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La Docteure Nguyên Thi Minh Phuong lors d'une activité en écho à la protection de l'environnement. |
Photo : NVCC/CVN |
Comme à son habitude, à 08h00 du matin chaque dimanche, la Docteure Nguyên Thi Minh Phuong (67 ans) enfourche son vélo depuis son domicile situé rue Ly Thuong Kiêt pour se rendre au lac Guom, aussi appelé lac Hoàn Kiêm (lac de l’Épée restituée). Une fois sur place, elle prépare les outils nécessaires au ramassage des déchets, tels que des sacs en papier, des gants et des pinces, qu’elle met à disposition des volontaires ou de toute personne souhaitant participer à cette activité. Ensuite, le groupe marche autour du lac pour collecter les déchets pendant environ 30 minutes.
"Je pense que seulement 30 minutes par semaine sont suffisantes et raisonnables pour maintenir un mouvement écologique à long terme", a-t-expliqué.
Docteure en hydrométéorologie, Mme Minh Phuong a travaillé au Centre national de prévision hydrométéorologique. Elle est actuellement la cheffe du groupe "Nettoyer et embellir le lac Guom avec Ninomiya". En septembre 2012, elle a découvert par hasard un article sur le Japonais Tohru Ninomiya, qui souhaitait exprimer sa gratitude envers le Vietnam, un pays qui lui avait offert l’opportunité de travailler et de bénéficier d’un revenu stable.
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M. Ninomiya (T-shirt blanc) lors de sa dernière séance de ramassage des déchets au Vietnam. |
Photo : Minh Phuong/CVN |
En 2008, M. Ninomiya est arrivé au Vietnam pour travailler dans une entreprise spécialisée dans la production de caoutchouc. Lors de ses promenades autour du lac Hoàn Kiêm, il a constaté que de nombreuses personnes jetaient négligemment des mégots de cigarettes, des bouteilles en plastique et d’autres déchets sur les trottoirs, les rues et les parterres de fleurs, alors même que des poubelles étaient installées à proximité. "Je devais faire quelque chose d’utile pour le Vietnam", s’est-il souvenu.
En mars 2011, M. Ninomiya a acheté le matériel nécessaire et a invité cinq de ses collègues à participer à la collecte des déchets autour du lac. À cette époque, cette activité était organisée deux fois par semaine. Depuis septembre 2012, il l’a maintenue chaque dimanche.
Reprendre le flambeau
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Les outils préparés par Mme Minh Phuong pour le ramassage des déchets. |
Photo : NVCC/CVN |
Impressionnée par cette belle initiative, Mme Minh Phuong a décidé, en octobre 2012, de l’accompagner. Chaque séance dure environ 30 minutes et rassemble une vingtaine de participants, parfois même 50 à 60, Vietnamiens comme Japonais, issus de toutes les tranches d’âge.
Les outils sont toujours disponibles, et chacun peut rejoindre le groupe, qu’il s’agisse d’enfants, d’étudiants, de travailleurs, de personnes âgées, d’hommes d’affaires ou d’experts.
"Qu’il pleuve ou qu’il fasse grand soleil, nous ramassons les déchets pour embellir le lac. Notre activité n’a été interrompue que pendant la pandémie de COVID-19", a-t-elle déclaré.
"Trente minutes sont une durée raisonnable pour la collecte des déchets. Au-delà, les participants risquent d’être fatigués, surtout en été", a expliqué M. Ninomiya.
Au début, Mme Minh Phuong entendait souvent la question : "Vous ramassez des déchets pour de l’argent ?". Elle souriait alors en précisant qu’il s’agissait d’une activité entièrement bénévole pour protéger l’environnement.
En avril 2024, après 16 ans passés à Hanoï, M. Ninomiya est retourné au Japon en raison de problèmes de santé. Il s’est dit fier d’avoir accompli le rôle de précurseur et a exprimé l’espoir que ses successeurs continueront à faire vivre ce projet. "J’ai vécu plus de dix ans dans la capitale vietnamienne et je n’avais jamais envisagé de rentrer dans mon pays natal. Mais en raison de ma santé, je dois désormais vivre auprès de ma famille", a-t-il confié.
Après près de 13 ans, Mme Minh Phuong a constaté une nette amélioration de la sensibilisation des habitants à la protection de l’environnement, avec notamment l’installation de nombreuses poubelles par les autorités locales autour du lac. Selon elle, la persévérance des volontaires de son groupe a contribué à ce changement.
"Grâce à cette activité, j’ai rencontré de nombreux amis au Vietnam. Je suis reconnaissant envers les volontaires vietnamiens enthousiastes qui m’ont accompagné toutes ces années", a-t-il déclaré.
La protection de l’environnement est une tâche commune
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L'activité attire de nombreux volontaires. |
Photo : NVCC/CVN |
Après chaque séance, Mme Minh Phuong prend des photos pour immortaliser l'évolution du paysage et des habitants autour du lac. Les visages changent avec le temps, les enfants grandissent, et les saisons se succèdent inlassablement. Certains volontaires sont restés fidèles au groupe depuis leur jeunesse, passant du célibat au mariage, puis à la parentalité. De même, des collégiens participent à cette activité depuis l’âge de 5 ou 6 ans.
Même lorsqu’elle est fatiguée ou occupée, Mme Minh Phuong accorde toujours la priorité à l’engagement du groupe. "Une petite action peut certainement engendrer un grand changement", croit-elle fermement.
Aujourd’hui, elle a concrétisé son souhait : "Lorsque M. Ninomiya rentrera chez lui, nous nettoierons nous-mêmes notre pays."
"Si un jour notre santé ne nous le permet plus, quelqu’un d’autre prendra le relais pour perpétuer cette flamme de responsabilité. La protection de l’environnement n’est pas l’affaire d’une seule personne, mais celle de toute la communauté", a-t-elle confié.
Vân Anh/CVN