>> USTH : 15 ans d’excellence dans la formation
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Le Pr. Trân Dinh Phong (gauche), spécialiste de l’hydrogène. |
Photo : USTH/CVN |
L’hydrogène est une alternative prometteuse dans la transition énergétique. La transition énergétique mondiale nécessite des efforts constants pour déployer des solutions propres et durables. Parmi celles-ci, l’hydrogène se distingue comme un vecteur prometteur, offrant une alternative crédible aux combustibles fossiles.
En particulier, la coopération scientifique entre le Centre national de la recherche scientifique (CNRS), le Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA), et l’Université des sciences et technologies de Hanoï (USTH) s’est révélée déterminante dans le développement de technologies innovantes pour la production d’hydrogène, un carburant propre à faible empreinte carbone.
Ces efforts conjoints constituent un véritable catalyseur pour l’avancement des technologies énergétiques, notamment dans le domaine de la production d’hydrogène, contribuant ainsi à la réduction des émissions de CO2 et au développement des énergies renouvelables au Vietnam.
Le Professeur Trân Dinh Phong, vice-recteur de l’USTH, consacre depuis plus de 17 ans ses recherches à l’hydrogène et aux énergies renouvelables. Il souligne que le principal challenge réside aujourd’hui dans la mise au point de technologies économiquement viables, notamment dans les pays émergents comme le Vietnam.
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Selon M. Phong, il est essentiel d'investir dans la recherche afin d'exploiter les ressources humaines de manière optimale. |
Photo : USTH/CVN |
L’une de ses priorités est de s’appuyer sur les ressources locales, en particulier les métaux, afin de réduire la dépendance aux matières premières importées. “Le défi majeur consiste à créer des solutions qui soient à la fois économiquement accessibles et adaptées aux réalités locales. Le Vietnam, avec ses besoins énergétiques croissants, doit diversifier ses sources d’énergie et exploiter ses ressources naturelles de manière durable”, explique-t-il.
Il ajoute que le Vietnam dispose de ressources naturelles abondantes qui peuvent jouer un rôle clé dans la transition énergétique, mais qu’il est essentiel d’investir dans la recherche afin de les exploiter de manière optimale.
Progrès technologiques
Depuis le début des années 2010, la collaboration entre le CNRS, le CEA et l’USTH a permis d’importantes avancées dans le domaine de la production d’hydrogène et des technologies d’énergie propre. Cette coopération s’est concrétisée par des projets de recherche communs dans des domaines clés, tels que le développement de catalyseurs électrochimiques à base de métaux abondants, l’ingénierie de cellules photo-électrochimiques pour l’électrolyse de l’eau et/ou la conversion du CO2 à partir de l’énergie solaire.
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Le Dr. Vincent Artero, directeur du Laboratoire de chimie et biologie des métaux du CEA. Photo : USTH/CVN |
L’un des projets les plus marquants est le développement de cellules photoélectrochimiques capables de produire de l’hydrogène à partir d’eau, en utilisant des matériaux abondants présents dans la croûte terrestre. Ces recherches, menées par des experts tels que le Docteur Vincent Artero, directeur du Laboratoire de chimie et biologie des métaux (UMR 5249 CEA/CNRS/UGA), visent à offrir une alternative aux combustibles fossiles en exploitant l’hydrogène comme source d’énergie propre. “L’hydrogène produit par électrolyse de l’eau à partir d’électricité renouvelable représente une solution clé pour la transition énergétique mondiale. Elle permet de réduire les émissions de CO2 tout en garantissant une énergie durable”, souligne-t-il.
Selon lui, la production d’hydrogène à partir d’énergies renouvelables est une voie prometteuse, mais elle doit encore surmonter plusieurs défis techniques. “Les technologies que nous développons aujourd’hui visent à rendre cette production plus efficace, en utilisant des matériaux abondants et non toxiques. Cela pourrait révolutionner notre manière de produire de l’énergie et offrir une alternative viable aux énergies fossiles”, poursuit-il.
La coopération entre chercheurs français et vietnamiens a également permis la formation de nombreux jeunes scientifiques. Trân Thiên Vu, assistant de recherche au laboratoire CECS (Chemistry for Energy Conversion and Storage) de l’USTH, travaille actuellement sur des catalyseurs pour l’oxydation de l’eau, une des demi-réactions clés du processus d’électrolyse.
