>> La langue vietnamienne s'invite à Bruxelles : un pont entre cultures et générations
>> Le vietnamien, un courant qui relie les Vietnamiens des cinq continents
>> Plus de 500 enseignants unis pour transmettre le vietnamien aux enfants de la diaspora
![]() |
Les participants au Camp d’été du vietnamien 2025 posent pour une photo souvenir avec les représentants de l’Association des Vietnamiens et de l’ambassade du Vietnam en Biélorussie. |
Photo : VNA/CVN |
Avec le soutien de la Commission d’État pour les Vietnamiens d’outre-mer (Viêt kiêu), du Front de la Patrie, des Comités populaires de plusieurs provinces et villes vietnamiennes, ainsi que de l’Association des Vietnamiens au Cambodge, de nombreuses écoles destinées aux enfants de la diaspora ont vu le jour.
Selon les chiffres de l’Association khméro-vietnamienne et de la représentation diplomatique du Vietnam à Phnom Penh, on recense aujourd’hui une trentaine d’établissements bilingues khmer-vietnamiens dans la capitale cambodgienne et dans 14 provinces du “pays des pagodes”, accueillant près de 1.400 élèves.
Les cours de vietnamien y sont dispensés gratuitement, selon les programmes du ministère cambodgien de l’Éducation, de la Jeunesse et du Sport, mais aussi à travers les manuels scolaires du ministère vietnamien de l’Éducation et de la Formation.
Entre intégration et identité
Pour Thach Thi Lan, directrice de l’Ecole primaire d’amitié khméro-vietnamienne Tân Tiên à Phnom Penh, l’apprentissage du khmer comme du vietnamien est essentiel. “Maîtriser les deux langues permet aux enfants de s’intégrer dans la société cambodgienne, de préserver leur identité culturelle et d’accéder plus tard aux opportunités offertes par de grandes entreprises”, souligne-t-elle.
Malgré un quotidien marqué par des conditions de vie difficiles et un manque de manuels scolaires, les enseignants tiennent bon, soutenus par les parents et la communauté. Chaque jour, des générations d’élèves s’appliquent à apprendre la langue et la culture, avec l’espoir de contribuer demain au développement des deux pays et de renforcer les liens d’amitié vietnamo-cambodgiens.
![]() |
Les Vietnamiens, où qu’ils habitent, restent attachés à leur langue natale. |
Photo : VNA/CVN |
Fondée avant 1994 par l’Association khméro-vietnamienne, l’école Tân Tiên symbolise ce lien communautaire. À ses débuts, son fonctionnement reposait sur les cotisations des membres, certains allant jusqu’à acheter eux-mêmes manuels et fournitures. Arrivée au Cambodge en 1989 après avoir enseigné les mathématiques et la physique au Vietnam, Mme Lan a rejoint l’établissement dès son ouverture, par conviction pédagogique et engagement communautaire. Aujourd’hui, l’école compte trois antennes où les élèves commencent en vietnamien dès la première année, avant de suivre un enseignement bilingue à partir du cycle supérieur, alliant intégration locale et attachement aux racines. Beaucoup d’anciens élèves poursuivent ensuite leurs études à l’université ou travaillent dans des entreprises vietnamiennes implantées au Cambodge, avec une vie stable et prospère.
Au-delà de l’enseignement linguistique, les enseignants intègrent dans leurs cours des rappels sur l’histoire nationale, la pensée de Hô Chi Minh et les traditions vietnamiennes. Pour de nombreuses familles installées au Cambodge depuis trois ou quatre générations, ces cours sont parfois la seule passerelle vers la culture d’origine.
“Lorsque je suis arrivée, il n’y avait pas de manuels ni de formation pédagogique adaptée. Aujourd’hui, nous disposons de programmes structurés, de salles de classe plus modernes et d’un encadrement renforcé”, confie Mme Lan. Malgré des salaires modestes, les enseignants restent attachés à leur mission, soutenus par leurs proches.
