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| La Docteure en ethnologie Hoàng Thi Hông Hà. Photo : NVCC/CVN |
Des classes de vietnamien du week-end aux grandes fêtes communautaires, cette dynamique illustre la manière dont les Vietnamiens de l’étranger s’affirment aujourd’hui comme des acteurs à part entière dans l'accompagnement de leur pays d’origine dans son processus d’intégration internationale.
Du "public à mobiliser" au "partenaire accompagnateur"
Adoptée en 2004, la Résolution n°36-NQ/TW du Bureau politique a marqué un tournant majeur dans la pensée stratégique du Parti et de l’État vietnamiens à l’égard de la diaspora. Pour la première fois, celle-ci est clairement reconnue comme "une partie indissociable de la communauté nationale vietnamienne", mais aussi comme une ressource importante pour le développement du pays.
Après plus de vingt ans de mise en œuvre, aux côtés de la Directive 45-CT/TW, de la Conclusion 12-KL/TW et des programmes d’action gouvernementaux, la Résolution 36 a contribué à bâtir un cadre politico-juridique de plus en plus complet. Au-delà de sa portée normative, elle a exercé un impact profond sur le plan psychologique, en renforçant la confiance et le sentiment d’appartenance des Vietnamiens de l’étranger à leur patrie.
Selon la docteure en ethnologie Hoàng Thi Hông Hà, membre de la communauté vietnamienne en France, "la valeur fondamentale de la Résolution 36 réside dans le changement d’approche : on est passé d’une vision de la communauté comme simple public à mobiliser à celle d’un partenaire accompagnateur, participant activement et contribuant au développement du pays".
Cette évolution a permis de réduire les distances psychologiques, de créer un climat de confiance et d’encourager les Vietnamiens de France à renforcer, de manière volontaire, leur lien avec le pays d’origine.
La France, un "laboratoire" vivant de la politique envers la diaspora
Forte d’une histoire ancienne et d’un haut niveau d’intégration, la communauté vietnamienne de France est souvent considérée comme une illustration exemplaire de la portée et de la durabilité de la Résolution 36. Les associations y ont progressivement évolué, passant d’initiatives spontanées à des actions structurées, orientées et durables.
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| Une classe de vietnamien en France. Photo : NVCC/CVN |
L’Union générale des Vietnamiens de France (UGVF), la plus ancienne et la plus importante organisation communautaire, joue un rôle central dans le rassemblement de la diaspora et le maintien des activités culturelles, sociales, humanitaires et de diplomatie populaire.
Les spectacles, expositions et rencontres qu’elle organise ne répondent pas seulement aux besoins culturels des Vietnamiens de France, mais contribuent également à faire connaître l’image du Vietnam et de son peuple auprès du public français et international.
Parallèlement, de nombreuses associations et groupes culturels - tels que Tinh hoa Việt Nam, Hương sắc Việt Nam, Cánh Diều, Hợp ca Quê hương, Tiếng tơ đồng - enrichissent la vie culturelle de la communauté, tout en renouvelant les formes d’expression artistique de manière créative et en phase avec les attentes des jeunes générations.
La culture, pilier de la cohésion intergénérationnelle
Dans la vie communautaire vietnamienne en France, la culture demeure le principal point d’ancrage. Les grandes fêtes traditionnelles — Nouvel An lunaire, commémoration des rois Hùng, fête nationale du 2 Septembre, fête de la mi-automne — sont devenues des espaces privilégiés de rencontres, où les différentes générations partagent et réinventent leur identité culturelle.
"L’expérience montre que les activités communautaires les plus durables et les plus fédératrices prennent toujours racine dans la culture et la mémoire collective", observe Mme Hông Hà. Selon elle, c’est précisément la culture qui permet à la communauté de dépasser les clivages générationnels ou les divergences de points de vue, afin de préserver un lien commun sur le long terme.
La langue vietnamienne, fil conducteur de l’identité
Aux côtés de la culture, la langue vietnamienne constitue le socle fondamental de l’identité communautaire. En France, des dizaines de classes de vietnamien et de projets éducatifs communautaires sont maintenus essentiellement grâce à l’engagement bénévole des associations, des enseignants et des parents.
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| Une séance de présentation des réalisations de la nation après 80 ans d'indépendance, selon l'Association des élites vietnamiennes en France. |
| Photo : NVCC/CVN |
Fait notable, plusieurs modèles pédagogiques ont su se renouveler, en associant l’apprentissage linguistique à la culture, aux arts et à la transmission des mémoires familiales et communautaires. "Préserver la langue vietnamienne ne peut se faire ni par l’injonction ni par l’imposition, mais par l’accompagnement et l’éveil de la fierté", souligne la chercheuse. Cette approche s’avère particulièrement adaptée aux jeunes générations nées et élevées dans un environnement francophone.
La communauté vietnamienne en France dispose d’un capital humain considérable, composé de chercheurs, d’experts, d’entrepreneurs et d’artistes. De nombreux réseaux et organisations jouent aujourd’hui un rôle de passerelle entre la France et le Vietnam dans les domaines scientifique, éducatif, économique et culturel.
Plus encore, la jeune génération de la diaspora - étudiants, jeunes intellectuels et artistes - s’affirme comme une relève déterminante pour la durabilité de la communauté. Faciliter leur participation précoce aux activités communautaires et aux projets de coopération avec leur pays d’origine constitue, selon la docteure en ethnologie, "non seulement un enjeu social, mais aussi un investissement stratégique pour l’avenir de la politique envers les Vietnamiens de l’étranger".
Défis persistants et perspectives
Malgré les acquis, la communauté vietnamienne de France demeure confrontée à plusieurs défis : fractures générationnelles, contraintes financières et humaines, difficultés à former une relève durable.
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| Mme Hông Hà (3e, droite) à la Semaine du cinéma vietnamien - Voyage de la lumière (du 5 au 12 décembre) à Paris. |
| Photo : NVCC/CVN |
Face à cette réalité, l’auteure plaide pour le maintien de la culture et de la langue vietnamienne au cœur des politiques envers la diaspora, pour la mise en place de mécanismes de soutien stables et à long terme aux associations, ainsi que pour le renforcement d’un dialogue à double sens, considérant la communauté vietnamienne de l’étranger comme un véritable partenaire de consultation politique.
Plus de vingt ans après son adoption, la Résolution 36 s’impose ainsi comme une démonstration vivante de la pertinence de la politique de Grande union nationale dans un contexte d’intégration internationale. L’expérience de la communauté vietnamienne en France montre que lorsque les politiques publiques s’incarnent dans la culture, la langue et une démarche d’accompagnement sincère, le lien national ne se contente pas d’être préservé : il se régénère durablement, génération après génération.
Hông Hà - Câm Sa / CVN






