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Pour réaliser une pièce complète, l’artisan doit suivre plusieurs étapes cruciales. |
L’histoire de la joaillerie à Đinh Công remonte quelque part entre 571 et 603. Sous le règne du roi Ly Nam Đê (503-548), trois frères de la famille Trần - Trần Điện, Trần Điền et Trần Hòa - s’installèrent à Đinh Công, ouvrirent une bijouterie et transmirent leur savoir-faire aux habitants. Bien qu’ils ne fussent pas les fondateurs de cet artisanat, leur contribution au développement des techniques de fabrication est indéniable.
La technique “đậu bạc” (filigrane) exige des orfèvres une combinaison de patience et d’habileté. |
En hommage à leur héritage, les habitants les ont sacrés “ancêtres de métier” et ont élevé un temple en leur honneur au 51, rue Hàng Bac, à Hanoï, où est organisée chaque année une cérémonie commémorative le 12 février. La raison pour laquelle cet édifice a été établi à Hàng Bac remonte à une période ultérieure, lorsque les artisans de Đinh Công se sont installés dans le quartier de Đông Các et que la rue Hàng Bac était également fréquentée par des bijoutiers de Đông Xâm et de Châu Khê, respectivement dans les provinces de Thai Binh et de Hai Duong, au Nord.
Devant le temple dédié aux génies tutélaires du village de Đinh Công dans la rue Hàng Bac, à Hanoï. |
Les artisans de Đinh Công, qu’ils aient des fonds ou non, ont su tirer parti de leur héritage. Ceux qui avaient les moyens ont ouvert des boutiques destinées à l’élite, tandis que ceux sans capitaux ont trouvé des emplois chez d’autres artisans. Grâce à leur formation auprès de leurs ancêtres, les bijoutiers de Đinh Công se sont distingués par leur habileté et leur créativité.
L’émergence de la joaillerie Đinh Công a permis à la rue Hàng Bac de devenir un centre névralgique de l’artisanat de l’or et de l’argent au Vietnam. En reconnaissance de ce riche héritage, les artisans de Đinh Công ont financé la construction du temple, qui demeure un symbole vivant de leur histoire et de leur tradition.
Ces produits sont entièrement réalisés à la main. |
Les artisans du village de Đinh Công sont réputés pour leurs créations en or et en argent, reconnues pour leur précision et leur finesse à Thang Long. La technique “đậu bạc”, ou filigrane, est le processus d’étirement de l’argent fondu en fils délicats, qui sont ensuite façonnés en motifs floraux et animaliers pour décorer divers bijoux. Cette technique, entièrement manuelle, ne peut être remplacée par aucune machine.
Traditionnellement, les artisans de Đinh Công se concentraient sur de petits objets tels que des bagues, des boucles d’oreilles et des ornements floraux. Avec l’évolution de la demande, ils ont élargi leur gamme pour inclure des pièces de plus grande taille, comme des bracelets, des porte-monnaie et des plats décoratifs.
Orfèvres travaillant dans un atelier à Đinh Công. |
Pour les créations simples, un apprenti peut acquérir les compétences nécessaires en environ un an. Cependant, la fabrication de pièces plus complexes exige généralement au moins huit années d’expérience pour atteindre un niveau de confiance suffisant.
De par leur originalité, les produits de Đinh Công se distinguent de ceux des villages de Đông Xâm à Thái Bình et de Châu Khê à Hai Duong. Cette singularité se manifeste notamment dans l’utilisation de grandes feuilles d’argent, soigneusement façonnées pour créer des formes uniques.
Chaque création possède sa propre identité et un savoir-faire exceptionnel. |
La technique “đậu bạc” nécessite également une attention particulière aux détails, avec des motifs si petits qu’ils peuvent nécessiter une loupe pour être discernés. Les artisans utilisent des fils d’argent fins pour tisser et broder des bijoux et des objets souvenirs raffinés.
Les produits de Đinh Công sont entièrement réalisés à la main, mettant en avant la dextérité, la minutie et la persévérance des artisans. Ces créations représentent non seulement des objets d’art, mais aussi un riche héritage culturel traditionnel.
Texte et photos : Phuong Nga - Tuân Anh/CVN