Quang Tri : la terre renaît, verdure triomphante

Cinquante ans après la guerre, la commune de Hai Thai, aujourd’hui Côn Tiên, a métamorphosé ses terres autrefois criblées de bombes. Jadis dévastée, elle est devenue un vibrant symbole de résilience et de renouveau.

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Les plantations d’hévéas et d’acacias ont revitalisé la commune de Côn Tiên, province de Quang Tri.
Photo : VNA/CVN

Dans la commune de Côn Tiên d’aujourd’hui, province de Quang Tri (Centre), la verdure des forêts cultivées, des hévéas, des poivriers et des vergers fruitiers tapisse les flancs de collines jadis désertiques. Des modèles agricoles modernes, combinant l’élevage et la culture fruitière de haute technologie, ont fleuri sur des terres qui n’étaient auparavant que des pentes désolées, couvertes de broussailles.

Essor vert

Nguyên Thai Hoàng, un habitant du hameau 6 de la commune de Côn Tiên, se souvient avec émotion qu’il y a cinquante ans, lui et d’autres pionniers n’avaient trouvé qu’une brousse sauvage, des bambous éparpillés et un silence obsédant, seulement troublé par la menace omniprésente des bombes et des mines. “À l’époque, l’endroit était sauvage et dangereux. Mais aujourd’hui, le pays s’est développé et les moyens de subsistance se sont améliorés”, raconte-t-il.

“Les autorités locales, avec le soutien continu des organisations internationales, ont travaillé sans relâche pour sécuriser la province contre les explosifs de guerre”, ajoute-t-il.

Selon le Centre d’action contre les mines de Quang Tri, plus de 39.300 ha sur près de 62.000 ha de terres contaminées par des engins non explosés ont été déminés au cours des dernières décennies. Près de 837.000 bombes, mines et restes explosifs de guerre ont été neutralisés en toute sécurité.

Ces dernières années, le nombre d’accidents causés par ces vestiges a chuté à presque zéro. Dinh Ngoc Vu, directeur adjoint du centre, affirme que le paysage actuel est méconnaissable par rapport aux années de guerre. “La vie des habitants s’est considérablement améliorée grâce à la reforestation et à l’élevage”, souligne-t-il.

“Ce qui était autrefois des forêts stériles, dénudées par les bombes et l’Agent orange, est redevenu vert. La +poche à bombes+ d’antan abrite désormais des zones résidentielles florissantes, de vastes rizières et des zones de production industrielle moderne”, déclare-t-il.

Souvenirs terrifiants

La route rectiligne traverse les plantations d’hévéas menant à la commune de Côn Tiên, province de Quang Tri. 
Photo : VNA/CVN

Il y a un demi-siècle, la commune de Hai Thai était synonyme de peur, ses noms de lieux mêmes évoquant l’horreur : le “hameau de la mort”, le “village des veuves”, épicentres de la contamination par les mines la plus intense après la guerre du Vietnam. Bien que ces noms se soient estompés avec le temps, les souvenirs terrifiants des années d’après-guerre restent gravés dans l’esprit des survivants.

Nguyên Diên, 67 ans, un habitant de la commune, est l’un de ces survivants. Par deux fois, il a échappé de justesse à la mort suite à des accidents de mine, et vit aujourd’hui avec des blessures permanentes. Il raconte qu’il y a cinq décennies, des bombes et des mines non explosées se trouvaient partout : au milieu des vergers, dans les champs ou enfouies au plus profond des forêts denses.

En 1977, en tant que jeune volontaire, M. Diên a été déployé dans la commune de Hai Thai pour aider à déminer les engins non explosés. Il se souvient d’un incident avec une clarté saisissante : “Je venais d’enfoncer ma pelle de combat dans le sol quand j’ai entendu un “clic”. Sous moi se trouvait une mine M14, pas plus grande qu’un couvercle de gourde. L’explosion m’a brûlé la peau et m’a brisé les os de la main droite. J’ai perdu la vue de mon œil gauche”.

Mais le traumatisme ne s’est pas arrêté là. En 1982, alors qu’il travaillait la terre, il a marché sur une autre mine. Celle-ci lui a coûté sa jambe droite. Depuis, il lutte avec une prothèse et est incapable de travailler. Ce n’est qu’avec l’arrivée des programmes internationaux de déminage comme MAG et Renew que Hai Thai a commencé à être véritablement sécurisé.

Un autre habitant, Phan Tân Hoàng, porte également de profondes cicatrices de la période d’après-guerre. Pendant des décennies, il a gagné sa vie en cherchant et en collectant des métaux de rebut provenant des munitions restantes, un métier dangereux transmis par son père. Aujourd’hui retraité, M. Hoàng tremble encore légèrement en se remémorant le passé. “Une seule explosion ne prenait pas qu’une seule vie ; parfois, elle emportait quatre ou cinq personnes à la fois”.

Aujourd’hui, M. Hoàng consacre son énergie à la préservation de l’histoire. Au lieu de faire du commerce de ferraille, il est devenu collectionneur de reliques de guerre. Sa maison abrite désormais une collection de plus de 1.000 artefacts de guerre, y compris des douilles de bombes et des munitions usagées.

“Pour moi, dit-il, chaque fragment de bombe ou d’éclat porte la douleur d’une génération, celle des habitants de Quang Tri et surtout de Hai Thai. Je veux conserver et exposer ces objets afin que les générations futures puissent comprendre les souffrances endurées par leurs ancêtres”.

Huong Linh/CVN

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