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Le club de gongs du hameau de Liêng Trang 1 (Lâm Dông) ne se limite pas à préserver les savoirs anciens : il innove en intégrant la culture traditionnelle dans les stratégies locales d’attractivité et de croissance. |
Le Club de gongs du hameau de Liêng Trang 1, désormais rattaché à la commune de Ðam Rông 4, incarne un modèle pionnier né de la passion et de la fierté des habitants pour leur héritage culturel.
Dès 2022, alors que la commune de Ða Tông n’était pas encore fusionnée avec deux autres pour former la nouvelle commune de Ðam Rông 4, le chef de village Cil Nêu, soutenu par sa communauté, initie la création du club. Après deux années d’activités bénévoles, celui-ci est officiellement inauguré en mars 2024.
L’âme culturelle vibre au rythme des gongs
Ce modèle s’inscrit dans le cadre du projet “Préservation et promotion des valeurs culturelles traditionnelles des minorités ethniques en lien avec le développement touristique”, piloté par la province de Lâm Ðông. Il relève du Programme national 2024 dédié à l’essor socio-économique des régions montagneuses et peuplées de minorités ethniques.
Le projet mise sur le développement des gongs comme produit culturel et touristique chez les M’nông, avec l’ambition d’étendre ce modèle à d’autres groupes ethniques et territoires.
Dès la cérémonie de lancement, le club de Liêng Trang 1 reçoit un ensemble de six gongs, des costumes traditionnels et un système de sonorisation. Les habitants accueillent ce soutien concret avec chaleur, y voyant à la fois une reconnaissance officielle et un appui des autorités locales et des institutions culturelles à leur engagement artistique et touristique.
Depuis son inauguration, la formation a activement participé à de nombreuses fêtes locales majeures telles que la Journée de la grande union nationale, la fête des moissons, ou encore des cérémonies de mariage et de longévité. Ces événements répondent aux besoins spirituels des villageois tout en valorisant leur culture auprès des visiteurs.
La troupe se produit également dans les sites de tourisme communautaire, offrant aux visiteurs une immersion directe dans l’univers vivant des ethnies M’nông et K’Ho. Cette approche sensibilise le public à la richesse du patrimoine et génère des revenus complémentaires pour les familles locales.
Pour renforcer la portée des activités, le Service provincial de la culture, des sports et du tourisme a mobilisé des experts en culture ethnique et en tourisme rural afin d’accompagner le club. Ces professionnels accompagnent ses membres dans la conservation du patrimoine, l’organisation, la communication et l’accueil des visiteurs.
Grâce à ces efforts conjoints, l’initiative s’impose peu à peu comme un modèle de valorisation du patrimoine vivant par le tourisme. Elle amorce une dynamique prometteuse visant à faire des gongs un produit culturel à la fois identitaire, économique et durable.
Entre tradition et modernité
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Gardien des résonances ancestrales, le chef du village Cil Nêu incarne l’esprit vivant du Tây Nguyên. |
Le club de gongs ne se limite pas à préserver les savoirs anciens : il innove en intégrant la culture traditionnelle dans les stratégies locales d’attractivité et de croissance. Ce projet s’inscrit dans une politique ambitieuse de la province de Lâm Ðông, où les ressources culturelles deviennent des moteurs de développement.
Ses membres bénéficient de formations à l’accueil touristique et à la valorisation du patrimoine auprès des visiteurs. Au cœur des villages, dans l’éclat des feux de bois, les pas gracieux des danses xoang et les sonorités puissantes des gongs forment un appel vibrant à la découverte de l’identité des Hauts plateaux du Centre.
L’un des axes majeurs de cette initiative est l’investissement dans la jeunesse. Futurs gardiens des traditions, enfants et adolescents issus des minorités locales sont régulièrement initiés à l’art des gongs grâce à des ateliers organisés dans les écoles ethniques et les hameaux.
Pour les plus jeunes, les ateliers intègrent des activités ludiques et sportives, rendant l’apprentissage des gongs joyeux et accessible. Selon le chef du village Cil Nêu, “apprendre à jouer du gong est bien plus qu’un exercice artistique ; c’est un moment de rassemblement, d’ancrage communautaire et d’éveil à la fierté identitaire”.
Les enfants ne font pas que jouer : ils apprennent la portée de chaque son, la signification de chaque geste - autant de messages transmis par les anciens au fil des générations. Une transmission vivante, naturelle, qui permet à la tradition de résister à la modernité galopante.
À plus long terme, les autorités de Lâm Ðông ambitionnent de reproduire ce modèle dans d’autres localités. Un cadre de soutien aux artistes et porteurs de traditions est en préparation, accompagné de mesures pour encourager la transmission intergénérationnelle.
Espaces culturels, festivals, rencontres interethniques et fêtes communautaires viendront renforcer cet écosystème dédié au patrimoine immatériel.
Car au-delà des retombées économiques, la musique des gongs, puissant marqueur identitaire, est aussi une invitation : celle d’un peuple fier qui accueille les visiteurs du monde entier, au cœur d’un haut plateau du Centre aussi sauvage que généreux.
Texte et photos : Mai Quynh/CVN