Il informe que l’hydrogène ne représente pas seulement une alternative écologique aux combustibles fossiles, mais qu’il pourrait également jouer un rôle essentiel dans la réduction de l’empreinte carbone de l’industrie et du transport. “L’hydrogène est la clé d’une transition énergétique réussie. Non seulement il peut réduire les émissions de CO2, mais il offre également une solution pour des secteurs difficiles à décarboner, comme le transport lourd et l’industrie”, explique-t-il.
Défis à relever
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Trân Thiên Vu est actuellement assistant de recherche au laboratoire CECS de l’USTH. Photo : NVCC/CVN |
Le travail de recherche mené à l’USTH, en partenariat avec le CNRS et le CEA, met en lumière des solutions prometteuses pour la production d’hydrogène à faible émission de carbone, en s’appuyant sur les ressources locales et des technologies efficaces. Le concept d’“hydrogène vert”, produit à partir de sources renouvelables comme l’énergie solaire, est au cœur de ces projets. Toutefois, comme le souligne le Professeur Phong, plusieurs défis techniques demeurent, notamment en ce qui concerne le stockage de l’hydrogène et son utilisation à grande échelle. “Le stockage reste un défi de taille. Nous cherchons à améliorer les technologies afin de garantir la sécurité et l’efficacité de son transport et de sa distribution”, précise-t-il.
Parallèlement, des recherches sont en cours pour développer des solutions permettant de liquéfier ou de solidifier l’hydrogène afin de faciliter son transport et sa distribution, à l’image de ce qui se fait déjà au Japon, un leader mondial dans le domaine. Le Japon investit massivement dans la recherche sur l’hydrogène liquide, convaincu qu’il représente l’avenir de l’énergie propre. La France, elle aussi, ambitionne de jouer un rôle de premier plan dans ce domaine, avec des projets axés sur la production d’hydrogène à grande échelle.
Le Professeur Phong et ses collaborateurs identifient plusieurs défis majeurs auxquels la communauté scientifique est confrontée. Tout d’abord, la géopolitique des ressources en matières premières rares - telles que le lithium, le nickel, le cobalt (utilisés dans la fabrication des batteries) ou encore le platine (dans les technologies liées à l’hydrogène) - constitue un obstacle à la transition énergétique mondiale. Ces matériaux sont inégalement répartis sur la planète, ce qui soulève des enjeux de dépendance géopolitique et de sécurité d’approvisionnement. Dans ce contexte, le Vietnam, qui dispose de ressources locales abondantes, pourrait jouer un rôle clé en développant des solutions innovantes fondées sur l’utilisation de métaux disponibles localement, afin de soutenir la production d’énergie propre.
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La recherche sur l’hydrogène local renforce l’indépendance énergétique et la lutte contre le changement climatique. |
Photo : USTH/CVN |
Un autre enjeu important concerne le financement et la formation dans le secteur de la recherche et du développement. Bien que très engagé dans la transition énergétique, le Vietnam doit encore renforcer ses infrastructures de recherche et former davantage de ressources humaines qualifiées pour parvenir à une autonomie technologique complète. Il est donc essentiel d’encourager les investissements dans la recherche fondamentale et appliquée, tout en consolidant la collaboration entre les chercheurs vietnamiens et leurs partenaires internationaux.
Perspectives
La coopération scientifique entre le CNRS, le CEA et l’USTH constitue un exemple remarquable de partenariat international orienté vers la résolution des grands défis de la transition énergétique. Grâce à des projets innovants sur l’hydrogène, cette alliance contribue non seulement à la décarbonation de l’énergie, mais aussi au développement des compétences humaines indispensables à une croissance économique durable. Le Professeur Phong et ses collègues, en étroite collaboration avec des chercheurs français, sont à l’avant-garde de la recherche sur l’hydrogène, un secteur stratégique pour l’avenir énergétique du Vietnam et du monde.
Ce partenariat ouvre la voie à un avenir prometteur dans le domaine de l’hydrogène. En unissant leurs efforts, les chercheurs français et vietnamiens explorent des solutions à la fois innovantes et durables pour produire de l’hydrogène vert, un élément clé de la transition énergétique mondiale. La recherche sur l’hydrogène, en particulier à partir de ressources locales, permet de renforcer l’indépendance énergétique tout en contribuant activement à la lutte contre le changement climatique.
Mai Quynh/CVN