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La table ronde intitulée "Regards croisés depuis l'espace : Parcours, innovation et coopération franco-vietnamienne" vient d'être déroulée le 24 septembre à l'Université des sciences et technologies de Hanoï (USTH). |
Ce séminaire a été un lieu d'échange intense d'histoires d'exploration spatiale, d'innovation scientifique et d'esprit de collaboration internationale. Il a notamment bénéficié des interventions inspirantes d'invités emblématiques du secteur spatial français : Claudie Haigneré, la première Française et Européenne non soviétique à être allée dans l'espace, et son mari, Jean-Pierre Haigneré, pilote et spationaute vétéran de l'Armée de l'Air. Des scientifiques expérimentés de l'USTH étaient également présents à leurs côtés.
Le couple de spationautes a partagé son parcours, ses expériences uniques d'observation de la Terre depuis l'espace, ainsi que les applications pratiques de la recherche spatiale dans la vie quotidienne.
Les premiers pas dans l’espace
Évoquant le processus et son expérience, Mme Haigneré a raconté les débuts atypiques de son aventure. Au départ médecin rhumatologue, un profil éloigné de celui, classique, de pilote ou d'ingénieur, elle confie que son rêve "a commencé très tôt, en juillet 1969, avec Apollo 11 et les premiers pas sur la Lune". "Cet événement a allumé des étoiles dans mon cœur d'enfant", a-t-elle avoué.
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Claudie Haigneré, première Française et Européenne non soviétique à être allée dans l'espace, a partagé leur expérience et leurs parcours dans le secteur spatial. |
Ne pouvant pas suivre à l'époque une "école d'astronaute", la jeune Claudie a continué à nourrir sa passion par la lecture et la science-fiction, tout en devenant un médecin épanoui.
Il a fallu attendre jusqu'en 1985 pour que son rêve devienne "possible". Elle a répondu à un appel à candidatures du Centre national d'études Spatiales (CNES), qui recherchait pour la première fois des astronautes scientifiques - des profils comme des médecins ou des docteurs en sciences - pour exploiter les laboratoires en orbite et la microgravité. "C'était la porte entre-ouverte que j'ai saisie. Sur 1.000 candidats, sept personnes ont été retenues, dont Jean-Pierre Haigneré et moi-même, seule femme de cette sélection (avec seulement 10% de candidates à l'époque)", s'est-elle souvenue. Et ce fut le début de son aventure extraordinaire.
"Oser prendre des risques"
Selon Claudie Haigneré, les projets spatiaux exigent toujours une préparation méticuleuse, la capacité à gérer seul des situations d'urgence et un esprit de persévérance. Aujourd'hui, la technologie moderne apporte une aide accrue, mais la volonté et le courage humains restent le facteur décisif pour la conquête au-delà de l'atmosphère terrestre.
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Mme Haigneré a insisté sur la présence féminine dans les secteurs scientifiques et technologiques, en conseillant aux jeunes filles de ne pas attendre que la porte s'ouvre, mais de la pousser elles-mêmes. |
Interrogée sur sa source de motivation, Mme Haigneré a confié qu'elle gardait toujours à l'esprit la maxime : "Prenez soin de vous et prenez votre temps (Take care and take time)". D’ajouter ainsi qu’"il faut savoir prendre soin de soi, prendre le temps de se préparer, oser prendre des risques et se dépasser. L'échec peut survenir, mais nous en tirons beaucoup d'enseignements".
Elle a également insisté sur le rôle de la jeunesse, en particulier des étudiantes, pour nourrir leur passion pour la science et s'engager avec audace dans des domaines nouveaux comme l'aérospatiale. "Il est essentiel que la jeune génération s'habitue à travailler avec les données, mais aussi à fabriquer et contrôler les petits satellites pour les mettre en orbite. C'est un excellent point de départ pour une stratégie spatiale réussie", a-t-elle martelé.
L'importance stratégique de la recherche spatiale
Lors de cette rencontre, les intervenants ont également mis l'accent sur les recherches menées dans l'espace. Accompagnant son épouse, Jean-Pierre Haigneré, a estimé que les expériences menées en microgravité ne font pas qu'aider la médecine à mieux comprendre la capacité d'adaptation et d'évolution du corps humain. Elles ouvrent aussi de nouvelles voies pour résoudre les problèmes mondiaux, allant des soins de santé au développement technologique.
De plus, les données satellitaires jouent un rôle croissant pour surveiller l'élévation du niveau de la mer, observer le changement climatique et prévoir les catastrophes naturelles. "Pour le Vietnam, l'observation de la Terre apporte des données extrêmement importantes pour la gestion de l'agriculture, notamment la culture du riz, et pour l'anticipation des événements climatiques qui peuvent survenir, surtout dans une zone tropicale", a-t-il renchéri.
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L'ancien astronaute du CNES, Jean-Pierre Haigneré, a mis l'accent sur l'importance des sciences spatiales. |
Selon l'ancien spationaute du CNES, au-delà du simple accès aux données, "la maîtrise des technologies spatiales" - conception et opération de satellites, voire développement de lanceurs - confère une "dimension d'autonomie supplémentaire". En précisant ainsi que "l'espace possède une portée institutionnelle essentielle, celle de la souveraineté nationale. Le fait de dominer l'intégralité des activités spatiales permet à un État d'établir sa propre vérité politique sur une question d'une importance stratégique majeure".
Former la future génération de scientifiques
Le séminaire n'a pas seulement servi de pont pour que les étudiants accèdent aux connaissances spatiales modernes, il a également ouvert des perspectives de coopération approfondie entre le Vietnam et la France dans les domaines de la science, de l'innovation et de la technologie.
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Prenant la parole, le Prof. Jean-Marc Lavest, recteur de l'USTH, a exprimé son honneur d'accueillir les éminents invités. Il a souligné que les universités sont le "cœur" de la science et de la technologie, et le lieu de formation de la jeune génération qui portera la mission de développement. L'USTH est un témoignage de la coopération efficace entre les deux pays dans les domaines de l'éducation et de la culture.
Le recteur a rappelé l'engagement de l'USTH : "Cela fait plus d'une décennie et demie que l'USTH forme des spécialistes en licence, master et doctorat, couvrant l'ensemble des questions liées au spatial, aux satellites et à l'observation de l'espace, et ce, depuis sa création il y a plus de 15 ans".
À travers les récits des spationautes et des scientifiques, ce séminaire a transmis aux participants confiance, aspiration et inspiration créatrice. Ce sera un atout précieux pour que la jeunesse vietnamienne continue de conquérir la connaissance et de s'ouvrir au monde, en œuvrant à la construction d'un avenir solidaire et durable.
Texte et photos : Hông Anh/CVN