Parmi les nombreuses anecdotes de sa carrière, Mme Lan se souvient avec émotion d’un exercice donné en cours de vietnamien : rédiger un texte sur un voyage en famille. Un élève de troisième année a exprimé son rêve de retourner au Vietnam à l’occasion de la Fête nationale (2 septembre), pour se recueillir devant le mausolée de Hô Chi Minh et visiter les sites emblématiques de la Patrie.
“En lisant ce devoir, nous, enseignants, avons été bouleversés aux larmes, raconte-t-elle. Bien qu’étant nés et grandissant à l’étranger, ces enfants ressentent profondément l’attachement aux grandes dates de la nation et nourrissent un véritable amour pour leur terre d’origine”.
Pour les professeurs, ces instants sont un trésor émotionnel, une source de motivation pour continuer à semer la graine de la langue et de la culture vietnamiennes dans le cœur des générations futures.
Cours gratuits soutenus par l’ambassade
En Biélorussie, la communauté vietnamienne compte un peu plus de 600 personnes, réparties sur près de quatre générations. Modeste en nombre, elle n’en reste pas moins riche d’un fort attachement patriotique et d’un esprit de solidarité, toujours tournée vers le pays natal et soucieuse de nourrir l’amitié entre les peuples vietnamien et biélorusse.
La majorité des familles vivent à Minsk, mais aussi dans de grandes villes comme Brest ou Gomel. Une grande partie des enfants y est née, grandissant au contact de la langue et de la culture locales. Les parents, cependant, partagent la même préoccupation : faire en sorte que leurs enfants maîtrisent non seulement le biélorusse ou le russe, mais aussi le vietnamien, afin de conserver leurs racines, comprendre l’histoire et les traditions de leur peuple, et garder le lien avec leurs grands-parents restés au pays.
Nombre de familles organisent elles-mêmes des séances d’apprentissage à la maison, en utilisant les manuels édités au Vietnam ou des applications numériques. Beaucoup encouragent aussi leurs enfants à parler vietnamien dans la vie quotidienne, à regarder la télévision du pays et à entretenir les échanges avec la famille par les réseaux sociaux.
Ces efforts individuels sont soutenus par des initiatives collectives : depuis plusieurs années, l’ambassade du Vietnam à Minsk, en partenariat avec l’Association des Vietnamiens de Biélorussie, propose des cours gratuits de vietnamien le week-end. Les enseignants sont des volontaires expérimentés, mais aussi des étudiants et des professionnels vietnamiens vivant sur place. Ces cours de langue s’accompagnent d’activités de transmission culturelle : chants populaires, contes traditionnels, découverte du Têt et de la Fête de la mi-automne, commémoration de la Fête nationale…
Parmi les figures marquantes de ce mouvement, l’enseignante Nguyên Phuong Dung s’est investie sans relâche depuis 2016 dans la mise en place de classes de vietnamien régulières. Ses cours ont parfois réuni plus de 40 élèves, de tous âges, à raison d’une séance hebdomadaire. La première génération issue de ces classes s’exprime aujourd’hui avec assurance dans la langue de ses ancêtres.
L’été dernier, la communauté a célébré la Journée d’honneur de la langue vietnamienne lors du 4e camp d’été organisé à Prilesye, en périphérie de Minsk. L’événement, soutenu par l’ambassade, a réuni les jeunes autour d’ateliers créatifs : spectacles, chants, danses, récitations de poèmes, concours de dessin, d’artisanat et séances de contes en vietnamien.
Pour l’ambassadeur du Vietnam en Biélorussie, Nguyên Van Trung, ces activités témoignent de la vitalité d’une communauté soudée : “Préserver et valoriser le vietnamien ici est une réussite exemplaire, l’un des points forts de notre vie culturelle en diaspora. Le camp d’été, organisé pour la quatrième fois, illustre parfaitement cet engagement collectif et l’enthousiasme des familles”.
Phuong Nga/CVN