 1989 et 37,7% en 1992), la garantie de la sécurité alimentaire, et une forte attraction des investissements directs étrangers (plus de 40 milliards de dollars enregistrés entre 1986 et 2000), qui permit l’émergence de nombreuses zones industrielles et franches. Le secteur privé connut également une montée en puissance, portée par une vague de création d’entreprises.
L’année 1986 marqua ainsi la première grande œuvre de renouveau économique, avec un renouvellement de la vision et du modèle, posant un jalon historique, essentiel à la survie et au développement du pays. Les vastes réformes de cette période n’ont pas seulement permis au Vietnam de sortir de la crise, elles ont surtout jeté les bases solides de l’industrialisation, de la modernisation et d’une intégration internationale profonde dans les années qui ont suivi.
Transformation du modèle de développement
Profitant de l’élan et des opportunités offertes par l’ouverture et l’intégration internationale de la période 1986-2000, le Parti et l’État vietnamiens ont mené une stratégie de percée simultanée sur trois axes clés, posant ainsi les fondations d’un développement rapide et durable au XXIe siècle.
En janvier 2007, l’adhésion du Vietnam à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) a marqué une avancée majeure dans son ouverture économique, scellant son intégration aux échanges internationaux. Le pays est devenu un membre actif de la Coopération économique pour l’Asie-Pacifique (APEC), de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) et de l’Organisation des Nations unies (ONU).
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Photo : CTV/CVN |
Parallèlement, le Vietnam a activement participé à la signature de nombreux accords de libre-échange de nouvelle génération, élargi ses partenariats stratégiques et son espace économique, multiplié les opportunités d’accès aux marchés mondiaux, attiré capitaux, technologies et savoir-faire, tout en affirmant son nouveau statut international. En 2020, le chiffre d’affaires total à l’exportation a atteint 282,6 milliards de dollars, soit 19,5 fois plus qu’en 2000.
Le dynamisme économique s’est également illustré par une croissance rapide et stable du PIB, une transformation progressive vers une économie de plus en plus diversifiée et équilibrée entre les différents secteurs, ainsi qu’une inflation maîtrisée.
Une phase de croissance forte
La période 2001-2020 a marqué une phase de croissance forte, globale et d’intégration internationale profonde, couronnée par des acquis fondamentaux pour l’économie nationale. Malgré ces avancées, celle-ci restait confrontée à de nombreux défis, tant internes qu’externes, qui freinaient le développement durable et l’œuvre de modernisation du pays.
La volatilité économique mondiale, notamment la crise financière de 2008-2009, ainsi que des exigences d’intégration plus strictes, exposaient le Vietnam à une concurrence accrue pour l’attraction des investissements étrangers et des technologies, tout en subissant la pression des coûts de main-d’œuvre. Les nouveaux accords de libre-échange imposaient des normes rigoureuses en matière d’environnement, de propriété intellectuelle, de droit du travail et de gouvernance - autant de points faibles pour les entreprises vietnamiennes. Ces exigences impactaient profondément le commerce, l’investissement et les chaînes d’approvisionnement nationales.
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Au port de Tân Vu à Hai Phong (Nord). |
Photo : VNA/CVN |
Parmi les défis internes figuraient le tiraillement entre pensée idéologique et exigences du marché, freinant l’achèvement d’un cadre économique transparent ; la faiblesse persistante des ressources humaines et de la maîtrise technologique ; une infrastructure inachevée, des investissements publics fragmentés et peu efficients ; ainsi qu’un modèle de croissance excessivement tributaire du capital, de la main-d’œuvre bon marché et d’une productivité limitée.
En outre, le système juridique et les politiques restaient incohérents et parfois contradictoires ; la lourdeur administrative et les interventions arbitraires persistaient ; la croissance du marché des facteurs de production était lente ; l’innovation et le développement durable manquaient de cadre institutionnel ; l’appareil d’État et la gouvernance publique demeuraient insuffisamment efficaces, constituant autant de goulots d’étranglement pour l’économie.
Face aux défis internes et externes, une réforme profonde et globale s’imposait. Ce n’est qu’en surmontant les obstacles structurels et les blocages persistants que l’économie vietnamienne pourra engager une croissance à la fois rapide et durable, en vue d’atteindre le statut de pays à revenu intermédiaire supérieur d’ici 2030, puis celui de pays développé à l’horizon 2045.
Une nouvelle ère de la prospérité
L’économie nationale durant la période 2021-2025 évolue dans un contexte mondial marqué par de profondes mutations géopolitiques, une transformation numérique accélérée et une conjoncture internationale incertaine et imprévisible. Le modèle de la mondialisation évolue, l’économie mondiale se fragmente, entraînant des déplacements dans les chaînes d’approvisionnement globales, parallèlement à une tendance vers une croissance verte et durable. Les intérêts et la sécurité nationale façonnent désormais l’ensemble des politiques économiques mondiales. Par ailleurs, la pandémie de COVID-19 a provoqué un choc sans précédent, imposant la nécessité impérieuse de réformer les institutions et de renouveler le modèle de croissance.
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Photo : VNA/CVN |
Le monde entre aujourd’hui dans une nouvelle ère, caractérisée par une redéfinition des équilibres géopolitiques, des ruptures majeures et des mutations profondes. Le système économique international, en pleine recomposition, se trouve à la croisée de carrefours stratégiques décisifs. Pour renforcer sa capacité d’adaptation face à ces mutations historiques, et réaliser l’aspiration à bâtir un Vietnam prospère, puissant, démocratique et civilisé, le Parti et l’État ont lancé la deuxième vague de réformes : rénover de manière synchronisée le système politique et l’économie, selon une feuille de route adaptée, en renouvelant profondément la pensée, la vision du développement, la gestion et la gouvernance nationale. Il est temps de s’affranchir du mode de pensée directif et des carcans idéologiques.
Les acquis de ces 80 dernières années ne se mesurent pas seulement à la croissance, à l’ampleur de l’économie ou au taux de pauvreté, mais aussi à la capacité à piloter avec souplesse les politiques macroéconomiques et à résister aux chocs mondiaux.
Si la première vague de réformes fut un choix vital pour sauver l’économie - sans l’œuvre de Renouveau lancée en 1986, il n’y aurait pas le Vietnam d’aujourd’hui -, la réforme de 2025 et des années à venir s’impose désormais comme la condition sine qua non pour permettre au pays de réaliser son ambition de développement rapide et durable.
Le parcours de 80 ans de croissance économique du Vietnam est une épopée historique, symbole de la résilience, de l’intelligence et de l’aspiration collective à s’élever de tout un peuple. D’une économie coloniale, agricole, pauvre et meurtrie par les guerres, le Vietnam a franchi, étape après étape, les obstacles, mené une rénovation d’envergure et progresse désormais vers une économie de marché pleinement intégrée au monde, accumulant de grandes réalisations historiques. Ces succès confirment non seulement la justesse de la voie choisie, mais constituent aussi le socle solide pour concrétiser le rêve d’un Vietnam prospère et heureux à l’horizon 2045.
Bich Lâm - Phuong Nga/CVN