Apprendre pour comprendre, agir pour aimer

Je me surprends souvent à rappeler les paroles de Luu Dinh Bac, ancien président du club de flûte et de guitare du lycée Gia Binh 1, comme un souvenir précieux de mes seize ans : “À l’époque, nous n’étions qu’une bande d’adolescents de 16-17 ans, commençant à peine à découvrir le monde qui nous entourait. En tant que club de musique, nous nous retrouvions pour jouer, chanter et parcourir les villages. Un jour, nous avons été invités à donner une représentation à la Maison de charité Huong La, dans notre région. En croisant le regard des enfants qui y vivaient, nous y avons lu un désir brûlant : celui de pouvoir mener une vie normale, comme tous les autres enfants. Ce regard m’a hanté, et c’est lui qui nous a poussés à toujours donner sans rien attendre en retour”.

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Luu Dinh Bac, ancien président du club de flûte et de guitare du lycée Gia Binh 1. 
Photo : Khanh Hang

D’une petite idée à une grande action

C’est ainsi qu’est né un groupe de jeunes volontaires, sans rien de grandiose : ni fonds abondants, ni organisation solide. La seule richesse que nous possédions, c’était une jeunesse encore toute verte et un amour ardent. Un après-midi, une amie du groupe m’a soufflé à l’oreille : “Et si nous allions rendre visite à un foyer, offrir quelques livres aux orphelins ?”. Tout le monde a aussitôt approuvé, et nous nous sommes lancés. De quelques membres au départ, le groupe s’est élargi peu à peu pour compter aujourd’hui près d’une trentaine de jeunes. Ce qui me réjouit le plus, ce n’est pas ce chiffre, mais l’esprit qui anime chacun : rien n’est imposé, rien n’est contraint, tout est volontaire, tout vient du cœur.

Les membres du club de flûte et de guitare du lycée Gia Binh 1. 
Photo : Khanh Hang

Chaque geste est un élan d’encouragement

Nous faisions de tout : collecter des livres et des vêtements, donner des cours gratuits aux enfants défavorisés du village. Chaque hiver, le groupe lançait des appels pour rassembler manteaux chauds et chaussettes de laine à leur apporter. Les week-ends, nous passions des heures à les aider à faire leurs devoirs, puis à chanter pour eux, à leur parler d’un monde meilleur, nourrissant en eux l’espérance et les rêves d’avenir.

Les activités bénévoles du club. 
Photo : Khanh Hang

Ces années de jeunesse, où nous n’avions presque rien en main, se révèlent finalement être les plus belles. Certains anciens membres du club travaillent aujourd’hui dans de grandes villes, mais de temps à autre, ils reviennent à Hương La, comme si ce geste faisait partie d’eux, comme une boussole guidant la nouvelle génération.

Les jours passés à Huong La demeurent aussi les plus paisibles pour nous, ceux qui avons grandi. À chaque retour au village, nous nous retrouvons : l’un part au marché, l’autre prépare les repas, d’autres emballent les boîtes de riz pour les enfants. Ces repas encore fumants ne sont pas seulement de la nourriture, mais un message : “Grand-mère, grand-père, vous n’êtes pas seuls !”.

La dernière fois, en tendant une boîte de riz à une vieille dame aux cheveux d’argent, j’ai vu ses yeux s’illuminer d’un sourire. Mes larmes ont failli couler. Toute la fatigue de la journée s’est évanouie : ce moment rendait tout précieux. Et comme au premier jour, nos émotions restent intactes, nous rappelant que ces années de bénévolat furent parmi les plus riches de notre jeunesse.

La valeur du partage

On dit souvent que faire du bénévolat, c’est donner. Mais pour nous, c’est surtout recevoir. Recevoir la maturité, en apprenant à penser aux autres avant soi-même. Recevoir la confiance, en découvrant que malgré les épreuves, la vie reste pleine d’humanité. Et surtout, apprendre que l’amour n’est jamais un luxe : il se cache dans les gestes les plus simples du quotidien.

Activités bénévoles du club. 
Photo : Khanh Hang

Autrefois, j’étais timide, tremblant à l’idée de parler en public. Grâce au bénévolat, j’ai appris à m’exprimer, à organiser et surtout à dépasser mes propres limites. Un camarade du groupe, autrefois considéré comme “l’élève turbulent” de l’école, est aujourd’hui devenu un membre fiable, toujours prêt à prendre la tête des activités. Le partage ne sème pas seulement l’amour autour de nous, il est aussi l’espace où nous nous forgeons et grandissons.

J’apprends, donc j’agis

Le club m’a appris qu’apprendre ne se limite pas aux salles de classe. Chaque déplacement, chaque rencontre avec l’histoire d’un enfant vendeur de billets de loterie ou d’un vieil homme isolé, est une leçon précieuse. J’ai appris à éprouver de l’empathie en écoutant un enfant raconter ses journées à ramasser des bouteilles en plastique, et j’ai appris la patience en passant toute une après-midi à enseigner à un petit l’écriture de la lettre “A”.

Activités bénévoles du club. 
Photo : Khanh Hang

Mais apprendre ne suffit pas. Notre esprit est celui de *”l’apprentissage suivi de l’action”*. Cultiver la bienveillance implique de la traduire en gestes concrets. Comprendre le partage signifie le faire rayonner. Chaque membre du groupe croit fermement que même un geste simple, tel qu’offrir un livre usagé, peut semer une graine de bonté dans le cœur d’autrui.

Une conclusion, mais pas une fin

En regardant en arrière, je suis fier que, dès l’âge de 16 à 18 ans, nous ayons appris à ne pas vivre uniquement pour nous-mêmes. Le club a démontré que la jeunesse, armée d’un cœur ardent et de mains toujours prêtes à agir, peut accomplir tant de choses significatives.

La route qui s’ouvre devant nous sera longue, avec ses moments de fatigue et de découragement. Mais avec l’ardeur de notre jeunesse, nous croyons pouvoir continuer à écrire de nouvelles histoires. Chacune d’elles portera le même message : apprendre pour comprendre, agir pour aimer.

Khanh Hang - Ngoc Anh- Linh Chi- Phuong Thuy - Lan Phuong/CVN

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