Quand les gongs résonnent dans l’espace contemporain

Le Festival des gongs d’Asie du Sud-Est 2025 bat son plein à Lâm Dông, offrant un dialogue vivant entre patrimoine et modernité. Les sons originels de ces instruments et des cymbales retentissent dans un espace scénique reliant les artisans et le public.

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Sous le thème “Résonances du patrimoine - Relier l’avenir“, le Festival des gongs d’Asie du Sud-Est, qui se tient du 18 décembre au 2 janvier 2026, dépasse le cadre d’un simple événement culturel régional. Il propose une véritable réflexion sur la manière de préserver et de valoriser le patrimoine dans le contexte actuel.

Représentation lors du Festival des gongs d’Asie du Sud-Est 2025, à Lâm Dông (Centre).
Photo : Chu Quôc Hùng/VNA/CVN

Avec le compositeur Lê Minh Son à la direction artistique, les sons des gongs sont restitués dans leur esprit le plus authentique, tout en dialogue avec un langage scénique contemporain.

Pour ce compositeur, les missions de terrain menées dans les régions peuplées de minorités ethniques, les rencontres avec les artisans et l’observation directe de leur manière de jouer du gong et de vivre avec cet instrument sacré ont constitué le socle essentiel de sa réflexion artistique.

“Il faut avoir la matière première pour pouvoir façonner l’ouvrage. Chaque battement de gong est un battement de cœur, une aspiration de l’artisan à vivre et à aimer“, explique-t-il.

Richesse spirituelle et musicale

Dans les Hauts plateaux du Centre, Lâm Dông, avec Dà Lat en son centre, n’est pas seulement le lieu d’accueil du festival, mais incarne une véritable “sensibilité culturelle”. Cette terre, qui rassemble des communautés ethniques telles que Co Ho, Chu Ru ou H’mông, porte en elle une richesse spirituelle et musicale où le gong dépasse le simple rôle d’instrument pour devenir objet sacré, instrument rituel et symbole spirituel. Cette profondeur impose au metteur en scène un respect absolu de l’identité culturelle, tout en évitant les transformations superficielles destinées uniquement à l’effet spectaculaire.

Le point fort de l’approche adoptée par Lê Minh Son réside dans sa volonté de faire dialoguer les gongs dans leur forme originelle avec le langage de la scène contemporaine, plutôt que de les “moderniser“. Selon lui, la musique folklorique contemporaine ne consiste pas à renouveler par des mélanges arbitraires, mais à préserver l’intégrité de la matière originelle, puis à recourir aux moyens actuels - son, lumière et espace scénique - pour en magnifier et en révéler toute la valeur. “Déformer les gongs uniquement pour susciter la curiosité serait extrêmement dangereux“, souligne-t-il.

Lê Minh Son, directeur artistique du Festival des gongs d'Asie du Sud-Est 2025. Photo : CTV/CVN

Une autre exigence essentielle du festival est de créer une interaction authentique entre les artisans et le public. Les artisans ne sont pas relégués au rôle de simples “éléments illustratifs” sur scène, mais deviennent le cœur même de l’espace festif, jouant des gongs réels, avec des émotions sincères, entourés de milliers de spectateurs. Le public ne se contente pas de “regarder” : il est invité à “entrer” dans le récit des gongs, là où leurs sons résonnent comme le souffle des montagnes et des forêts, effaçant toute distance liée à la couleur de peau, à l’origine ethnique ou à l’âge.

Selon le directeur artistique, cette interaction permet précisément aux jeunes générations, habituées au rythme effréné de la vie moderne, d’accéder à la profondeur de la culture traditionnelle. Lorsque le gong retentit, il ne s’agit pas d’un simple son répétitif, mais d’une musique aux multiples strates, dépendante de l’âme, de l’état d’esprit et des moments de grâce vécus par l’artisan. En percevant cette richesse, les jeunes commencent à comprendre ; et lorsqu’ils comprennent, ils peuvent alors aimer.

Le Festival des gongs d’Asie du Sud-Est 2025 pose également la question de l’équilibre entre préservation culturelle et attrait du grand public. Pour Lê Minh Son, être attractif ne signifie pas “colorer“ ou altérer l’essence des gongs, mais savoir raconter le patrimoine de manière structurée, avec des temps forts, des moments de tension et des respirations, afin que le public puisse suivre et s’immerger. Lorsqu’une culture est racontée avec justesse et profondeur, elle possède en elle-même un pouvoir d’attraction durable.

L’espace culturel des gongs des Hauts Plateaux du Centre a été inscrit, il y a 20 ans, sur la Liste du patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l’UNESCO.
Photo : CTV/CVN

Le festival marque les 20 ans de l’inscription de l’Espace culturel des gongs des Hauts plateaux du Centre sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l’UNESCO. Les organisateurs ont invité cinq équipes d’artisans du tambour à crotale des pays de l’Asie du Sud-Est, à savoir le Cambodge, le Laos, la Malaisie, l’Indonésie et la Thaïlande, en plus des équipes du Tây Nguyên et des régions montagneuses du Nord-Ouest du Vietnam.

Outre les spectacles de gongs, le festival propose des événements associés tels que des défilés de mode en textiles ethniques et le Festival mondial du patrimoine du café 2025. Ces activités contribuent à élargir le dialogue culturel et à relier le patrimoine local aux dynamiques régionales et internationales. Dans une perspective à long terme, le festival est appelé à devenir un rendez-vous culturel régulier, où chaque édition renouvelle sa narration sans jamais perdre l’âme des gongs.

“Le monde ne nous respecte véritablement que lorsque nous osons présenter nos valeurs locales avec sincérité“, affirme Lê Minh Son. Et lors du Festival des gongs d’Asie du Sud-Est, les sons des gongs - interprétés par les artisans eux-mêmes - résonneront dans leur forme la plus authentique, tels des échos patrimoniaux reliant le passé, le présent et l’avenir.

Xuân Lôc/CVN

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